Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon.

Au moins 23 civils ont été tués dans l’attaque de villages du centre du Mali dimanche 30 juin par des hommes armés près de la frontière burkinabè, a-t-on appris ce lundi auprès du maire d’une localité des environs et d’une source de sécurité malienne.

Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».

« La situation est grave, l’armée doit agir »

« Dimanche, et dans la nuit de dimanche à lundi dans les villages de Bidi, Sankoro et Saran, des hommes armés ont attaqué des civils, tuant 23 civils », a déclaré Cheick Harouna Sankaré, maire de la localité voisine de Ouenkoro, faisant état de nombreux blessés et des déplacés. « La situation est grave, l’armée doit agir pour sécuriser les populations. Nous sommes actuellement en réunion pour voir ce qu’il faut faire ».Ce bilan a été confirmé par une source de sécurité.

Par ailleurs, dans le cercle de Koro, dans la même région, « onze personnes à bord d’une moto tricycle ont été tuées par un engin explosif à sept kilomètres de la frontière du Burkina Faso dimanche », a affirmé sous couvert de l’anonymat un élu de la localité de Guiré.

Le 17 juin, une attaque visant les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabè, imputée à « des éléments peuls », avait fait 41 morts, selon un document interne de l’ONU.

Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.

Des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes

Le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a récusé toute notion de « conflit interethnique », a nommé le 20 juin « haut-représentant du président de la République pour le centre » un de ses proches, l’ancien président du Mali par intérim (2012-2013) Dioncounda Traoré.

Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.

Malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU.

Depuis 2015, ces violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.

Source: .ouest-france