Les Assises nationales de la refondation (ANR) doivent être le tremplin pour créer les conditions du retour de l’administration en vue d’atténuer le calvaire de la population lié à l’absence de l’État dans certaines parties du territoire national dont le contrôle échappe au pouvoir central. Les conséquences de ces situations, en plus de priver les citoyens de l’exercice de certains droits fondamentaux comme à l’éducation, à la santé, attisent également la violence.

Après un retour à l’accalmie, les nouvelles autorités de la transition, conformément à leur promesse, doivent créer les conditions du retour de l’État sur l’ensemble du territoire national dont une partie échappe encore à son contrôle. C’est en substance le cri de cœur des populations qui attendent toujours, depuis 5 ans, les dividendes de la paix en dépit de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.

Youssouf Diallo, fait partie de milliers de citoyens ayant fui leur terroir, pour se préserver de l’insécurité et des diktats des terroristes. Cet habitant de la commune de Ouatagouna déplacé à Gao depuis plusieurs mois déplore l’absence des services de l’administration chez lui, à l’instar de nombreuses autres communes du pays.

« A cause de l’insécurité, les écoles sont fermées à Ouatagouna. Des terroristes pendant très longtemps se sont opposés à l’ouverture des classes », a déclaré le jeune Diallo, la gorge nouée. Conséquences : des dizaines d’enfants sont privés de leur droit fondamental à l’éducation.

Par ailleurs, il dit avoir l’espoir que certains d’entre eux pourraient avoir la chance d’étudier cette année. « Nous sommes ravis de constater que la montée en puissance de l’armée nationale fait des effets positifs. De plus en plus, la peur est en train de changer de camp. C’est pourquoi, des efforts sont en cours pour que les élèves de Ouatagouna du second cycle puissent poursuivre l’année scolaire à Labbezenga qui dispose d’un camp militaire pour sécuriser la ville», a-t-il affirmé.

Si des efforts doivent être consentis notamment au niveau scolaire et sécuritaire, il se réjouis des actions au plan sanitaire avec l’appui des Organisations non gouvernementales (ONG) qui équipent les structures de santé.

Situation presque similaire. Hamidou Guirou et sa famille de 4 personnes se sont déplacés à Bamako craignant les représailles des conflits intercommunautaires dans la région de Mopti. Deux de ses enfants étaient des écoliers. Ils ne fréquentent plus l’école. Le chef de famille, qui cherche à s’insérer dans sa nouvelle société en attendant, espère un jour retourner dans son village natal dès que les conditions de sécurité soient réunies.

« Maintenant dans notre village, les défis sont énormes. A cause de l’insécurité, il n’y a presque rien. Pas d’école. Nos femmes et leurs accompagnateurs sont souvent attaqués en train d’aller aux centres de santé. Une situation qui obligeait les femmes à accoucher dans les villages dans les conditions très difficiles », a indiqué M. Guirou, il y a quelques semaines.

Il dit être convaincu que la présence de l’Etat, à travers son armée, auprès de la population allait atténuer leur calvaire. Et cette absence est un motif pour des agents de l’administration publique de regagner leur poste. Ces faits sont corroborés dans le dernier rapport des Nations unies sur le Mali publié en octobre dernier.

« Aucun membre des autorités judiciaires n’a été redéployé dans le centre du pays en raison de l’insécurité qui y règne toujours ainsi confirme le rapport que de l’absence ou de la faiblesse des services administratifs de l’État dans les zones concernées », confirme le rapport de l’ONU.

Le document onusien précise par ailleurs qu’à Ménaka les actes de banditisme à main armée à exacerber à cause de l’absence persistante d’autorités judiciaires. Autre implication de la non présence de l’Etat dans certaines zones est l’augmentation du nombre d’attaque contre des civils dans la région de Mopti qui est passé de 307 entre la fin mars et la fin mai à 326 pendant la période du 26 mai au 26 août, au cours de laquelle 181 personnes ont été tuées, 145 blessées et 178 enlevées.

Face à ces situations, pour de nombreux observateurs, l’une des priorités majeures de l’État malien doit être le rétablissement de la présence et les fonctions régaliennes des instances de gouvernance constituées par les démembrements de l’État central et les collectivités locales, afin de rétablir la fourniture de services de base, de contribuer au retour de la paix et d’organiser le relèvement économique de ces communes.

« Sans la présence de l’État, il va impossible de maintenir la stabilité. Car, il appartient à l’État d’imposer l’ordre, la justice et de créer les conditions du retour à une vie normale. Par contre, son absence est synonyme d’anarchie où les plus forts s’imposent aux faibles », a indiqué Séga Diallo, responsable politique.

Selon lui, si la transition est parvenue à tenir les assises nationales, il ne doit pas avoir de blocage pour le retour de l’administration dans les zones où elle n’est pas présente. Il doit est considéré comme les premiers signaux du nouveau départ ( Mali Kura) afin de permettre à la population de sentir la présence de l’Etat à ses côtés.

Le préalable de cette présence de l’administration doit passer par la sécurisation des communes par l’armée nationale. Parce que sans elle, il est difficile de concrétiser les autres aspects de redéploiement de l’administration publique. C’est pourquoi, les assises nationales de la refondation en cours doivent être un tremplin en vue d’exiger au pouvoir central de réunir les moyens du retour de l’administration dans les zones où elle est absente. Parmi les conditions, il y a la construction ou la rénovation de certains bâtiments qui ont été endommagés.

Source: Info- Matin