Les populations de la région du sel vont-elles parler le même langage ? C’est la question qui taraude sans doute le gouverneur de cette région, Mohamed Abdrahmane Meydou, qui, depuis la semaine dernière affronte à la fois les contestations et le défi de fédérer les tendances au nom du seul challenge qui vaille : le développement d’une région naissante.

Deux courants opposés se sont en effet succédé sur l’arène de la démonstration de masse, la semaine dernière, en battant chacun le pavé à Tombouctou, ville qui héberge la quasi-totalité des services administratifs de Taoudeni. La première vague, celle des contestataires menés par un certain Ould Bagna, réclamait la révocation du gouverneur à coups de d’énonciations d’une gestion qu’ils jugent calamiteuses, tandis que le camp favorable affiche soutien et promesses d’accompagnement à l’exécutif régional conduite par le Général Meydou. Le fossé entre les deux tendances rivales s’est sans doute creusé avec les enjeux communautaristes de la mise en place des différentes instances de décision de la région naissante.

À l’instar d’autres régions du pays, en effet, la nouvelle région de Taoudenit est appelée à instaurer les autorités intérimaires conformément aux prescriptions de l’Accord pour la paix issue du processus d’Alger. De par sa structuration administrative, elle compte 37 collectivités réparties dont une (1) collectivité au niveau régional, six (6) au niveau cercle et une trentaine (30) de collectivités communales. Au jour d’aujourd’hui, seule les autorités intérimaires de la région et de trois autres collectivités ont été installées, explique ainsi un des conseillers spéciaux au gouvernorat de Taoudenit, ajoutant que le retard qu’accuse l’effectivité des différentes collectivités a trait au manque de consensus entre les parties signataires de l’accord, à savoir : la partie Gouvernementale, la CMA et la Plateforme.

Quant à la goutte d’eau ayant fait déborder le vase, elle est consécutive à la récusation de certains membres du collège transitoire régionale par le Collectif pour la promotion de la paix et la justice. En clair, la mesure réglementaire y afférente est taxée de partisane par ses contempteurs, qui ont pris d’assaut les locaux du gouvernorat, exigeant la suppression du décret portant nomination des membres de l’autorité intérimaire, à coups de slogans brandis hostiles au gouverneur Mohamed Abderhamane Ould Meydou.

Le collectif ne représente naturellement pas l’ensemble des composantes communautaires qui forment la Région du Sel. Et pour cause, un autre groupe est sorti de sa réserve dès lendemain de la première manifestation pour réaffirmer son adhésion aux autorités transitoires dont la nomination a présenté par beaucoup comme une démarche décisive dans l’opérationnalisation d’une région partie presque du néant. Ils défendent quant à eux l’impartialité du gouverneur et estiment que le collège transitoire obéit aux dispositions de l’Accord pour la paix en vertu duquel l’installation des différentes équipes ainsi que la désignation de leurs membres respectifs reviennent à la partie gouvernementale.

Qui plus est, l’ensemble des acteurs concernés avaient été néanmoins impliqués au processus, à la faveur d’une assemblée générale où l’opportunité leur était offerte de faire des propositions de listes de personnes susceptibles de siéger au collège régional. Il va sans dire que les choix étaient loin de l’arbitraire que dénoncent les adversaires du Général Meydou. La contre-marche, pour ses organisateurs, est donc une manifestation salutaire qui traduit la tendance largement dominante des satisfactions qu’éprouvent les communautés de la région ainsi que leurs attentes de voir le gouvernement accélérer la mise en marche du train du développement de Taoudenit. Pour ce faire, il va falloir circonscrire les considérations claniques et tribales sur fond de rivalités opposant les Ouleid Oumran et alliés aux Ouleid Idriss et Ouleid Iche, estime un autre interlocuteur du nom de Attaher Ould Arwata.

Quoi qu’il en soit, la composition et le fonctionnement du collège ne sauraient obéir à une règle de préférence ethnique là où les principes démocratiques et la démarche participative devraient être de mise. Capituler devant cette évidence c’est dévier du devoir de fédérer l’ensemble les forces de la région naissante autour de son développement harmonieux. C’est pourquoi le Général gouverneur Ould Meydou s’est choisi comme credo l’élévation et la prise de hauteur qui consistent à préférer le profil bas face aux agitations, au nom du défi historique d’ajouter la prouesse politique à ses nombreux hauts faits et faits d’armes.

 

Albakaye B Cissé, correspondance particulière

Source: Journal Le Témoin- Mali