Pour la énième fois, le retour de l’administration à Kidal est encore annoncé pour le 15 septembre 2019. Cela voudrait –il dire que tous les obstacles ont-ils été levés pour ce faire ? Nous en doutons, car I.B.K son gouvernement et les Nations Unies d’un côté et la CMA de l’autre côté n’ont pas le même agenda.

Le régime d’I.B.K a mis le Mali dans un profond piège. Cela risque d’être trop pour en sortir. Il s’agit de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger qui est pratiquement impossible à cause de son contenu dont les points les plus saillants et dangereux pour l’unité, l’intégralité du territoire sont :

  • L’Accord du 15 mai est reconnu « fondamentalement insuffisant » au regard des « revendications du peuple de l’Azawad ». En clair, ce que le Mali a signé le 15 mai 2015 n’engage que lui: les rebelles, eux, ne reconnaissent que les nouvelles clauses approuvées par l’Avenant du 20 juin 2015.
  • L’Azawad est reconnu comme « entité politique, juridique et territoriale ». Cette disposition fait passer l’Azawad pour un mini-Etat fédéré ou, à tout le moins, pour un territoire autonome,contrairement, comme le gouvernement a tenté de le faire croire, un simple terroir socio-culturel comparable au Banimonotié, au Ganadougou, au Kharta, au Khasso ou encore au Kénédougou.
  • Le Mali s’engage « à reconnaître et à réparer les crimes qu’il a commis depuis 1963 dans l’Azawad ». Bien entendu, aucune réparation n’est due par les rebelles séparatistes et terroristes azawadiens qui ont allègrement pillé, violé et amputé les pauvres citoyens maliens du nord depuis 1963!
  • La CMA est appelée à « demeurer dans sa mission primordiale de défense et de lutte pour les aspirations du peuple de l’Azawad ». En clair, la CMA est reconnue comme une armée légitime au service de l’Azawad dont on sait qu’elle aspire à l’indépendance !
  • Il est décidé la « création d’une assemblée régionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques de l’Azawad »: cette disposition regroupe tout le nord (deux tiers du Mali) pour le soumettre à l’autorité légale des groupes armés qui, du fait de leur supériorité militaire, ne manqueront pas de contrôler l’« assemblée régionale » prévue !
  • Le Mali accepte de « surseoir à l’organisation de toute élection jusqu’au retour des réfugiés et jusqu’à la mise en œuvre du nouveau découpage » territorial. On comprend maintenant pourquoi les rebelles s’opposent à toute élection dans le nord, y compris aux régionales avortée pour du 17 décembre 2017!
  • Le Mali accepte de « prévoir et déterminer le quota qui sera affecté à l’Azawad pour les départements de souveraineté, les grands services de l’État, les représentations diplomatiques et les organisations internationales ». Vous l’aurez noté: les rebelles de l’Azawad ne se contentent pas de garder le nord sous leur coupe exclusive; ils auront aussi un « quota » d’ambassadeurs, de consuls et de ministres. Et pas n’importe quels ministres: des ministres de « souveraineté » comme ceux de la Défense, de la Justice, des Affaires Etrangères ou de l’Administration Territoriale. Il ne faut donc plus exclure de voir un jour Algabass Ag Intallah  nommé ministre de la Justice ou de la Défense du Mali!
  • « Les forces de défense et de sécurité à l’intérieur de l’Azawad seront composées à 80%de ressortissants de l’Azawad ainsi qu’au niveau des postes de commandement ». Cette disposition consacre la mainmise militaire de la CMA sur tout le nord. Avec 80% des soldats et chefs militaires, quel gouverneur élu pourrait-il leur tenir tête ? Comment parler d’« armée malienne » quand le Mali ne détient que 20% des effectifs et des commandants militaires déployés au nord?
  • « Pendant la période intérimaire, mettre en place des unités spéciales mixtes comprenant 80% de ressortissants de l’Azawad ». Cela signifie qu’en attendant la mise en place effective de l’armée hégémonique azawadienne, des unités militaires mixtes feront la loi au nord, composées de 80% de rebelles. Vous voyez maintenant pourquoi, malgré la propagande officielle du régime d’I.B.K, les patrouilles mixtes n’ont jamais pu fonctionner!
  • « Les zones de défense et de sécurité seront sous le commandement d’un ressortissant de l’Azawad ». C’est-à-dire que l’autorité militaire suprême du nord sera exercée par un officier issu des groupes armés rebelles!
  • « La CMA définit elle-même la liste des combattants et détermine leur grade » dans le cadre de leur intégration dans « l’armée nationale reconstituée ». En clair, si la CMA veut ériger un berger touareg ou arabe au rang de général ou de colonel, elle n’aura qu’à le dire!
  • « Considérer la création et l’utilisation de milices comme un acte criminel ». Sous ce chapitre, la CMA engage le Mali à livrer la guerre à tous les groupes d’autodéfense pro-Mali, en particulier le GATIA, le Ganda Koy et autres Ganda Izo.
  • « Le mécanisme opérationnel de coordination (MOC) sera présidé par la MINUSMA et coprésidé par les deux parties » (Mali et CMA). Par conséquent, la CMA et le Mali font jeu égal, donc de grades égaux.
  • «Affectation d’un fonds spécial pour l’Azawad sur le budget de l’État à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans ». Ainsi donc, l’Azawad (1. 293. 000 habitants, soit 9% de la population nationale) raflera 40% du budget national pendant 20 ans ! A ce train, nous autres du sud (14 millions d’habitants) finirons bien par brouter de l’herbe ! La CMA a gagné, en définitive, le beurre, l’argent du beurre, la vache et la laitière!
  • «Exploitation des ressources minières et énergétiques de l’Azawad soumise à l’autorisation préalable de l’Assemblée inter-régionale, après avis de l’Assemblée régionale. Un quota de 20% de la production sera affecté à l’Azawad avec priorité à la région concernée ». C’est entendu: sans l’autorisation des rebelles, aucune ressource du nord ne peut être exploitée. Et s’ils donnent leur autorisation, le Mali devra reverser à la « région concernée »20% des ressources exploitées. Alors, de quoi le budget national se nourrira-t-il ?

