Assurément sur le front de la lutte contre le terrorisme dans le Liptako-Gourma, les lignes bougent. C’est en tout cas ce que démontrent les opérations récemment menées conjointement par la force Barkhane, les forces armées maliennes et nigériennes. En plus, avec le lancement officiel de la force européenne «Takuba», samedi dernier, on peut dire que toutes ces actions sont de nature à porter la peur dans le camp des forces du mal

La force Barkhane poursuit son effort dans la zone du Liptako-Gourma et concentre son action dans la lutte contre les groupes armés terroristes, en particulier contre l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone dite « des trois frontières»
Du 3 au 23 mars derniers, indique un communiqué, la force Barkhane, conjointement avec les forces armées maliennes (FAMa) et nigériennes (FAN), a conduit l’opération «MONCLAR» dans la zone des trois frontières. Cet engagement, inédit par le volume des forces engagées, a permis d’obtenir des résultats très significatifs concrétisés par la neutralisation d’un grand nombre de terroristes, et la destruction ou la saisie de nombreuses ressources militaires.
Cette opération, dans laquelle Barkhane a engagé des moyens terrestres et aériens, s’intégrait dans une action plus vaste menée avec la force conjointe du G5-Sahel (FC-G5S) et les FAN, permettant d’atteindre un niveau de coordination remarquable entre ces différents acteurs de la sécurisation au Sahel.
En outre, le texte précise que cette concentration des efforts sans précédent, impliquant près de 5.000 soldats, fait suite aux nombreuses opérations conduites depuis plusieurs mois au niveau des trois frontières et traduit directement la volonté de la force Barkhane, de la FC-G5S et des armées partenaires d’exercer une pression forte contre les groupes armés terroristes, notamment l’EIGS. Ces opérations ont ainsi concrétisé les efforts de synchronisation des plans souhaités depuis le sommet de Pau, en France, permettant l’atteinte d’un niveau de coordination inédit entre les forces qui opèrent dans la zone.
Cet engagement conjoint sans précédent illustre la montée en puissance des forces partenaires ces derniers mois. En effet, dans des conditions climatiques particulièrement éprouvantes, 1.700 soldats de la force Barkhane, 1.500 soldats et aviateurs de la FC-G5S et 1.500 soldats des forces armées nigériennes ont ainsi été engagés conjointement dans des opérations aux objectifs coordonnés, à partir de leurs emprises ou déployés sur le terrain, concourant toutes à l’affaiblissement des groupes armés terroristes (GAT) au niveau des trois frontières.
Par ailleurs, des forces maliennes et nigériennes ont opéré conjointement avec la force Barkhane dans le cadre de l’opération «MONCLAR», notamment dans le Liptako nigérien et le Gourma malien, tandis que la force Barkhane déployait près de 400 véhicules blindés sur le terrain, au cours de cette opération.
Parallèlement, les FAN ont également conduit une opération majeure sur leur territoire, coordonnée avec la force Barkhane et la FC-G5S. Enfin, la force conjointe a procédé à une vaste opération à la frontière Mali-Burkina.
Aussi, apprend-on que la mise en place du mécanisme de commandement conjoint (MCC), structure inédite constituée du détachement de liaison de la FC-G5S, déployé au sein du poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) de Barkhane à N’Djamena, d’une cellule de partage du renseignement et d’un poste de commandement conjoint (PCC), a rendu possible le bon déroulement d’une telle opération.
Le PCC, pleinement opérationnel, a en effet permis de coordonner sur le terrain l’ensemble des actions des unités d’appartenances diverses, afin de maximiser les effets de l’opération.
La cellule de partage de renseignement a, pour sa part, permis de délivrer du renseignement à fin d’actions, qui, exploité dans un cycle particulièrement rapide, a permis de conduire plusieurs opérations contre les GAT. Ainsi, les 4 et 5 mars, une action, conjointement menée par Barkhane et les FAN, combinant moyens aériens et déploiement de commandos au sol, a pu être réalisée sur la base de renseignement des forces armées nigériennes. « Il en a été de même des opérations aériennes menées les 5 et 21 mars dans le nord du Burkina Faso sur la base de renseignement malien. Ces trois engagements ont conduit à la neutralisation de plusieurs terroristes», peut-on lire dans le même texte.

DES RÉSULTATS NOTABLES-Au bilan, en près de trois semaines d’opération, la force Barkhane et les forces maliennes et nigériennes qui opéraient conjointement dans l’opération «MONCLAR » ont neutralisé un grand nombre de terroristes. Également, de très nombreuses ressources ont été saisies ou détruites, parmi lesquelles près de 80 motos, un pickup technical armé d’une mitrailleuse lourde, une très grande quantité d’armements, de munitions, de matériel nécessaire à la confection d’engins explosifs, et de matériel de guerre en tout genre. De leur côté, la FC-G5S et les forces armées des pays partenaires qui opéraient en totale autonomie, et de manière coordonnée avec Barkhane, ont également porté des coups aux terroristes.
Ces nombreux succès tactiques ont dégradé les capacités logistiques et combattantes des groupes armés terroristes au niveau des trois frontières, au bénéfice des populations locales. Bien au-delà des succès tactiques obtenus, c’est davantage le niveau atteint, et démontré, de coordination et de synchronisation des opérations entre les deux forces sahéliennes que sont la FC-G5S et Barkhane lors de cette phase qui augure d’un progrès opératif notable à ces trois frontières.
C’est pratiquement au même moment que onze pays européens ont annoncé le lancement officiel de la future force «Takuba», un groupement de forces spéciales européennes destiné à accompagner les soldats maliens au combat face aux terroristes. Le Mali et le Niger participaient également à la réunion.
Du fait de la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, et, plus largement au Sahel, ces États soutiennent politiquement la création d’une «task force» pour assister les forces armées maliennes dans la lutte contre les groupes terroristes et appuyer les efforts actuellement déployés par l’opération Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel.
La force «Takuba», qui doit compter quelques centaines d’hommes, débutera cet été ses opérations sous commandement français dans la zone du Liptako, aux confins du Niger et du Mali, réputée servir de sanctuaire à des groupes terroristes au nombre desquels figure l’EIGS.

Massa SIDIBÉ

Source: Journal L’Essor-Mali