Le Chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah a procédé, le jeudi 22 aout dernier, à un vaste mouvement diplomatique qui a touché plusieurs ambassadeurs dans les grandes capitales et consulats d’Algérie, à travers les quatre continents. Ahmed Boutache, président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation (CSA), a été nommé ambassadeur en Italie.
Bien avant, Boutache était sur le départ après les griefs du gouvernement, qui ont mis en cause sa neutralité, le retrait du Niger et l’échec de la tenue de la 38èmesession du CSA à Kidal n’ont fait que précipiter un départ qui était dans l’air du temps. En effet, tout en indiquant que suite à sa nomination comme ambassadeur d’Algérie en Italie, le président du Comité de suivi de l’accord de paix (CSA), Ahmed Boutache, dirigeait sa dernière réunion prévu, ce mardi 17 septembre prochain.
Pour une sortie diplomatique de celui qui faisait désormais partie du décor pour la mise en œuvre de l’Accord, après l’insistance de Bamako auprès d’Alger, ce dernier a fraternellement accédé et nommé Ahmed Boutache comme son nouvel ambassadeur à Rome (Italie).

Le gouvernement avait en effet adressé une lettre confidentielle aux autorités algériennes pour protester et plus encore contre le parti pris de Ahmed Boutache dans la crise qui secouait le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), une composante de la Plateforme, en juin-juillet. Pour cause ? Visiblement, l’ambassadeur Boutache n’était plus neutre dans la crise au Mali comme le stipule son statut de médiateur.Lors d’une session du CSA, on se rappelle, Ahmed Boutache avait expulsé de la salle de réunion du CSA, Moulaye Ahmed Regani, un colonel de la douane, leader du MAA plateforme Tombouctou en conflit avec MAA plateforme Gao. Lors de plusieurs réunions de haut niveau, Ahmed Boutache avait accusé Moulaye Ahmed Regani d’être un agent de renseignement malien, voir un conseiller à la Présidence infiltré au sein du CSA et qui est à l’origine du blocage. Toutes choses qui ne cadrent pas avec sa position de médiateur. Un médiateur qui clairement avait choisi son camp. D’où, la demande claire du Mali auprès la république sœur algérienne populaire et démocratique de pourvoir à son remplacement.

BAMAKO. LE 16 SEPTEMBRE 2016
EXCELLENCES, CHERS COLLÈGUES MEMBRES DU CSA,
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’à la suite de la decision prise souverainement par le gouvernement de la République du Mali, en raison d’impératifs qui lui sont propres, que la 38éme session statutaire du CSA se tienne à Bamako et non pas à Kidal, comme initialement prévu et décide par le CSA, conformément aux dispositions pertinentes de l’Accord (article 59) et de son règlement intérieur, un des trois acteurs majeurs du processus de mise en œuvre de l’Accord, en l’occurrence, la CMA, partie signataire de l’Accord, a publié, ce jour, un communiqué officiel par lequel elle élève une protestation contre relative l’annulation de la tenue de la 38ème session du CSA à Kidal et introduit une demande pour la tenue d’une réunion urgente, avant toute autre étage, avec la communauté internationale et les autre» parties à l’Accord dans un jeu neutre en vue de clarifier ensemble des questions pendante, notamment la raison d’Etat impérative qui a motivé l’annulation de la 38ème session du CSA … ».
Dans sa demande, la CMA conditionne, sans ambiguïté aucune, un retour aux activités statutaires ordinaires des organes de mise en œuvre de l’Accord par l’organisation d’une réunion urgente, dans un lieu neutre, avec tous les acteurs de la mise en œuvre de l’Accord.
La condition posée par la CMA implique l’ouverture d‘un dialogue avec l’objectif de trouver des solutions consensuelles aux questions en suspens recensées dans le communiqué et, surtout, à l’exigence de tenir une réunion urgente de tous les acteurs de la mise en œuvre de l’Accord, dans un lieu neutre. D’évidence, une telle démarche nécessitera de longs délais et beaucoup d’efforts de la part de tous.
Devant ce sérieux développement, signe avant-coureur d’obstacles non négligeables qui viendront, dans un avenir non lointain, obérer et affaiblir le processus de mise en œuvre de l’Accord qui, au lieu d’être accéléré comme ne cesse de le réclamer la communauté internationale, risque de connaître encore davantage de retard, et ce, à une phase cruciale qui devrait voir lancés les grands, notamment la révision constitutionnelle.
Naturellement, nous ne pouvons que le regretter profondément Mais, ne nous arrêtons pas aux regrets et constats. Plutôt, agissons tous ensemble, notamment au niveau de la Médiation internationale pour concourir à apaiser les esprits, à dépasser ces difficultés conjoncturelles et à trouver des solutions appropriées de nature à permettre de résoudre ces difficultés passagères et à préserver l’Accord et le Processus de sa mise en œuvre.
D’évidence, une telle entreprise contraint à reporter la 38ème session du CSA jusqu’à ce que les conditions appropriées pour sa tenue et le bon déroulement de ses travaux soient réunies, d’autant plus que la crise que connaît la Plateforme est toujours en attente d‘une solution, les initiatives prises à cet égard n’ayant pas pu aboutir, jusque- là.
Un tel contexte marqué par davantage de complexité des difficultés qui caractérisent le processus de mise en oeuvre de l’Accord nécessite sérénité, patience et persévérance dans l’effort afin de passer ce cap qui n’augure pas de jours meilleurs pour l’application de l’Accord menée si patiemment et avec foi et conviction, tout au long de ces cinq dernières années.
Mes chers collègues, les hasards de la carrière que j’ai choisie par vocation, il y’a plus de quarante ans, m’emmènent, prochainement, vers de nouveaux horizons. Pour me consacrer pleinement et entièrement à ma nouvelle mission, je vais devoir tourner la page du Processus de mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la vie n’étant après tout qu’une somme d’étapes. Cette mission exaltante a été pour moi un grand honneur et un motif de fierté, car, servir une cause aussi noble que la paix et la stabilité dans un pays frère, ami et voisin est un privilège rare.
Je me réjouis de vous avoir connus, travaillé avec vous, partagé avec vous des moments difficiles et d’autres non désagréables, et associé mes efforts aux vôtres pour faire progresser la mise en œuvre de l’Accord.
La belle odyssée de la mise en œuvre de l’Accord ne sera pas interrompue ; loin s’en faut. Le chemin qui reste à parcourir ne sera certainement pas sans obstacles, mais le succès est inéluctable. Chers collègues, frères et amis, restez courageux, patients, persévérants et, surtout, animés d’une grande foi, car, il n’y a rien de grand sans une foi qui dure, et même lorsque l’espoir s’estompe, il y’a toujours l’espérance. Mes meilleurs vœux vous accompagnent.
Avec l’expression de mes sincères et meilleurs sentiments.
L’Ambassadeur Ahmed BOUTACHE

Source: info-matin