La MINUSMA, la mission onusienne, prétend déployer ses troupes dans la région de Mopti pour sécuriser la population civile. Pendant plus de deux ans, la MINUSMA avait été sourde à tous les appels lui demandant de mobiliser sa dizaine de millier de combattants dans les régions de Mopti et Ségou pour protéger la vie des civils. Elle vient de s’engager après le massacre de plus de 170 personnes dans le village d’Ogossagou dans le cercle de Bankass.

L’opinion malienne retient cependant de la MINUSMA l’image d’une force qui est loin de son objectif de stabilisation du Mali dont l’état de dégradation sécuritaire ne fait que s’aggraver. Arrivée au Mali dans la foulée de l’intervention des armées française et africaine en 2013, la force onusienne n’a pas permis au pays de retrouver la stabilité escomptée malgré l’imposant moyen matériel et humain dont elle dispose.

Au lieu de mettre l’Etat malien dans son droit d’avoir le monopole de la violence, les casques bleus sont apparus au Mali comme un handicap. L’ONU dont ils dépendent a eu la mauvaise idée de se porter garante des milices armées qui avaient combattu l’Etat central en 2012 aux côtés des groupes djihadistes dont AQMI et MUJAO qui ont occupé les régions du nord et martyrisé la population locale.

Ces milices qui n’ont pas été obligées de déposer leurs armes par la MINUSMA en vertu de l’accord d’Alger ont fait des émules. C’est en raison de la protection offerte par l’ONU que les groupes armés ont gardé leurs positions sur le terrain, dans certains cas ils ont même conquis des positions en délogeant les forces régulières comme c’est arrivé à Kidal en 2014.

Les groupes armés protégés par la MINUSMA n’ont jamais renoncé à leur prétention d’indépendance. Pas plus tard que le 6 avril, le MNLA a célébré à Kidal l’anniversaire d’indépendance de l’AZAWAD. Pourtant, dans l’accord qui leur a permis de garder une position confortable ils reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali.

Le drame de l’histoire de la MINUSMA est qu’elle avait été prévenue du danger dans la région de Mopti. Elle a vu naitre les milices qui se sont livré à des tueries en masse, mais elle n’a pas été proactive afin de couper l’herbe sous les pieds des tueurs qui sont aujourd’hui devenus incontrôlables. La mission onusienne n’avait pas d’arguments suffisants pour refuser de déployer ses troupes au plus près des populations en détresse.

Beaucoup de Maliens pensent que la décision récente de la MINUSMA d’amener les casques bleus dans les cercles de Bankass et de Koro est un grand bluff. En attendant, les meurtres continuent dans cette zone, les communautés Peule et Dogon s’accusent mutuellement dans une série d’attaques et de représailles.

 Dougoufana Kéita

Source: La Sirène