Nous avons été surpris par la réaction du Gouvernement malien et de la médiation internationale à la suite de la profanation du drapeau du Mali à Kidal. Cela n’est pas la  première du genre. Rappelons qu’après des jets de pierres contre les FAMA en novembre 2013 en prélude à la visite du Premier Ministre Oumar Tatam Ly, il y a eu l’assassinat des membres de la délégation en mai 2014 à la suite de la visite de Moussa Mara à Kidal. Tous ces actes de sabotage doublés d’actes criminels  n’ont jamais été punis. Mieux c’est le même I.B.K qui   invite à Koulouba, les mêmes bandits  pour couper le jeun  et les gratifier de sommes importantes après le diner. Comment dans ces conditions, I.B.K peut-il nous faire croire qu’il n’est pas fou du pouvoir, mais plutôt du Mali !

Qui peut mieux décortiquer cette forfaiture d’I.B.K mieux que Tiékorobani et Abdoulaye Guindo du journal Procès-verbal sur les 15 exigences inadmissibles des rebelles acceptées par le Mali, mais inapplicables en réalité voici les 15 points concernés :

Les tentatives avortées d’un retour de l’administration à Kidal, ont amené le gouvernement a faire appelle à l’ONU pour des sanctions pour entrave à la bonne marche du processus de paix notamment le retour manqué de l’administration. Le retour de celle-là dans la 8ème région administrative a été maintes fois annoncé et mieux, le gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga,installé  le 11 avril 2017, en a fait une priorité dans sa Déclaration de Politique Générale (DPG) devant les élus de la nation. Pour faciliter ce retour, le PM avait donc nommé une commission de bons offices, dirigée  par l’imam Mahmoud Dicko et Amey Niang , avec comme objectif le retour de l’administration le 20 juillet 2017.

Dans leur déclaration, ils ont réitéré leur option pour le retour des enseignants, une prise en charge régulière des cantines scolaires et c’était les mêmes populations qui avaient manifesté en octobre 2017 contre la présence de l’Etat dans cette ville.

La situation est alarmante dans la région du Nord et elle s’est empirée depuis quelques mois. Les mouvements armés qui s’identifient comme Groupes djihadistes empêchent tout retour de l’Administration. Face à l’absence sur le terrain de l’Armée malienne, ces groupes règnent en maître dans la Région.

C’est le cas depuis la signature de l’accord dit d’Alger, à la suite duquel le drapeau du Mali n’a jamais flotté sur les toits   des services à Kidal, au contraire, on le brûle au su et au vu de tous les responsables politiques du Mali et la Communauté Internationale sans aucune réaction. Également la soi-disant indépendance de Kidal est fêtée tous les 6 avril de l’année en cours à Kidal, défiant les  autorités maliennes présentes  dans  la zone. Les soldats maliens sont interdits depuis le 21 mai 2014 de mettre pied à Kidal. Le Président I.B.K et sesPremiersMinistres pour se rendre à Kidal doivent demander l’autorisation à la France et à la CMA, avec en sus des centaines de millions de F CFA à l’appui. Ils sont sécurisés pendant leurs séjours par les combattants de la CMA. Où est donc la sincérité qui a fait la réputation des responsables politiques maliens par rapport aux intérêts de la République face aux agissements de la Communauté Internationale et de la France ? La gouvernance d’I.B. K, n’a jamais été un répondant. Elle se laisse trimbaler par la France, les Nations-Unies et la CMA à chaque étape de la mise en œuvre de l’Accord. Que dire de la CMA qui manque de sincérité sur toute la ligne. C’était le cas lors de la signature de l’Accord du 15 mai2015 à Bamako, c’était le cas tout récemment lors du Forum de Kidal, que l’État a financé à 100% à coût de 400 à 500 millions FCFA pour se voir ensuite mis à l’index.

Où est donc le sérieux de la gouvernance de nos hauts responsables sous le régime d’I.B. K ?

Badou  S KOBA

Source: Le Carréfour