Deux fillettes sont mortes jeudi dans des violences entre communautés à Tombouctou, dans le nord du Mali en guerre, tandis qu’un commissaire de police a été tué par une foule en colère plus au sud, ont indiqué des responsables.

Tombouctou, la “perle du désert” durement éprouvée par les violences séparatistes, jihadistes et interethniques qui frappent le Mali depuis 2012, connaît depuis mercredi soir un vif accès de tensions intercommunautaires, ont rapporté une correspondante de l’AFP et différentes sources informées sur la situation dans cette zone devenue difficilement accessible pour des raisons de sécurité.

“Deux fillettes qui étaient dans un véhicule ont été tuées par des tirs”, a dit une source proche du gouvernorat local sans plus de précision.

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) a fait état de deux enfants morts, tués par des tirs de l’armée malienne selon elle, de plusieurs blessés, de commerces et de maisons pillés et saccagés, ainsi que de voitures et de motos incendiées. Les populations civiles sont “visées sur la base de leur appartenance ethnique”, a-t-elle dit.

La Croix-Rouge et la mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont exprimé leur inquiétude devant ces violences, alors que les tensions sont fréquentes entre les populations sédentaires de la région et les “peaux claires”, Touareg et Arabes, accusées d‘être responsables de “braquages à longueur de journée”.

En avril, une manifestation contre le meurtre d’un jeune chauffeur de car avait dégénéré en scènes de pillage visant les communautés touareg et arabe de la localité proche de Goundam.

Les nouvelles tensions ont éclaté mercredi après que des inconnus eurent forcé des barrages mis en place par des jeunes de Tombouctou après l’enlèvement pendant trois jours de deux des leurs, selon des témoins.

“Si l’armée malienne ne peut pas nous sécuriser, nous allons nous sécuriser nous-mêmes. C’est nous les vrais natifs de Tombouctou”, a déclaré à l’AFPun jeune manifestant, Younousse Touré, très remonté contre les “peaux claires”.

La CMA a appelé la force de l’ONU à protéger les populations. La Minusma a dit mener des actions sécuritaires avec la police des Nations unies (Unpol) et les forces maliennes.

Un commissaire “ami de bandits” tué

Plus au sud-ouest, à Niono, un commissaire a été tué par des “manifestants qui l’accusaient d’exactions”. Une partie de la population, déjà remontée contre lui, n’a pas supporté de le voir revenir après deux semaines d’absence, a déclaré un responsable du commissariat de Niono.

“Des manifestants excités ont assiégé le commissariat” pour exiger son départ, a rapporté le ministère de la Sécurité civile.

“Une horde d’individus armés de projectiles en tous genres ont saccagé le commissariat et agressé le personnel. Les policiers débordés se sont retirés et, dans leur retraite, le commissaire divisionnaire Issiaka Tounkara, blessé à la tête, a été rattrapé et assassiné par les manifestants”, selon le communiqué du ministère.

“En outre, ces manifestants ont cassé le magasin d’armement, emporté des armes, incendié deux véhicules d’intervention et deux véhicules particuliers appartenant aux policiers”, a ajouté le ministère.

“Le bilan est de un mort (le commissaire) et 22 blessés, dont un gendarme, et quatre cas graves parmi les policiers. Côté manifestants, un mort et quelques blessés sont à déplorer”, selon la même source.

“Le commissaire est un ami des bandits. Depuis sa nomination, les vols de motos, les braquages et pillages des boutiques se multiplient”, a accusé un  manifestant, Issiaka Sanogo.

AFP

Source: africanews