Il me plaît de partager ici avec vous une modeste réflexion sur quelques sujets d’actualité politique et sociale de notre pays.

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Le 22 Mars

L’ironie du sort a fait que cette date soit marquée par deux (02) importants événements de notre histoire politique : Le «Vendredi noir» en 1991 et le renversement du régime de Amadou Toumani Touré par le Capitaine Amadou Haya Sanogo. Si la circulation routière fut assez perturbée avant hier par endroits dans les communes II et III du District de Bamako à la faveur d’une marche pour commémorer le premier fait, nous avons assisté à un silence radio sur le second, dans l’objectif peut-être, de le gommer progressivement de notre mémoire collective.

Peine perdue ! Rien ne nous fera oublier l’effondrement de notre Etat comme un château de cartes en 2012 à cause des comportements antidémocratiques et antirépublicains de la majorité de ceux-là même qui ont marché pour magnifier la démocratie dont ils se sont en réalité servis pour sévir contre le peuple malien au profit de leurs intérêts personnels, familiaux, partisans et claniques.

Honneur aux repentants et à ceux d’entre eux qui ont fait leur mea-culpa et qui sont aujourd’hui plus que jamais décidés à se remettre au service du Mali pour se racheter. Que reçoivent aussi, ceux qui ont été exclus du système machiavélique des fauteurs ou qui ont préféré en sortir pour ne pas en avoir trop sur la conscience et devant l’histoire. Le 22 Mars 2012 n’est pas encore loin et nous n’avons apparemment tiré aucune leçon de ce qui nous y a conduits pendant que s’il est une vérité largement partagée, c’est que les mêmes causes produisent généralement toujours les mêmes effets.

Les grèves

La grogne sociale issue de la frustration citoyenne est en train de livrer ses conséquences. Grèves des magistrats, des médecins et des enseignants, pour le moment. J’ai participé à une assemblée générale du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur le week-end dernier au cours de laquelle un militant a enrichi la terminologie syndicale à travers l’utilisation d’un nouveau concept. En effet, il a demandé à leur Comité Exécutif National (CEN) de déclencher une «grève illimitée et brutale» seul moyen pour lui, afin que l’Etat les prenne au sérieux…

Au-delà de la nature de ces contestations qui sont corollaires à la démocratie et à l’Etat de droit, deux (02) interrogations fondamentales nous sont venues à l’esprit : 1- La situation sécuritaire et économique précaire de notre pays est-elle propice à des revendications sociales ? 2- Ces mouvements de grève prouvent-ils que les frondeurs n’aient que cure de ce qui passe par exemple dans le nord et le centre de notre pays en termes de disparitions de nos soldats, d’exactions contre de paisibles citoyens et en termes de moyens financiers et matériels colossaux à mobiliser par l’Etat pour nous sécuriser du moment où nous savons que les conflits, sous toutes leurs formes coûtent excessivement cher ?

Les moments de dures épreuves que traverse notre pays devraient exiger de tous les Maliens imbus d’un minimum de patriotisme, de faire preuve de retenue et d’indulgence même dans la réclamation de ses droits les plus absolus. Mais en fait, le paradoxe entre notre fragilité économique et sécuritaire et le déclenchement des revendications sociales tient à l’incohérence de l’attitude inadmissible de certains de nos dirigeants et hommes politiques.

Vous ne pouvez pas crier sur tous les toits que l’Etat est en manque de ressources pour faire face aux défis sécuritaires et économiques et vous livrer au même moment à des détournements inouïs de fonds publics, à l’entretien de réseaux d’opérateurs économiques mafieux, à vous accaparer de presque tout et à vivre dans l’opulence soutenue par l’arrogance, au vu et au su de tout le monde et espérer que des citoyens, quotidiennement bafoués dans leur honneur et dignité, fassent preuve d’endurance vis-à-vis de leurs problèmes au non d’un amour pour le pays que vous désavouez chaque jour . Continuez, et ils continueront à vos risques et périls.

La Conférence d’Attente

Le Président Modibo KEITA mettait ces camarades politiques en garde contre les «petits arrangements au détriment des solutions de fond». Cette maxime doit être rappelée à nos dirigeants car cette conférence dite d’entente va plutôt agrandir le fossé de la mésentente entre les Maliens, si ce n’est déjà le cas. La solution de fond consisterait simplement à organiser une conférence nationale à la fin desquelles assises on tournerait purement et simplement la page de la troisième République pour la 4ème avec les fondements sociologiques et politiques d’un Mali nouveau.

Nous (la CPM) avons été avec certains de nos camarades de lutte (MP22 et COPAM notamment) à exiger ces assises populaires à l’image de celles de mars 1991 pour la renaissance de notre pays. Certains nous ont collé à l’époque toutes les étiquètes péjoratives, pour des raisons que nous avions comprises, avant de s’être résolus à réclamer récemment la même conférence, vu sa nécessité absolue. Tant mieux !

La Crise du Football

Nous partons des constats suivants :

-De 1960 à nos jours, soit 57 ans, notre équipe nationale majeure du football n’a jamais rapporté un trophée africain et n’a jamais été qualifiée à une coupe du monde.

