Le premier tour de l’élection des députés s’est déroulé le dimanche presque sur toute l’étendue du territoire national y compris dans les localités qui sont sous le contrôle de la Coordination des mouvements armés (CMA). Cela, sans qu’aucune des conditions posées par la CMA ne soit respectée par l’État. Alors, la décision de boycotter ces élections était-elle une autre farce ou de la surenchère pour ce groupe armé ?

 

Le gouvernement a adopté le 22 janvier dernier, le décret portant convocation du collège électoral pour le renouvellement de l’Assemblée nationale. Cette décision intervient après deux reports. Et au plan national, des hommes politiques ont vivement dénoncé la volonté du gouvernement de tenir à tout prix ces élections au risque de se buter à une question de légitimité des députés issus de ces compétitions électorales.

C’est dans la foulée de la convocation de ces législatives dont le 1er tour s’est tenu ce 29 mars 2020, la Coordination des mouvements armés (CMA), comme dans ses habitudes, a réagi, à travers un communiqué. La CMA, dans son communiqué, exprimait son indignation et son désarroi quant à la tenue de ces élections sans au préalable l’application de certains engagements de l’État dans l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.

Ainsi, les ex-rebelles exigeaient notamment la prise en compte des nouvelles régions créées dans l’organisation des élections. Il s’agit en occurrence des régions de Ménaka, de Taoudenit. A part ces deux localités, le mouvement armé n’a fait allusion à aucune autre région. Et pourtant, il y a d’autres régions nouvellement créées au-delà de ces deux circonscriptions administratives. Pour le gouvernement, cela ne serait pas possible.

De même, ils demandaient des garanties pour permettre aux personnes déplacées de participer au vote de ce 29 mars. Pour la CMA, ces conditions étaient non négociables et sans lesquelles, elle renonçait à aller aux urnes. Autrement, les zones sous contrôle de la CMA ne voteraient pas lors du scrutin du 29 mars 2020.

« La CMA informe l’opinion nationale et internationale, conformément à toutes les positions observées depuis 2017 dans ce cadre qu’elle ne peut participer dans les conditions du calendrier actuel à des élections dont le collège est déjà convoqué pour un premier tour du scrutin fixé au 29 mars 2020 », indiquait le communiqué des ex-rebelles.

Menace, intimidation ou chantage ? En tous cas, quelques semaines après cette déclaration assumée par les responsables de la CMA, la réalité sur le terrain était tout autre. En effet, ces élections se sont tenues sur l’ensemble du territoire national à part, dans quelques communes où elles n’ont pas pu se tenir, à cause de l’insécurité.

Contrairement à sa déclaration, la CMA a bel et bien participé à ces législatives, sans qu’aucune des conditions qu’elle avait posées au préalable ne soit observée ou respectée par l’État. Il n’y a pas eu de vote pour les déplacés. À ce jour, ils sont estimés à de milliers de personnes majoritairement des enfants et des femmes. Aussi, ces élections ont été tenues à Ménaka et à Taoudenit en tant cercles et non des régions contrairement aux exigences de la CMA. Et paradoxalement, les ex-rebelles en plus de participer au processus de vote avaient même leurs candidats en lice. Or, un adage nous enseigne qu’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. La situation démontre combien les éléments de la CMA manquent généralement de sérieux et de cohérence dans leurs revendications. Encore plus, elle fait preuve de manque de logique et de constance dans ses approches.

Par Sikou BAH

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