L’organisation onusienne, dans son dernier rapport trimestriel, dénonce des multiples violences qui continuent de pourrir l’environnement des humains au nord et au centre du pays. Ainsi, pendant la période visée, l’organisation a pu recenser 331 attentats avec 367 civils tués, 63 personnes enlevées, 284 cas de violence contre les enfants. La majorité des violations des droits de la personne ont eu lieu dans le centre du Mali où la tendance est à la hausse par rapport à la période précédente.

Cette situation traduit, selon l’organisation onusienne, une légère augmentation du niveau de la violence par rapport à la période précédente (245 attaques au cours desquelles 333 ont civils tués, 175 blessés et 145 enlevés). Parmi ces attentats, on signale 53 explosions commises à l’aide d’engins explosifs improvisés au cours desquelles 37 civils ont été tués et 50 blessés, soit une augmentation par rapport à la période précédente (44 explosions au cours desquelles 12 civils ont été tués et 22 blessés).

81 cas de graves violations des droits
La situation des droits de la personne demeure préoccupante. La majorité des violations des droits de la personne ont eu lieu dans le centre du Mali où la MINUSMA a recensé 81 cas graves, soit une augmentation de 33 % par rapport à la période précédente. Au moins, 66 cas étaient en lien avec la violence intercommunautaire. D’autres cas ont été enregistrés dans le nord, dont 7 dans la région de Gao, 6 dans la région de Tombouctou et 5 dans la région de Ménaka, 5 dans la région de Kayes, 2 dans la région de Koulikoro et 1 à Bamako.
Les violations des droits de la personne ont fait au moins 339 victimes, dont 262 hommes, 32 femmes, 30 garçons et 15 filles. Les groupes armées d’autodéfense communautaires ont commis la plupart de ces atteintes (64), toutes dans les régions de Mopti et de Ségou, suivis des groupes extrémistes violents (21) et des groupes armés signataires (9), rapporte l’ONU. La Mission a confirmé un cas de violence sexuelle liée aux conflits dans la région de Tombouctou, concernant une fille.
Les violations graves commises contre des enfants ont augmenté également, selon le rapport, passant de 145 cas avérés pendant la précédente. Elles ont touché 235 enfants dans l’ensemble du Mali, sans oublier 10 attaques contre des écoles.

168 515 personnes déplacées et 26 836 réfugiés
De janvier à juin 2019, 168 515 personnes ont été déplacées à l’intérieur du Mali, contre 75 351 pendant la même période en 2018, soit une augmentation de 45 %. La majorité d’entre elles, environ 80 000, ont été déplacées dans le centre du Mali au cours du premier semestre de 2019.
Au 31 août, il y avait 26 836 réfugiés et 987 demandeurs d’asile au Mali, dont 13 517 femmes et 13 319 hommes, essentiellement du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Niger. Les retours spontanés et organisés du camp de Mbera, en Mauritanie, ont augmenté pendant la période examinée, mais 139 020 réfugiés maliens se trouvaient encore dans les pays limitrophes, selon le rapport.

1,6 million d’enfants dans le besoin
Sur le plan humanitaire, le rapport indique que 1,6 million d’enfants ont eu besoin d’une aide humanitaire. La majorité des personnes déplacées ont moins de 18 ans (52 %) et bon nombre d’entre elles sont des femmes et des filles ayant des besoins humanitaires particuliers. Pendant la période visée, 627 rescapés de violence fondée sur le genre ont reçu un appui médical et psychologique. Quatre-vingt-dix-huit pour cent d’entre elles étaient des femmes, 51 % avaient moins de 18 ans et 28 % avaient subi des violences sexuelles. L’insécurité a continué d’entraver la prestation de services sociaux de base, regrette le rapport. Le nombre d’établissements scolaires fermés est passé de 866 en mars à 920 en juin (dont 598 dans la seule région de Mopti), touchant jusqu’à 277 600 enfants.
Les engins explosifs improvisés sont demeurés de graves menaces pour les intervenants humanitaires dans l’ensemble du Nord et du Centre. Le 6 juillet, le véhicule d’une organisation non gouvernementale malienne a heurté un engin explosif dans le district de Goundam, dans la région de Tombouctou, et deux agents ont été blessés.
En juillet, au vu de la dégradation de la situation humanitaire au Mali, le montant du plan d’aide humanitaire a été révisé à la hausse et porté à 324 millions de dollars. On estime à présent que 3,9 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, contre 3,2 millions en janvier.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source: info-matin