En l’espace de vingt-quatre heures, les populations de Gao ont essuyé une attaque armée et un affront politique. Le lundi 12 novembre, en début de soirée, c’est un kamikaze qui endeuille la ville en se faisant exploser avec son véhicule, causant, morts, blessés et désolation.
Le lendemain mardi 13 novembre, c’est le ministre de la Sécurité, Salif TRAORÉ, qui vient offenser la Cité des Askia en s’interrogeant cyniquement sur le fait que le véhicule du terroriste ait pu traverser la ville, bourré d’explosifs. Quel culot de la part d’un homme qui a sous son autorité pour emploi la police et la gendarmerie de venir demander aux  pauvres populations de “fouiller” ou de “renifler” les véhicules kamikaze.

En chœur, les habitants de Gao auraient dû lui dire leur étonnement en retour de voir un ministre de la Sécurité aussi incompétent que Salif TRAORÉ qui survit à tous les remaniements sans avoir le moindre bilan dans la lutte contre l’insécurité. Là est plutôt la question et non dans une vague insinuation sur la passivité des populations.

Cet obscur officier qui a servi au PSPSDN (programme pour la sécurité et le développement des régions du Nord) doit son ascension fulgurante à son allégeance aux putschistes de mars 2012 qu’il servira avec zèle avant de commencer une carrière ministérielle dans le quota non déclaré des membres du gouvernement au titre de la junte militaire de Kati.

Sa longévité gouvernementale, puisqu’elle n’est la récompense d’une quelconque efficacité dans l’action, est à comprendre comme la volonté de IBK de ne pas virer le dernier symbole de sa “parenthèse enchantée” avec la junte, après sa brouille avec Moussa Sinko.

Rien n’est donc trop beau pour choyer le brave soldat Salif. Dans une carrière normale, il serait au plus colonel, mais ses épaulettes scintillent de trois étoiles de général de division, un galon qu’il a d’ailleurs inauguré de bien curieuse manière en l’arborant avec son treillis au cours d’une conférence de presse aux allures de menace contre l’opposition qui contestait les résultats de l’élection présidentielle.

Un ministre de la Sécurité peut et doit exhorter les populations à la vigilance dans le contexte de crise sécuritaire que nous vivons. Mais rien ne lui donne le droit, après la défaillance de toutes les forces (police,  gendarmerie,  Barkhane, MINUSMA) de venir accabler le citoyen lambda.
A part ça, le Mali, quel beau pays! Du président de la République au dernier des ministres, ceux et celles qui incarnent l’autorité sont infaillibles ; s’il y a un problème, la raison est à chercher ailleurs. Les plus hautes fonctions de l’Etat n’ont jamais été autant une sinécure. Si ce n’est pas malheureux…

C H Sylla

Source: L’ Aube