Les groupes terroristes dont la Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) arrivent à se régénérer de façon inquiétante au Mali et au Sahel, en général, selon un rapport de l’ONU. Dans cette région, les partisans de JNIM ont ouvert 650 écoles sur lesquelles ils exercent un contrôle, afin de transformer la société suivant les préceptes du groupe. Et au centre du Mali, la violence inter-ethnique est alimentée par des groupes terroristes qui cherchent à favoriser la radicalisation, ajoute le document.  L’Équipe d’appui de surveillance des sanctions prises par les Nations unies a rendu public son 24e rapport sur l’évolution et les activités notamment des groupes terroristes. Périodiquement cette équipe des Nations unies établit un document.

Dans sa dernière livraison remise au Conseil de sécurité de l’ONU, en juillet dernier, l’équipe d’appui de surveillance des sanctions dresse une évolution inquiétante des activités des groupes terroristes, à travers le monde. Le cas de notre pays, le Mali, est également alarmant.

Si en 2013, la France a affirmé avoir neutralisé des éléments des groupes terroristes et de certains chefs au Mali, le 24e  rapport de l’Équipe d’appui de surveillance des sanctions note une régénération de ces groupes. De même, ils s’organisent tout en s’implantant dans cette région en proie à une insécurité grandissante.

‘’En Afrique de l’Ouest, la violence a monté en flèche sous l’influence d’affiliés de l’EIIL ou d’Al-Qaida et les activités de recrutement se sont multipliées. La porosité des frontières et le manque de moyens des autorités pour faire face à la menace grandissante aggravent la situation’’, souligne le rapport.

Selon le document de l’ONU, au Sahel, la Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) en français le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) exerce une influence décisive. Son centre de gravité reste dans le nord du Mali, où le groupe dirigé par Iyad Ag Ghaly s’appuie sur plusieurs milices, dont les katibas, pour poursuivre son objectif de radicalisation de la population, relève-t-on dans le document.

En outre, poursuit-il,  d’autres groupes similaires opèrent au nord du pays et continuent d’imposer leur diktat à la population et de s’attaquer aux forces maliennes et étrangères. Ainsi, le groupe Ansar Eddine reste actif au nord de Kidal tandis que celui de l’Émirat de Tombouctou (ancienne branche saharienne d’AQMI) a bénéficié de l’attrition des effectifs d’Al Mourabitoun pour se maintenir dans le secteur de Gao-Ansongo.

Par ailleurs, le rapport précise que des groupes ont opté pour la stratégie de la collaboration. A cet effet, la Katiba du Macina a réussi à établir un deuxième bastion pour GSIM dans la région de Mopti-Hombori-Douentza et à la frontière avec le Burkina Faso, dans la direction de Bobo-Dioulasso.

Dans la dynamique s’imposer leur influence dans la région, les partisans de GSIM ont ouvert environ 650 écoles dans la région, sur lesquelles ils exercent un contrôle, affirme le rapport. L’objectif de cette approche est de transformer la société suivant les préceptes du groupe. Ce qui est une situation à craindre parce qu’il va s’agir de faire de la région, un nid de formation de terroristes.

Également, dans le centre du Mali, la violence inter-ethnique est alimentée par des groupes terroristes qui cherchent à favoriser la radicalisation, avance le document de l’ONU.  Ces violences intercommunautaires de janvier à juillet ont fait plus de 600 civils tués. Les plus meurtrières et horrifiantes sont notamment celles de Ogossagou, de Sobame Da…

L’équipe de travail a souligné aussi que Bah Ag Moussa (non inscrit sur la Liste) facilite la liaison entre l’Émirat de Tombouctou et la Katiba du Macina qui s’est appuyée sur ses succès opérationnels pour créer une nouvelle zone d’opérations pour GSIM.  Ce qui rendra difficile le travail de l’armée malienne qui doit, selon les déclarations du pouvoir central, intensifier sa présence dans le centre du pays.

Par ailleurs, le rapport met en garde sur le renforcement de la capacité combattante de ces groupes terroristes par des éléments chevronnés en provenance de Libye. Ce regroupement représente une menace énorme pour l’armée malienne, la MINUSMA et la force Barkhane dans leur lutte de stabilisation de notre pays et du Sahel.

Cependant, au-delà du Mali, la propagation de ces groupes se poursuit au Bénin, au Burkina Faso et au Niger. Ainsi, ces pays sont en train de devenir de nouveaux bastions pour les groupes terroristes de la région, notamment l’État islamique du Grand Sahara, qui continue de coopérer avec GSIM au Mali et au Niger.

‘’Les groupes terroristes implantés au Sahel empiètent de plus en plus sur les frontières du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, comme l’a montré l’enlèvement de deux Français dans le Parc national de la Pendjari (Bénin) en mai 2019’’, rappelle le rapport.

Par Sikou BAH

Source : INFO-MATIN