-De l’arrivée à nos jours, de l’actuel ministre des sports à la tête de ce département, nos cadets, juniors et dames, en football en basket et dans d’autres disciplines sportives ont fait des émules sur les plans régional, sous-régional et même mondial. Que le ministre ait eu juste la chance d’être venu au bon moment et être au bon endroit pour être crédité de ces succès dont il ne serait point l’architecte, comme me l’a argumenté un tonton hier, n’enlève en rien son mérite dans les résultats obtenus.

-Nous constatons aussi que la Fédération Malienne de Football est une véritable mafia, contrôlée par une minorité qui s’est accordé des avantages et des privilèges (Comme presque partout dans notre pays), minorité qui a mis ses intérêts au-dessus de ceux de tout le pays.

-Nous savons aussi que le ministre a décliné l’offre de quelques dirigeants de la FEMAFOOT portant sur un important pactole d’argent (120.000.0000 de Francs CFA) qui lui a été proposé dès sa prise de fonction en guise de cadeau de bienvenue, une tradition instituée par la FEMAFOOT aux différents ministres des sports et dont les prédécesseurs de l’actuel ministre auraient tous accepté. Cette action salutaire de Poulo serait à la base d’hostilités ou plutôt de méfiance entre lui et la fédération dès le commencement de leur collaboration. (Hey, je ne suis pas du parti de Poulo et je ne l’ai rencontré qu’une seule fois en 2012 quand j’avais pris mon bâton de pèlerin pour aller demander aux jeunes candidats en lice à la présidentielle avortée, d’accepter d’aller en rang serré plutôt que dispersé au risque qu’ils se retrouvent avec des scores variant entre 0,1% et 2%…).

-Nous constatons enfin que la crise actuelle du football, pour laquelle toutes les voies de recours à l’amiable ont été épuisées en trois ans de médiation entretenue par le ministre, le Haut Conseil Islamique, l’Eglise, l’Assemblée Nationale, le Comité Olympique Nationale du MALI et même la FIFA, n’est ni plus ni plus moins que le résultat d’un conflit d’intérêts entre un maximum de 4 personnes. De tout ce qui précède, il faudrait bien qu’à un moment, des décisions courageuses, audacieuses et même douloureuses soient prises par le gouvernement en sa qualité d’organe d’exécution des politiques publiques pour libérer notre pays pris en otage par des individus et pour la satisfaction d’intérêts personnels. Notre avis sur ce point est que le ministre devrait agir, il faut le soutenir dans ce sens même face aux manipulations internes et à la décision d’une FIFA qui aurait pu s’assumer depuis belle lurette.

Soutien total au gouvernement dans sa gestion de la crise du football. Souveraineté oblige

Pour finir sur le football, nous devons prendre acte de la décision de suspension de notre pays par la FIFA afin de transformer cette crise en opportunité, du moment où elle s’impose désormais comme fait. Il faut en profiter pour nettoyer totalement notre fédération. Nous sommes des assoiffés du changement et nous attendons des actions similaires à celles posées par l’actuel Directeur Général de EDM pour lequel nous tirons le chapeau de passage.

Les élections présidentielles de 2018

Il faut d’abord miser sur l’hypothèse de son report à cause des énormes défis de sécurité internes, géopolitiques et géostratégiques auxquels notre pays est confronté. Nous avons d’ailleurs eu droit à une analyse du professeur Abdoulaye NIANG sur cette question, qui propose une Transition Organisée avec Méthode (TOM) qui durerait 2 ans, 2018-2020, pour nous permettre justement de nous réapproprier les principaux enjeux qui, jusqu’à preuve du contraire, menacent l’existence même du Mali.

Parallèlement à la logique précitée, c’est l’identité de certains candidats qui démontre clairement que le changement tant souhaité par les populations devient de plus en plus un mirage. Nous savons qu’IBK se représentera (la logique des choses exigerait le contraire) et le président du RPM nous a déjà informé qu’il sera réélu «Tchiki Nan Tchaka (Quel que soit ce qui arriverait d’après nos cousins Ivoiriens.) Les manœuvres politiques en cours corroborent bien cette affirmation.

De la cour faite à certains présidents de partis politiques moyens pour les supplier de ne pas se présenter contre IBK en 2018, en contrepartie de postes ministériels, au largage des différents Directeurs des finances et du matériel des départements ministériels en passant par la création d’un centre d’achat unique pour privilégier les opérateurs économiques qui financent le pouvoir bref, la machine de guerre pour la réélection du président de la République est en marche et il faudra plus qu’on ne puisse l’imaginer pour l’empêcher d’arriver à bon port. Le retour du Professeur Dioncounda Traoré comme candidat pour 2018 se précise aussi de plus en plus… Voilà le tableau qu’on est en train de nous peindre et qu’on nous demande d’admirer. Croyez-moi beaucoup de Maliens l’admireront.

Fabou KANTE

Président par Intérim de la CPM

Porte-parole du Mouvement Tabalé NSCM (Nouvelle Société Civile Malienne)