L’entrée de l’armée reconstituée à Kidal, c’est l’information qui domine l’actualité au Mali depuis trois semaines. Le gouvernement brandit ce ‘’trophée’’ en l’air partout, au point de reléguer au second plan d’autres disfonctionnements qui menacent aussi l’existence du pays. Ils sont aussi d’ordre prioritaire. L’illustration parfaite, c’est la grève des enseignants, les multiples attaques contre les positions des FAMa et les assassinats de paisibles citoyens au centre du pays.

Oui, le retour de l’armée malienne à Kidal doit être applaudi, surtout après 6 ans d’absence. Cette entrée de la nouvelle armée peut rassurer mêmes les sceptiques quant à l’indivisibilité du Mali. Peut-être, le drapeau du Mali ne sera plus brulé dans cette ville qui nous a tant manquée. On peut espérer voir le drapeau malien flotter en l’air au lieu de celui imaginaire de l’Azawad. Pour toutes ces raisons, il faut applaudir le retour de la nouvelle armée à Kidal et saluer le gouvernement et ses partenaires.

Mais faut-il oublier les autres maux ? Faut-il garder le silence sur le cri de cœur des populations du centre qui ne dorment pas par peur d’être attaquées par des forces sans foi ni loi, sans parler des multiples attaques perpétrées contre nos FAMa ? Non, le retour de l’armée reconstituée à Kidal ne doit pas nous faire oublier tous ces maux.

Dans beaucoup de localités, au centre du Mali, l’armée est absente. L’administration aussi. Les terroristes sèment la terreur, attaquent les populations, pillent leurs biens, volent leur bétail et laissent la désolation. Ces faits malheureux sont beaucoup fréquents dans la partie exondée de la région de Mopti. Quant aux attaques contre les positions des FAMa, elles se multiplient. Les attaques de Sokolo et Dioungani sont des exemples concrets.

Au lieu d’axer toute la communication gouvernementale sur le retour de l’armée reconstituée à Kidal, il serait bon que les gouvernants rassurent aussi les populations qui sont dans le centre ; celles qui sont menacées de morts chaque jour, pour la simple raison que l’absence de l’Etat a laissé place à l’autorité des forces du mal. Oui, ces populations, comme les Kidalois, ont le droit d’être sécurisées.

Alors, il est plus qu’urgent de faire en sorte que les forces armées maliennes soient partout où elles sont absentes, les équiper afin qu’elles puissent faire face aux ennemis, puis favoriser le retour des services sociaux de base, les partenaires et la réinstauration du vivre ensemble d’antan dans la plus grande communion.

Boureima Guindo

Source: Le Pays