L’ancien Premier ministre, Boubou Cissé, et ses coaccusés dans l’affaire dite « de déstabilisation des institutions » ou « complot contre l’Etat » devaient être aujourd’hui des hommes libres. Hier mardi, la chambre d’accusation de la Cour d’Appel a annulé la procédure judiciaire contre eux en ordonnant séance tenante la levée des mandats de dépôt. 

 

C’était un véritable ouf de soulagement que les proches des personnalités citées dans le dossier « de déstabilisation des institutions de la République » ont ressenti hier à la Cour d’Appel de Bamako après la décision de la chambre d’accusation. Celle-ci avait répondu positivement à la réquisition de l’avocat général de la Cour en ordonnant l’annulation de la procédure et la levée des mandats des dépôts contre les six personnes accusées dans cette affaire.  « Boubou Cissé et ses coaccusés étaient alors libres. Ils pouvaient sortir en prison aujourd’hui (hier) », nous avait déclaré au téléphone, Boubacar Yalkoué, secrétaire général du Collectif pour la Défense de la République, dont le porte-parole Mohamed Youssouf Bathily est accusé dans ce dossier.

Cette affaire retentissante déclenchée en décembre 2020 avait connu une nouvelle tournure lorsque la justice a donné raison à la défense de Boubou Cissé et coaccusés le jour de leur première comparution.  En effet, depuis l’enlèvement de ces six personnalités accusées de complot contre l’Etat par les services secrets maliens jusqu’à la judiciarisation du dossier, les avocats de la défense et les proches ont toujours clamé leur innocence en dénonçant « un procès politique » et « l’inexistence d’indices probants ». « Il n’y a rien dans le dossier », avait déclaré l’avocat français Me Ceccaldi, en fustigeant la procédure qu’il accuse d’être fondée sur un rapport des services secrets auquels ils n’ont pas accès.

Me Kassoum Tapo, avocat de Boubou Cissé, salua la justice pour cette décision.

« La cour d’appel de Bamako vient de vider son délibéré, dans le dossier dit de complot contre le gouvernement de la république. La cour, conformément au réquisitoire oral du procureur général, a annulé la procédure, annulé les mandats de dépôt du juge d’instruction et ordonné la mise en liberté immédiate de tous les inculpés. L’annulation de la procédure met donc fin à cette affaire. Et je m’en réjouis en tant qu’ancien bâtonnier, ancien ministre de la justice, j’ai toujours eu confiance en la justice malienne ».

Revirement de dernière minute 

A la dernière minute, il y a une curieuse évolution. Après plus d’une heure de discussion avec le ministre de la Justice et son secrétaire général, le procureur général de la Cour d’appel a fait appel et les prévenus resteront en prison. Il étale au grand jour les contradictions au sein de son parquet dont deux avocats généraux successifs ont dénoncé l’abus du pouvoir et réclamé l’annulation de la procédure. On peut bien penser à un dossier qui est loin d’être judiciaire.

Pour rappel, en décembre 2020,  l’ancien Premier ministre Boubou Cissé,  le secrétaire général  de la présidence, Sékou Traoré,  le directeur général de la société PMU-Mali, Vital Robert Diop, le directeur général adjoint de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel, Aguibou  Macky Tall,  le receveur général au Trésor, Souleymane Kansaye, le chroniqueur et animateur radio, Ras Bath,  ont été enlevés par les services secrets avant d’être accusés de complot contre les institutions de la transition.  Seul le Premier ministre Boubou Cissé était parvenu à s’échapper, trouvant refuge dans un lieu sécurisé, où il demeure jusqu’au moment où nous mettions sous presse. Aujourd’hui, Boubou Cissé devrait en principe sortir de sa cachette pour rejoindre sa famille  tant il a été blanchi dans le dossier  qui a défrayé la chronique pendant les trois derniers mois. Mais héla….

S.D

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