Combattre le terrorisme pour faire retourner l’ordre au Mali ! Tel est le vœu des Maliens et de leurs partenaires. Mais une réflexion devrait précéder toute intervention, surtout militaire. Plusieurs zones d’intervention des forces de Barkhane, maliennes et burkinabé ont été, durant plusieurs mois voire années, occupées par des terroristes qui se sont imposés aux populations locales, dans leur écrasante majorité.

Qui n’a pas appris, par exemple, que des troupeaux de vaches ont été emportés et sont restés introuvables. Qui ne savait pas que de paisibles populations se sont vues imposer le paiement de la zakat. Aujourd’hui, intervenir militairement en pareils endroits sans tenir compte de cette triste réalité, reviendrait à mettre la vie des populations locales en danger.
Aucune action militaire ne saurait réussir sans l’adhésion de la population au sein de laquelle les actions sont menées. Autant la paix ne saurait revenir sans combat, autant cette paix ne saurait être durable sans la collaboration des populations. Il n’y a pas une portion de terre au Mali où il n’existe pas une forme d’autorité. Ne pas les associer aux opérations militaires, c’est opérer dans un «no man’s land».
Nos localités sont loin d’en être un. Plusieurs siècles ont cimenté le vivre ensemble. Plusieurs siècles ont permis aux populations de trouver une solution à leurs problèmes, quelle que soit la gravité. Mais ces stratégies d’adaptation sont en passe de devenir obsolètes par la volonté de nouveaux maîtres aux trousses d’autres maîtres. Si les populations locales n’ont pas une lecture claire de la finalité des moyens de lutte contre le terrorisme, ce qui pourrait paraître comme solution risquerait d’être le début d’une longue tempête.
La victoire sur le terrorisme passera par la mutualisation des efforts de tous les acteurs dans la transparence, le respect et la responsabilité
Abdourhamane Dicko

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