Depuis la signature de l’Accord pour la paix et de réconciliation entre le Mali et les différentes parties prenantes de la crise qui agite notre pays, le phénomène de l’irrédentisme et du djihadisme continue à faire couler du sang un peu partout sur l’ensemble du territoire national. Et la France est toujours indexée.

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L’insécurité totale qui règne dans le centre et dans les régions du Nord constitue aujourd’hui l’une des préoccupations majeures dont font face les populations de ces zones à longueur de journée. Au-delà de cette situation,  de milliers de Maliens ont l’impression qu’aucune avancée n’a été faite significativement dans le processus à cause non seulement de la mauvaise foi de certaines parties signataires, mais aussi au manque de volonté politique du gouvernement malien à mettre en place une stratégie permettant de trouver des voies et moyens pour faire face à cette recrudescence des attaques.

Face à cette situation, des centaines d’écoles sont restées fermées durant plus de trois ans dans certaines parties du Centre et du Nord, empêchant les enfants de suivre le chemin de l’école, et paralysant ainsi les activités touristiques du pays.

C’est dans cette optique que les populations désapprouvent les accords inter maliens issu du processus d’Alger. Avec ces soubresauts liés à ces pourparlers inclusifs maliens, les populations s’en prennent à l’Etat et dénoncent la mauvaise foi des autres parties signataires de l’accord.

D’abord, on se rappelle la fausse note de la cérémonie de signature de ce document issu des négociations d’Alger fut marquée par l’absence des responsables de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA).

Du coup, la mise en œuvre de ce énième accord ne pouvait qu’être longue et parsemée d’obstacles. Au lendemain même de cet événement, plusieurs actes de sabotage avaient été menés en vue de mettre en échec cet accord du 15 mai 2015 à l’image de tant d’autres signés antérieurement. La seule note d’espoir susceptible de faire aboutir ce compromis à même d’arrêter l’effusion du sang consistait, sans doute, à maintenir la pérennité de la mobilisation des organisations de la société civile malienne appuyée par une volonté politique inébranlable.

En effet, ceux qui prétendent accompagner le Mali comme la France et certains organismes onusiens sont ceux-là mêmes qui torpillent le processus. Ce fait n’est pas nouveau, et encore une fois, plusieurs éléments indiquent que l’histoire est sur le point de se répéter dans notre pays. À titre de rappel, les accords de Tamanrasset signés le 6 janvier 1991 sous l’égide de l’Algérie portent plusieurs points rebondissant, tandis que  celui de 2015, notamment la reconnaissance de l’intégrité territoriale, le cessez-le feu et la libération des prisonniers, le cantonnement des éléments rebelles, l’allègement des dispositifs de l’armée dans les régions du Nord, l’intégration des éléments armés au sein de l’armée nationale dont les conditions sont à déterminer, l’accélération du processus de décentralisation, l’affectation aux régions septentrionales de 47,3% des crédits du 4e programme d’investissement entre autres. De tout temps, on a constaté que les mouvements (armés par qui ?) s’en fichent de respecter certains points de l’accord notamment la libération des prisonniers et la cessation des hostilités. Or, la cause de cette situation est que le Mali était économiquement épuisé d’autant qu’il venait juste de mener les reformes imposées par le Programme d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI). Pis, les partenaires au développement qui s’étaient engagés pour accompagner ce processus, si cher à notre pays, ont tout fait pour le saboter en refusant d’honorer pleinement leur part du contrat. Ce qu’il faut savoir aujourd’hui c’est que la réalité du terrain s’altère et devient de plus en plus gravissime, certains ont même tendance à responsabiliser la France  comme étant un Etat opportuniste et qu’il ne fait que viser ses propres intérêts.

De 2012 à nos jours, les Maliens ont assisté à la mort de milliers de populations civile et militaire. A cela s’ajoute aussi des pertes incommensurables. Ainsi, au regard de tout ceci, il est vraiment temps que les protagonistes de la crise revoient le document pour une bonne mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation car, cela  entraine des violations flagrantes.

Gaoussou Kanté

 

La rédaction