Mopti, 4 juillet (AMAP) Vingt-six tentes estampillées Unicef sont installées sur un terrain de football. Sous l’une d’entre elles, se trouvent quatre femmes visiblement affaiblies. Des enfants prennent de la bouillie dans une tasse au-dessus de laquelle pullulent des mouches. Nous sommes à Socoura, à la périphérie de Sévaré, sur un site de déplacés qui accueille 711 personnes meurtries par des conflits qui minent leur terroir et plongent le pays tout entier dans l’angoisse.

La plupart de ces déplacés sont des miraculés qui ont survécu à des attaques barbares ayant causé la mort de leurs proches. Certains ont presque tout perdu. « Tout a été décimé chez nous, à Ogossagou. Mon père et ma mère ont été tués », témoigne Aminata Barry, les larmes aux yeux. La jeune fille d’une quinzaine d’années a reçu une balle à la jambe. Dieu merci, elle s’en est sortie grâce aux médecins de l’hôpital Somino Dolo de Mopti.

A Socoura, Aminata et les autres déplacés tentent de retrouver le sourire. Et l’arrivée du Premier ministre sur ce site, en cette matinée du jeudi 4 juillet 2019, est un espoir. Dr Boubou Cissé, arrivé mercredi à Mopti  où il entame une visite de cinq jours en 5ème région, notamment à Bandiagara, Koro, Bankass, Douentza et Hombori est accompagné d’une très forte délégation.

Plusieurs membres du gouvernement sont du voyage : le général Ibrahima Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Michel Hamala Sidibé, ministre de la Santé et des Affaires sociales, Housseini Amion Guindo, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable et Arouna Modibo Touré, ministre de la Jeunesse et des Sports. Il y a aussi les gouverneurs des régions de Mopti et de Ségou, ainsi que de nombreux députés.

La délégation a fait le tour du site. La visite de la tente servant de salle de classe a été un moment émouvant. Ici, 137 élèves, dont 64 filles, se partagent quelques mètres carrés pour apprendre le français et l’arabe. En plus de ce centre d’apprentissage, le site dispose d’un centre de santé. « L’Etat nous a tout donné », témoigne un déplacé devant le Premier ministre, ajoutant que leur vœu le plus ardent est de regagner leurs villages respectifs pour ne pas rater les activités de l’hivernage.

A Saréma, toujours dans la périphérie de Sévaré, la famille Minta accueille 148 déplacés. Ici, le chef du gouvernement a offert cinq tonnes de vivres aux déplacés, soit un total de 10 tonnes pour les deux sites. Ces donations entrent dans le cadre de la stratégie de riposte de l’Etat face à la crise multidimensionnelle (insécurité physique et alimentaire) qui secoue actuellement la région de Mopti.

Dr Boubou Cissé a expliqué qu’il était venu s’imprégner de la réalité sur le terrain, identifier les défis afin d’y apporter les solutions idoines. Il a déploré la recrudescence des attaques qui ont provoqué ce déplacement massif des populations.

« En l’espace d’une année, le nombre a augmenté de plus de 30% parce qu’on est passé de 30.000 à plus de 50.000 », a révélé le chef du gouvernement, précisant que les déplacés sont au nombre de 9000 dans la ville de Mopti.

Si des efforts ont été faits pour leur prise en charge, Dr Boubou Cissé les a estimés insuffisants. Il a assuré que des dispositions sont en cours pour parer aux éventuels cas d’inondations sur le site de Socoura qui doit aussi être doté de suffisamment de tentes et de non vivres.

Le Premier ministre a rappelé que l’Etat est en train de travailler à la stabilisation de la Région de Mopti, afin que les déplacés puissent regagner leurs localités d’origine. A cet effet, il a promis de continuer le dialogue avec tous ceux qui peuvent aider à la résolution des conflits dans cette partie du pays.

IS/MD (AMAP)