Comme recommandé par le dialogue national inclusif et acté par la dernière session du Comité de Suivi de l’Accord (CSA), le redéploiement de l’armée nationale reconstituée, prévu pour fin janvier, se fait toujours attendre à ce jour encore. On s’était pourtant préparé activement, tant du côté de la MINUSMA que du côté des plus hautes autorités et de la hiérarchie militaire pour que le premier bataillon de quelques 450 hommes fasse son entrée à Kidal, devenu une enclave interdite à l’Etat malien et ses symboles depuis avril 2014 suite aux événements occasionnés par la visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara dans la ville.

Après l’échec dans le premier calendrier pour le déploiement, une rencontre du CTS s’est tenue le 7 février 2020, à l’issue de laquelle un communiqué fut produit. Voici son contenu : « La 46ème session ordinaire de la Commission technique de sécurité (CTS) s’est tenue le jeudi 6 février 2020 au Quartier général de la MINUSMA à Bamako sous la présidence du Général de corps d’armée Dennis Gyllensporre, Commandant la Force de la Mission des Nations – Unies au Mali et Président de cette entité. Le redéploiement des forces armées reconstituées, les arrangements sécuritaires entre la CMA et la Plateforme dans la ville de Ménaka et le point sur l’opération Farrier étaient à l’ordre du jour.

Au terme de la réunion, plusieurs décisions ont été prises, dont entre autres : Le départ de Gao vers Kidal du bataillon reconstitué au plus tard le 10 février 2020 ; l’engagement des par toutes les parties à utiliser tous les moyens à leur disposition pour sensibiliser les populations de Kidal et des autres villes sur le déploiement des bataillons reconstitués, y compris par les stations de radio ; L’invitation du Gouvernement à commencer le déploiement des autres unités le plus tôt possible ; le screening des autres unités reconstituées à leur arrivée dans leurs régions respectives (Gao, Tombouctou et Ménaka) par les Equipes mixtes d’observation et de vérification (EMOV) et les bureaux du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) ; la présentation d’une nouvelle proposition du Secrétariat de la CTS sur l’arrangement sécuritaire pour la ville de Ménaka en tenant compte du point de vue des acteurs concernés ; la date limite du14 février 2020 pour les mouvements signataires n’ayant pas encore envoyé leurs listes d’autorités habilitées à signer leurs ordres de mission, de même que la communication de positions de leurs bases et checkpoints.

Par ailleurs, il a été aussi décidé d’une réunion de travail technique sur l’harmonisation des listes de la prochaine phase de rattrapage du DDR avec tous les groupes et mouvements ayant des combattants dans le MOC. Le président de la CTS a aussi noté avec satisfaction la participation massive de femmes à cette réunion, un atout important dans le processus de paix. La CTS se félicite de la participation du représentant du Royaume uni, ce qui démontre l’engagement du Corps diplomatique avec la participation des représentants du Niger et des États-Unis à la 45ème session ordinaire.

 

Des questions se posent cependant sur certains problèmes, comme comment va-t-on désormais faire la différence entre FAMA et armée nationale reconstituée ou encore pour ce qui concerne le sort de tous les arsenaux de guerre exhibés par les différentes composantes de la CMA lors de leurs différents congrès tenus dans la ville de Kidal courant décembre 2019. Un autre point dont on ne parle pas assez, c’est la composition de l’armée nationale reconstituée. En effet, si l’on s’en tient au contenu de l’accord, la nouvelle armée reconstituée à déployer au nord devra être composée à 80% de ressortissants de l’Azawad ainsi qu’au niveau des postes de commandement.

 

Ce qui constitue une réelle source d’appréhension pour nombre de nos compatriotes, vu les expériences précédentes dans ce domaine au nord, et ce depuis la rébellion des années 1990. A-t-on tiré tous les enseignements de ces expériences qui auront été particulièrement meurtrières pour nombre de soldats maliens, occasionnant en sus la perte de plusieurs équipements militaires au détriment du Mali ? Et selon certains observateurs, au-delà de l’épineuse question de l’armée nationale reconstituée, le gouvernement malien se trouverait aussi piégé en maints d’autres points contenus dans l’accord ou dans l’Avenant qui y est joint.

 

Sur ce registre, on peut citer, entre autres, le fait qu’il revient à la CMA de définir elle-même la liste de ses combattants et de déterminer leur grade dans le cadre de leur intégration dans l’armée reconstituée ; la création d’une Assemblée Régionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques de l’Azawad… Il y a aussi l’acceptation par le gouvernement malien de prévoir et de déterminer le quota qui sera affecté à l’Azawad pour les départements de souveraineté, les grands services de l’État, les représentations diplomatiques et les organisations internationales ; l’affectation d’un fonds spécial pour l’Azawad sur le budget de l’État à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans ; l’exploitation des ressources minières et énergétique de l’Azawad soumise à l’autorisation préalable de l’Assemblée inter-régionale avec un quota de 20% de la production à affecter à l’Azawad ; ou encore le fait pour l’Etat de s’être engagé à surseoir à l’organisation de toute élection jusqu’au retour des réfugiés et jusqu’à la mise en œuvre du nouveau découpage territorial…

O.O

Source: Le Matinal