mnla-mandat-arret touareg kidal

Comme une trainée de poudre qui s’éparpille dans l’atmosphère au gré du vent, l’irrédentisme touareg risque de s’étendre à d’autres horizons dans un avenir pas trop lointain. S’inspirant très certainement de nombreux avantages et autres privilèges engrangés par leurs frères du Nord du Mali à la suite de multiples « accords » négociés et signés sous l’égide de leur propre pays, les Touaregs du Sud algérien enfourchent désormais les mêmes leviers qui ont servi de plateformes revendicatives successives pour régulièrement déstabiliser le Mali de 1963 à nos jours.

 Les mêmes causes pouvant toujours produire les mêmes effets, il y a lieu de se préoccuper de la dernière sortie des tribus touaregs, une ethnie fortement implantée dans le Sud de l’Algérie.

En effet, selon RFI, les notables des tribus touaregs du Hoggar, dans l’extrême sud du pays (naturellement le Nord-est du Mali), ont tenu une importante rencontre le vendredi 29 mars 2013 à Tamanrasset. A l’issue de leur réunion, ils se sont adressés au président de la République, en réclamant des réformes socio-économiques.

Toujours selon les mêmes sources, le rassemblement, qui a réuni une trentaine de tribus touaregs de Tamanrasset, est le plus grand depuis 2008. Dans un message qu’ils ont voulu directement destiner au président Abdelaziz Bouteflika, les notables des tribus demandent une meilleure prise en charge de leur région par l’Etat. D’abord, une meilleure considération du Sud.

Les notables rappellent que « le gouvernement ne doit plus continuer à considérer la région comme le réceptacle des cadres sanctionnés ou un lieu de stage pour les débutants« . Ensuite, ils souhaitent des quotas de recrutement pour les Touaregs dans les ministères, les mairies, la diplomatie et les institutions sécuritaires. Enfin, ils demandent un plan d’actions adapté pour le développement de la région, des filières spécialisées à l’Université et des dispositifs spécifiques d’aide à l’emploi des jeunes.

Faut-il rappeler que ces revendications sont assez similaires à celles des jeunes chômeurs du Sud du pays qui multiplient les manifestations ces dernières semaines, toujours selon RFI.

Ce ras-le-bol général pourrait expliquer la prise de parole publique des notables touaregs, traditionnellement très discrets. Mais, selon certains observateurs, il pourrait aussi s’agir d’une manœuvre politique, visant à déstabiliser Abdelaziz Bouteflika, un an avant la présidentielle.

Certains observateurs n’hésitent pas également à faire le parallèle avec la situation qui a prévalu depuis de longues années maintenant dans le Nord du Mali, zone frontalière justement avec cette partie sud de l’Algérie.

En effet, lorsqu’on se réfère à la dernière plateforme de revendications exigée du gouvernement malien par le Mouvement national de l’Azawad (MNA) qui s’est mué en Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en octobre 2011, la similitude est plus que frappante.

Récemment dans un débat télévisé sur le plateau de France 24 dont le thème principal portait sur la crise socio-sécuritaire dans le Nord du Mali, le président de la diaspora touarègue en Europe, Abdoullah Attami, ne disait-il pas en guise de conclusion que « les Touaregs du Nord du Mali partageaient les mêmes problèmes identitaires, socioéconomiques et culturels avec leurs frères des autres pays de la région » et qu’en conséquence « la crise au nord du Mali devrait trouver sa réponse dans une solution globale appropriée à l’échelle régionale » ?

Est-ce donc la suite logique d’une stratégie savamment orchestrée par le lobby international touareg (ou tamazigh) dont l’objectif principal recherché serait toujours la création d’un Etat exclusivement dédié aux seuls Touaregs ? Si tel était le cas, qu’ils se détrompent, car ce qui a pu arriver au Mali du fait d’une infime minorité de Touaregs, n’arrivera jamais à la Mauritanie ou au Niger et encore moins à l’Algérie. Certes, chaque pays a ses réalités socioéconomiques, voire politiques. Mais ces problèmes sont généralement vécus aux mêmes degrés par l’ensemble des communautés nationales.

Le seul et unique combat qui vaille alors pour l’Algérie, pour le Mali, le Niger et tous les autres, c’est celui contre la pauvreté, le sous-développement et la mal gouvernance.

Bréhima Sidibé