Deux organisations armées maliennes ont signé dimanche un accord pour tenter de restaurer la sécurité dans et autour de la ville de Ménaka (centre), foyer de violences meurtrières en tous genres dans le Mali en guerre. Ménaka et sa région font partie de ces vastes zones qui échappent largement ou entièrement au contrôle d’un pouvoir central affaibli, dans un pays en proie à la guerre depuis 2012.

Les violences y sont multiformes, jihadistes, intercommunautaires ou crapuleuses, auxquelles s’ajoutent les rivalités entre groupes armés. Malgré la crise humanitaire qui sévit dans le pays, les ONG y ont une nouvelle fois cessé leurs activités en décembre à la suite d’un énième braquage.Deux des mouvements qui y sont implantés, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger (communément appelée Plateforme), ont signé dimanche à Ménaka un accord rendu public.Cette signature intervient à la veille d’une réunion, en France, entre le président Emmanuel Macron et cinq homologues des pays du Sahel, dont le Mali, autour de la dégradation sécuritaire et la propagation jihadiste, et autour de la présence militaire française dans la région.La CMA et la Plateforme “conviennent de la cessation totale et immédiate de tout acte hostile (et) de la protection des personnes et de leur biens” dans les zones sous leur contrôle. Elles s’interdisent “toute forme de violence et d’extorsion de biens” en raison de l’appartenance politique ou ethnique.Elles s’entendent pour contrôler la circulation des armes, instaurer des patrouilles mixtes et créer ou rouvrir des postes de contrôle. Elles conviennent de traduire en justice les criminels, de remettre ceux issus de leurs rangs et de mettre en place un organisme de justice “incluant les mécanismes traditionnels de gestion des conflits”.Elles s’engagent à oeuvrer au retour des nombreuses personnes déplacées par le conflit, et à celui des ONG dont elles assureraient la sécurité.Illustration de la situation à Ménaka, un jeune homme y a été abattu à l’arme automatique dans la nuit de samedi à dimanche par deux individus qui ont ensuite pris la fuite, a rapporté un enseignant local.La CMA est une alliance à dominante touareg d’anciens groupes rebelles. La Plateforme est composée de groupes armés progouvernementaux. Toutes deux sont signataires de l’accord de paix d’Alger de 2015.Le Mali et les pays voisins sont en proie à une dégradation sécuritaire qui alarme la communauté internationale. Selon l’ONU, plus de 4.000 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Le nombre des déplacés a été multiplié par 10, approchant le million.Les jihadistes ont multiplié ces derniers mois les raids meurtriers contre les forces armées. Ces agissements se doublent de violences intercommunautaires et criminelles attisées par la prolifération des trafics.

AFP