Les rideaux sont tombés, le dimanche 12 janvier dernier, sur les travaux du troisième congrès ordinaire de la branche CMA du Mouvement Arabe de l’Azawad. Outre la reconduction de Sidi Brahim Ould Sidaty à la tête de ce mouvement pour un mandat de cinq ans, on notera également la mise en place d’un comité chargé de travailler sur la fusion des trois mouvements de l’ex-rébellion en une entité exclusivement politique. Pour la circonstance, nous avons recueilli les impressions de quelques participants à ces assises qui ont été l’occasion pour les acteurs de réaffirmer leur engagement pour le retour de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble.

Maïga Aziza Mint Mohamed Ben Khattra, députée élue à Tombouctou

 » Les femmes sont les plus engagées pour le retour de la paix à cause de leur vulnérabilité « 

Nous sommes allés à Ber pour participer au troisième congrès du MAA où nous avons parlé de paix, de réconciliation et de cohésion sociale. C’est une rencontre capitale pour le retour de la paix dans la région de Tombouctou qui ne demande que çà.  Aujourd’hui, toutes les femmes de la région sont engagées dans cette dynamique, car ce sont elles les premières victimes de la crise.

Depuis 2012, les femmes de la région ne font que parler de paix, de réconciliation et de sécurité. Il est temps de se mettre dans l’action pour y arriver.

Les populations ont tant souffert et continuent de souffrir de l’insécurité. Mais grâce à Dieu et à l’implication de tous les acteurs, de la CMA, des FAMAs, des chefs religieux et coutumiers, des élus, Tombouctou retrouve peu à peu sa joie de vivre.

Il faut que les gens se parlent et s’entendent pour gagner le pari de la paix. Tant qu’il y a la concertation, on trouvera toujours la solution.

Il faut aussi un engagement sans faille dans l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix qui est un instrument essentiel du processus en cours. Je pense qu’en poursuivant les efforts en cours, de part et d’autre, Tombouctou renouera de nouveau avec la paix.»

  » Ce que les femmes peuvent faire pour ramener la paix, les hommes en sont souvent incapables « 

Je suis très contente de la grande mobilisation et des retrouvailles à l’occasion de ce congrès du MAA. Je suis heureuse dans la mesure où les gens se sont parlés et se sont compris.

Pour l’occasion, vous avez vu comment la ville de Ber a affiché un visage des grands jours. L’ambiance était festive et joyeuse. L’accueil a été chaleureux malgré le nombre de participants qui a dépassé nos estimations.

Grâce à ces échanges et discussions, beaucoup de divergences ont été levées. Pour le règlement définitif de la crise que traverse notre pays, je demande à l’Etat et aux mouvements armés d’impliquer davantage les femmes. Nous avons nos astuces pour régler tous les différends. Ce que les hommes n’ont pas forcément.

La femme doit avoir plus de responsabilités pour construire le pays et aller de l’avant. Ce que les femmes peuvent faire pour ramener la paix, les hommes en sont souvent incapables. Nous sommes patientes et nous avons une grande capacité d’écoute ce qui peut permettre d’apaiser des tensions.»

Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, chef de la tribu Kel Antassar et Alliés

 » Tous les discours que j’ai écoutés n’ont parlé que de paix, de la réconciliation, de la cohésion sociale et du vivre ensemble « 

e J’ai toujours œuvré pour la paix. J’ai participé à ce congrès pour répondre à l’invitation que m’a adressée le secrétaire général du MAA, Sidi Brahim Ould Sidatty. J’avoue que dans tous les discours des chefs de mouvements, la paix, le vivre ensemble et la cohésion sociale sont ressortis à plus d’une fois.

Ce qui me réconforte et me donne de l’espoir quant au retour de la paix. Ce que je souhaite le plus pour le Mali c’est que la paix revienne et que nous  soyons unis. Il faut que tous les Maliens et les Maliennes œuvrent pour la paix. La paix a aussi besoin de sacrifices.

On ne peut pas vouloir la paix et rester à Bamako. Il faut se déplacer sur le terrain  pour rencontrer les populations afin de faire remonter leurs calvaires. Que les ministres qu’on nomme se déplacent à l’intérieur du pays.

C’est inutile de rester à Bamako et n’écouter que les réseaux sociaux pour prétendre connaitre ce qui se passe à l’intérieur du pays, surtout au Nord.

Il faut avoir le courage de se déplacer sur le terrain pour parler à tout le monde, même aux rebelles. Lorsqu’on m’a invité à venir, je n’ai pas hésité à le faire pour dire aux rebelles que je suis Malien et non Azawadien et que je n’aspire qu’à la paix comme la majorité des habitants de Ber.

Ceux qui souffrent le plus de cette situation ce n’est pas le gouvernement ni les mouvements armés, mais les civils. Je demande donc aux ministres d’effectuer le déplacement vers ces régions du Nord pour apporter des réponses aux préoccupations des populations».

Massiré Diop, envoyé spécial

Source: l’Indépendant