Les populations du cercle de Koro, région de Mopti, ont marché hier, le mardi 23 octobre 2018, contre le nouveau projet de découpage administratif. Cette nouvelle manifestation contre le projet, qui suscite une vive polémique au Mali, survient deux jours après celle des populations de Gao et de Ansongo.

La manifestation, selon les organisateurs, est une initiative de l’ensemble  de la société  civile du cercle. Ce sont toutes les composantes du cercle qui ont décidé de former un seul bloc contre le projet de découpage administratif au Mali.  A la marche, on notait la présence de membres de la société civile, des jeunes, des femmes, des commerçants, des députés du cercle, des maires et  leurs conseillers, des notabilités…», explique, contacté par Le Républicain, un conseiller municipal qui a pris part à la marche.

Selon l’élu, Koro qui peut prétendre aujourd’hui au statut de région administrative, a été marginalisé par les autorités maliennes avec ce projet de découpage administratif. «  Sous le président de la République Amadou Toumani Touré, on nous avait promis d’ériger notre cercle en région, l’on pensait que cela allait être le cas avec ce projet de découpage administratif. Il faut que la marginalisation et le favoritisme cessent. Nous n’allons jamais accepter d’être des marionnettes.»

La manifestation du cercle de Koro a été précédée par celle de Gao et de Ansongo. Les populations de ces deux localités ont marché, le lundi 22 octobre 2018, contre le projet de découpage administratif.  A Gao, les marcheurs, qui ont fustigé la volonté des autorités maliennes de diviser leur territoire, disent « non au favoritisme ». « Gao est un territoire pour une même population.»

Des milliers de personnes selon les organisateurs, arboraient des banderoles sur lesquelles sont inscrits différents slogans exprimant leur colère : « Gao s’indigne contre le projet de loi sur le découpage », « Gao dit non au favoritisme !», « Gao, c’est un territoire pour une même population »… « Ce dit projet de découpage territorial qui n’est basé sur aucune logique, viole les droits élémentaires des communautés sur toute l’étendue du territoire malien. A travers ce saucissonnage politico-territorial, nous constatons et dénonçons une tentative de spoliation, d’exclusion et de mépris à l’endroit et au détriment de certaines populations majoritaires en la faveur d’une minorité », a indiqué, joint par Le Républicain, le secrétaire général de l’Association Songhoy Borey internationale, Yehia Mohamed.

Dans son document de proposition de redécoupage territorial et administratif de Gao qu’elle a remis au gouverneur, la société civile propose, en plus de Gao, la création de 5 régions à l’intérieur : Bamba, Bourem, Ansongo, Koukia, Songhoy. Il est proposé aussi la création de 23 cercles et de 95 communes. « Notre proposition est conforme avec l’Accord de paix issu du processus d’Alger en ses titres II, chapitre 3, article 6 et VII, chapitre 16, article 50 », selon les initiateurs de la proposition.

Tollé contre le projet

Le nouveau projet de texte sur le découpage territorial, qui n’est pas encore déposé sur la table de l’Assemblée nationale du Mali, est fortement critiqué par plusieurs associations et communautés. L’Association Songhoy Borey internationale, les Communautés de culture songhay en Mouvement-IR Ganda et le Front populaire de l’Azawad (FPA) dénoncent le « caractère discriminatoire du contenu du texte » et demandent par conséquent l’amélioration du document avant adoption. Une coalition d’associations de la société civile, des Maliens de la diaspora, des personnalités indépendantes et leaders d’opinions ont rejeté ensemble, le mardi 16 octobre 2018, le projet.

Les ressortissants du cercle de Goundam aussi rejettent « catégoriquement » le projet. Selon eux, cette nouvelle réorganisation territoriale, faite sans consultation préalable des populations concernées, peut, si l’on n’y prend pas garde, constituer de potentiels foyers de tension, qui vont contribuer à fragiliser davantage la cohésion sociale et le vivre ensemble déjà très précaires.

Reculade du gouvernement malien

Suite à la forte protestation contre le projet de découpage administratif au Mali, le gouvernement malien rassure qu’il « fera l’objet de concertations régionales.»  Le gouvernement, selon le ministre porte-parole du gouvernement Amadou Koïta, n’a aucune volonté d’aller à un découpage qui ne sera pas le fruit d’un consensus. « Ce projet de découpage administratif sera réalisé conformément à la loi de 2012 en organisant des concertations régionales, qui sera adopté par le conseil des ministres, avant d’être soumis aux élus nationaux pour vote. », a expliqué,  lors d’un point de presse le dimanche 21 octobre dernier, le ministre porte parole du gouvernement.

M.K.D

 

Source: Le Républicain