Les forces armées et de sécurité du Mali issues de la colonisation française ressemblent à celles  du pays de colonisation, mais sont devenues différentes de celles-ci par leur mentalité de prédateur politique

Les textes constitutionnels du Mali ont beau cantonner les forces armées dans leur rôle de défense du territoire national (ce qu’elles font de plus en plus mal), périodiquement l’armée intervient dans le jeu politique sous divers prétextes politiques, économiques et d’autres plus fantaisistes comme les arguments à caractère ethnique ou tribal.

On a beau parler de mauvaise gouvernance ou de dérive autoritaire du régime en place, l’irruption de l’armée dans les affaires politiques d’une nation ne peut représenter qu’un recul pour celle-ci. D’abord parce que les putschistes ou  de quelque légitimité dont ils se prévalent, n’ont aucune expérience politique et se servent des anciens du régime déchu pour faire du neuf avec l’ancien et  viennent  ainsi comme des hurluberlus sur la scène politique, et ensuite suivant l’expression de Joe de  la rue de Médina Coura, le rôle d’un militaire est plutôt  de tuer que de participer aux joutes oratoires des élus de Bagadadji ou de prôner des prêches dans une mosquée.

Le Général De Gaulle, quoique l’un des principaux artisans de la libération de son pays des griffes des nazis, n’osa jamais se servir de ses galons d’officier pour revendiquer le trône de l’Elysée.

On est confondu de constater que les coups de force ou de n’importe quel nom qu’on les appelle, foisonnent seulement dans les pays du Tiers-Monde, rarement en Occident où les rôles  sont bien fixés par les constitutions et les sanctions prévues en cas de violation de ceux-ci.

Au Mali, le coup d’Etat de novembre 1968 orchestré  sous des arguments fallacieux de désorganisation de l’économie et de violation de la constitution, n’a rien apporté au peuple. En plus des méthodes de cow-boy du CMLN, le pays a perdu de son rayonnement international et ses sociétés et entreprises d’Etat créées par l’US-RDA et qui faisaient travailler des milliers de Maliens.

Dans les rues de Bamako aujourd’hui, il n’est question que de la capacité du gouvernement de transition à porter les réformes nécessaires au pays pour sortir de l’impasse. D’autant que le CNT ressemble à une espèce de caverne d’Ali Baba remplie de Bijou, de Bébé et de Papou issus des familles honorables de Bamako.

Mais de plus en plus, dans des articles de presse, d’anciens ministres et responsables des premières années de la démocratie au Mali pourfendent ce régime comme s’ils n’y avaient pas participé. La richesse sans doute les avait plus attirés dans la politique que la défense des intérêts de leur peuple. Ils ne sont pas comme le prince de Condé qui en 1791, montant à l’échafaud, s’était écrié : « Je ne dis merci qu’à Dieu».

Facoh Donki Diarra

(écrivain Konibabougou)

Source: Mali Tribune