Alors que le Mali traverse une crise sécuritaire sans précédent, un opérateur économique continue d’introduire discrètement sur le territoire malien près de 40 000 fusils et des tonnes d’explosifs sous le regard indifférent des plus hautes autorités. Que se passe t il donc ?

On n’a désormais pas besoin de chercher à savoir comment les « djihadistes » et les bandits armés s’approvisionnent en armes. C’est le gouvernement du Mali lui-même qui en a autorisé l’importation. Pourquoi ?

Ce sont au total 40 000 fusils de chasse perfectionnés que l’opérateur économique Baba Mangané est en train d’importer au Mali et en toute légalité.

En effet par un document signé et cacheté, en date du 20 Mars 2014, le ministre de la sécurité a autorisé  un certain Baba Mangané, commerçant import export d’exercer le commerce de fusils de chasse perfectionnés. Le document précise que cette autorisation court jusqu’à « l’épuisement total de la quantité importable ».

C’est donc muni de ce fameux document que l’opérateur en toute légalité continue d’importer ces armes qui selon nos sources proviendraient du Liban. Pourquoi accorder une telle autorisation en cette période d’insécurité généralisée ? Où vont ces armes ? Pourquoi le gouvernement ferme t il les yeux sur ce trafic ? A quelle fin ?

Pourtant, le même opérateur économique était au centre d’une scabreuse affaire de trafic d’arme au Sénégal.

En effet, en septembre 2014, la presse avait révélé une affaire relative à un mystérieux navire qui avait coulé aux larges du Sénégal alors qu’il avait été saisi par la douane maritime de ce pays.

A l’époque, selon des sources proches de l’affaire, il s’agissait de 8000 fusils de chasse et 37920 kg d’explosif et 20 27600 cartouches.

Les agents sénégalais avaient  reproché à l’importateur des crimes de contrebande et avaient déclaré la saisie de la marchandise d’une valeur  2 446 560 FCFA et confisqué le moyen de son transport, donc le bateau estimé à 500 millions de FCFA. Ce n’est pas tout, le trafiquant avait été condamné au paiement d’une amende légale égale à la valeur des objets confisqués soit 2 milliards 956 millions cinq cent soixante mille FCFA.

Curieusement, quelques semaines seulement après l’éclatement de l’affaire, le navire en question MV Seasoul 1 a mystérieusement coulé  dans les eaux de l’Île de Gorée, ayant à son bord 37 containers. C’était exactement le 14 Aout 2014 deux jours seulement après la saisie.

Suite à la scabreuse affaire, une procédure judicaire dont nous n’avons aucun secret a été engagée entre l’opérateur Baba Mangané et les autorités sénégalaises.

Pourtant, l’opérateur économique détient bien une autorisation signée en bonne et due forme par l’ancien ministre de la sécurité, Feu SadaSamaké.

Dans ledit document, il est précisé que cette autorisation reste valable « jusqu’à l’épuisement de la quantité importable ».

Il y’a juste quelques semaines, ayant visiblement abonné la, voie maritime, l’opérateur a réussi à importer environ 2000 armes par voie aérienne, sous le regard indifférent des autorités. Des autorités qui n’ont aucun moyen de contrôle sur la destination de ce stock. Le minimum de prudence voudrait aujourd’hui que le gouvernement malien prenne des dispositions pour interdire l’importation et le commerce d’armes à feu dans notre pays.

Aujourd’hui, qui connait le nombre d’armes à feu qui circule illégalement au Mali, un  pays dans lequel les conflits armés continuent de faire des centaines de victimes ? Personne. Qu’est ce qui peut justifier l’introduction d’une telle quantité d’armes et de munitions au Mali ?

Il est temps que certaines  autorités soient plus responsables pour éviter à notre pays l’irréparable.

Harouna  Niang

 

Source: La Dépêche