Une enquête de l’ONU sur la mort de douze personnes dans le centre du Mali à la suite d’une patrouille pendant laquelle un militaire malien avait été tué conclut à l’exécution sommaire de douze civils, a annoncé mardi la Mission des Nations unies (Minusma).

Secretary-General António Guterres is welcomed by General Didier Dacko, G5 Sahel Joint Force Commander and other FAMA Officials as he arrives at the G5 Sahel Joint Force Headquarters in Mopti, Mali.

Ces derniers mois, les annonces par l’armée malienne de la « neutralisation de terroristes » dans le centre du pays ont souvent été contestées par les organisations de défense des droits de l’homme et par des habitants, qui ont dénoncé des exécutions extrajudiciaires.

La Minusma avait annoncé en mai l’envoi d’une mission spéciale de sa division des droits de l’homme « pour enquêter sur les incidents survenus le 19 mai 2018 à Boulkessy » (également orthographié Boulkessi, NDLR), près du Burkina Faso.

« L’enquête de la Minusma a permis de conclure que, le 19 mai, des éléments du bataillon malien de la Force conjointe du G5 Sahel ont sommairement et/ou arbitrairement exécuté 12 civils au marché de bétail de Boulkessy », affirme la Mission de l’ONU dans un communiqué mardi.

Le rapport a été transmis au gouvernement, selon le texte, citant le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, qui « appelle les autorités maliennes à s’assurer que l’enquête judiciaire en cours puisse s’effectuer dans les meilleurs délais ».

Le représentant de l’ONU exhorte les troupes maliennes et de la force du G5 Sahel (organisation régionale regroupant le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad) à « conduire leurs opérations militaires conformément au droit international » et à « protéger la population civile ».

Peu après les faits, à la suite de la mort d’un militaire malien lors d’une patrouille sur un marché de Boulkessy, l’armée malienne avait d’abord parlé de « douze terroristes neutralisés », alors qu’il s’agissait de civils, selon des habitants.

Elle avait ensuite évoqué dans un communiqué ultérieur, le 7 juin, « la neutralisation de douze personnes », ainsi que des « zones d’ombre » et l’ouverture d’une enquête du procureur militaire.

Cette force conjointe a achevé début juin sa troisième opération, de part et d’autre de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, ont indiqué la semaine dernière le secrétariat du G5 Sahel et l’état-major des armées français.

Malgré l’accord de paix au Mali signé en mai-juin 2015, les violences jihadistes ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.

Le G5 Sahel a réactivé en conséquence en 2017 son projet de force conjointe, pour laquelle il a recueilli des engagements de quelque 420 millions d’euros.