25 mars 2020-13 août 2020. Cela fait 143 jours, bientôt cinq mois, que le leader de l’opposition malienne, Soumaila Cissé a été kidnappé à Niafunké par des hommes armés. L’homme politique de 71 ans est toujours entre les mains de ses ravisseurs et ses proches craignent qu’il ne lui arrive malheur. Retour sur cet enlèvement sans précédent d’une personnalité politique de sa trempe, depuis le début de la crise dans notre pays.

 

A la tête d’une délégation de 16 personnes se rendant à Koumaira, dans le Cercle de Niafounké, Soumaila Cissé et ses accompagnants ont été violements attaqués le 25 mars vers 17h par des hommes armés. Ce qui s’est soldé par des tirs sporadiques sur les véhicules qui les transportaient, tuant son garde du corp et blessant 03 autres personnes. Les autres membres de la délégation sont libérés au compte-goutte quelques jours après. 143 jours après, l’honorable Soumaila Cissé est encore entre les mains de ses ravisseurs.

Les initiatives pour le retrouver

Une cellule de crise a été mise en place par le gouvernement malien. Elle est présidée par Ousmane Issoufi Maiga, ancien Premier ministre et chef de la cellule de crise chargée de négocier la libération de Soumaïla Cissé. Le premier vice-président de l’URD, Pr. Salikou Sanogo, est membre de cette cellule de crise. Ce comité a pour mission, selon le gouvernement, “d’assurer la coordination de l’ensemble des actions en vue de la libération du chef de file de l’opposition politique”.

Le jour des législatives, quatre jours après le rapt, le président Ibrahim Boubacar Kéita assurait à la sortie de son bureau de vote : “nous souhaitons de tout cœur que Soumaïla Cissé retrouve très vite la liberté. Nous ne ménagerons aucun effort pour obtenir sa libération”.

“Soumaïla Cissé est en vie.  Et s’il plaît à Dieu, il reviendra bientôt “. C’est l’annonce faite par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta le 16 juin dernier au CICB, en pleine crise politique. A l’occasion de la fête de la Tabaski, le président de la République a assuré que « tous les efforts étaient faits pour que Soumaïla revienne dans les meilleurs délais ».

Toutefois, ces déclarations ne semblent pas satisfaire tout le monde. Mohamed Amara, sociologue malien pense que dans cette affaire « un point de non-retour a été atteint ». “Ces preuves de vie arrivent malheureusement trop tard et le point de non-retour a été atteint. Loin de rassurer, cela a plutôt accentué le climat de suspicion. Aujourd’hui les Maliens ont besoin de choses concrètes et visibles, ils ne croient plus les politiques. Si ces preuves de vie existent, alors il faut les montrer. Pour le moment ça reste du discours”, déplore le sociologue.

Appel à sa libération

Plusieurs personnalités africaines et de la diaspora, hommes politiques, intellectuels, membres de la société civile appellent à sa libération sans condition.

L’Assemblée parlementaire de la Francophonie, le Parlement panafricain, l’Union parlementaire africaine, la CEDEAO ont lancé des appels aux autorités maliennes et aux forces de maintien de la paix comme la Minusma et Barkhane, afin qu’elles multiplient leurs efforts pour sa libération.

“L’enlèvement de Soumaïla Cissé risque de créer des précédents graves et préjudiciables à l’entrave de l’exercice de parlementaires ou d’hommes politiques. Je souhaite vivement que les autorités maliennes puissent s’investir davantage pour la libération de Soumaïla Cissé dont la famille doit vivre des moments très difficiles actuellement”, affirme Roger Nkodo Dang, président du Parlement panafricain

Le pasteur baptiste américain Jesse Jackson, a appelé à sa libération dans un message personnel adressé au Président IBK. “J’exhorte S.E. Ibrahim Boubacar Keita, président de la République du Mali, les leaders communautaires et religieux, à travailler ensemble et à redoubler d’efforts afin d’obtenir la libération pacifique de M. Cissé”, écrivait le militant des droits civiques aux Etats-Unis.

Pour le moment, sa famille et ses amis restent accrochés aux propos d’espoir du Président de la République qui, sans doute, ne veut pas donner certains détails.

 

Akhimy Maïga

Nouvelle République