Le processus du Désarmement-Démobilisation-Réinsertion connaîtra certainement un coup de fouet très déterminant ce mardi, avec le début du screening des tout premiers éléments des mouvements armés en vue de leur intégration à l’armée malienne.


Sous la houlette de la Commission Nationale et de son président, l’ancien ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed, tout est fin prêt en tout cas pour le démarrage effectif de cette première vague, dont l’épilogue est attendu en février prochain. Elle concernera notamment les différents représentants de la CMA et de la Plateforme regroupés depuis plus de deux ans au sein des MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) à Tombouctou, Gao et Kidal, en raison de 200 éléments par mouvement et dans chacun des sites énumérés.
«C’est un moment très décisif», a indiqué l’ancien ministre de la Réconciliation nationale, en mentionnant au passage que la démarche est suivie avec beaucoup d’intérêt par la communauté internationale puisqu’indicative de la volonté des autorités maliennes à «aller e l’avant dans la mise en œuvre» de l’Accord inter-malien issu du processus d’Alger. C’était à la faveur de la cérémonie de clôture d’un atelier consacré à la formation d’agents recruteurs de combattants. Initié par la CN-DDR – en prélude au démarrage de l’armée reconstituée -, ladite formation a mobilisé pendant quatre jours une quarantaine de participants et des encadreurs de grand calibre autour de la complexe problématique de prise en compte de la dimension «justice et droits de l’Homme» dans la régularisation militaire des combattants. Avec comme finalité, pour la CN-DDR comme pour ses partenaires, de prévenir une infiltration éventuelle des forces armées et de sécurité par des auteurs de violations répressibles  par le droit international. C’est pourquoi, les différents acteurs et représentants de parties prenantes de l’Accord pour la paix n’ont pas tari de jugements  positifs sur la pertinence de l’atelier. Elle réside surtout dans les espoirs et attentes pressantes qui reposent sur le déclenchement des DDR, a relevé le représentant de la Commission nationale d’intégration, mardi, à l’entame des travaux à l’Hôtel Tinbouctou. Même son de cloche du côté du représentant de la Minusma. Tout en soulignant la prépondérance de l’accord, M. Oscar Solera a noté que les inquiétudes baissent ou gagnent en ampleur au Conseil de sécurité de l’ONU selon la cadence des avancées ou retards accusés dans sa mise en œuvre. Et d’ajouter que les DDR participent aussi à  la stabilisation du pays en tant qu’élément de lutte contre l’impunité.
Le représentant de la CNRSS (Commission Nationale de Réforme du Secteur de la Sécurité) n’en a pas une impression différente. Pour Almamoun Baba Moulaye Keita, en effet, l’encadrement des DDR par des agents recruteurs bien outillés correspond parfaitement aux attentes et objectifs de la CNRSS ainsi qu’à sa vocation à contribuer à l’avènement de forces armées et de sécurités reconstituées et inclusives. Il a ainsi assuré de l’appui de la structure, avant que les représentants des mouvements armés ne se réjouissent tour à tour du démarrage effectif des DRR à travers la formation de ses acteurs opérationnels. «L’activité consacre une étape importante du processus de paix qui passe par le cantonnement», a expliqué le porte-voix de la Plateforme, tandis que celui de la CMA promet d’accompagner la dynamique ainsi enclenchée dans la juste mesure des attentes et espoirs que son mouvement a longtemps fondés sur l’armée reconstituée comme vecteur de paix.
Les quatre jours de formation à l’hôtel Tombouctou auront permis aux participants issus des rangs de la société civile et des mouvements armés de prendre la réelle mesure des droits de l’Homme et du prix que la communauté internationale attache aux questions d’enrôlement d’enfants soldats et d’esclavage sexuel de mineurs, au phénomène de crimes de guerre et de crime contre l’humanité, etc. Ainsi outillés  pour servir de remparts contre les intégrations inappropriées, les vigiles de la Commission nationale – par-delà l’étape des DDR accélérées – auront la lourde tâche de vérifier le passage de 36 000 combattants démobilisés dans une douzaine de centres de recrutement répartis dans les trois régions concernées. Le processus va s’étendre jusqu’à septembre 2019, échéance à l’issue de laquelle aucune arme ne pourra plus circuler illégalement, a assuré Zahabi Ould Sidi Mohamed. Le président de la CN-DDR a par ailleurs insisté sur la complexité de la mission et les risques inhérents ainsi que sur les obstacles éventuels que vont dresser les composantes hostiles au processus.

A Keïta

Le Témoin