Alors que le débat fait rage sur la signature ce jeudi d’un accord politique diversement perçu, certains états-majors politiques ont tranché, non sans trahir de petits calculs politiciens cyniques.

Certaines mises au point indispensables dans la frénésie actuelle ont certainement mis un coup d’arrêt à la boulimie du pouvoir de partis politiques alimentaires dont tous les trémolos étaient dictés par la satisfaction d’un instinct grégaire.

La première déconvenue, apprend-on, est venue du côté de l’URD, le Parti du Chef de file de l’Opposition. Faisan montre d’une voracité hors du commun, il ambitionnait un accord avec le Président de la République. Un accord taillé sur mesure, puisque dans son document politique, il égrène ses prétentions. Le piège était béant pour que le Président s’y laisse prendre, les renvoyant plutôt au Premier ministre Boubou CISSE.

La deuxième désillusion pour beaucoup de formations politiques, c’est que l’Accord politique, à l’entendement de la Primature, ne porte pas sur la formation d’un gouvernement de large union, mais sur le Mali. Il y avait donc erreur sur l’objet.

La troisième déception, en rapport avec la deuxième, c’est que la signature de l’Accord politique n’est pas un ticket d’accès à l’attelage gouvernemental en gestation douloureuse. C’est ce que laisse l’article 19 de l’Accord politique : ‘’l’adhésion au présent accord ne constitue ni une garantie d’obtention de postes ministériels pour un parti ou un regroupement de partis ni une obligation de participation à l’action gouvernementale. Tous les signataires se verront, cependant, offrir la possibilité de contribuer à l’action du gouvernement incluant la haute administration’’.

Pour un Parti tel l’URD qui a joué solo quand ses intérêts du moment l’exigeaient, c’est l’effondrement de tout un échafaudage. Il a naturellement pris le large, à croire un post de Abdrahamane DIARRA, Président du Bureau Exécutif National de la Jeunesse URD : ‘’depuis plus d’une semaine, il y a eu plusieurs rencontres au sommet de l’URD notre parti pour prendre la décision d’entrer ou non au gouvernement en gestation. Après des échanges et analyses, il a été décidé que l’URD ne sera pas représenté dans le nouveau gouvernement. Puisque l’appartenance à ce gouvernement allait museler l’opposition, l’URD a préféré continuer à jouer son rôle d’opposant pour la consolidation de la démocratie et la sauvegarde des intérêts du peuple. Toutefois, l’URD ne signera pas l’accord politique, mais reste disponible pour prendre part au dialogue inclusif et au processus de réformes institutionnelles. Il est donc plus que nécessaire de remembrer nos structures pour renforcer le mouvement et relever les défis futurs’’.

Ce Parti qui, à en croire certaines sources, avait des prétentions très élevées fait face à d’autres empêchements dirimants qui lui ferment la porte du Gouvernement.   

Primo, en y entrant, il violerait le Statut de l’Opposition. En effet la LOI N° 2015-007/ DU 4 MARS 2015 PORTANT STATUT DE L’OPPOSITION POLITIQUE stipule en ses articles 2 et 6 : ‘’au sens de la présente loi, constitue l’Opposition politique tout parti politique ou groupement de partis politiques qui ne participe pas au gouvernement ou ne soutient pas l’action gouvernementale. Elle est parlementaire ou extraparlementaire’’ ; ‘’tout parti politique appartenant à l’Opposition politique peut soutenir l’action gouvernementale ou participer au gouvernement. Dans ce cas, il perd d’office sa qualité de parti politique de l’Opposition politique et fait une déclaration publique’’.

Secundo, il y a la perte d’avantages pour le Chef de file de l’Opposition qui se trouve être le Président de l’URD. Et pour cause, l’article 15 de la Loi précitée stipule : ‘’le Chef de file de l’Opposition politique a rang de ministre essentiellement au plan protocolaire.

Il dispose d’un cabinet dont la composition et les avantages sont fixés par un décret pris en Conseil des ministres.

Les crédits nécessaires à la prise en charge du Chef de file de l’Opposition politique et de son cabinet sont inscrits au budget d’État.

Article 16 : Le Président de la République et le Premier ministre peuvent associer le Chef de l’Opposition politique à l’occasion de la visite des personnalités étrangères au Mali.

Article 17 : Le Chef de l’Opposition politique peut être consulté par le Président de la République ou le Premier ministre, chaque fois que de besoin sur les questions d’intérêt national ou de politique étrangère.

Article 18 : Le Chef de l’Opposition politique peut être reçu en audience par le Président de la République et le Premier ministre, à sa demande, sur les questions d’intérêt national.

Des missions peuvent lui être confiées’’.

De ce qui précède, il est permis de croire que les patriotes déclarés ont préféré préserver leurs acquis, au lieu d’aller à l’aventure. Et sa décision de ne pas signer l’Accord politique ne peut être perçue que le baroud d’honneur de boulimiques insatisfaits.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin.