Il y a exactement une année, que Amadou Haya Sanogo et  ses co-accusés bénéficiaient d’une liberté provisoire en janvier 2020,  les victimes s’impatientent de voir le procès se tenir.

 

Le 13 janvier 2020 était la date prévue pour  la reprise du « procès d’Amadou Haya Sanogo » et de ses 17 co-accusés. Alors que cette reprise était attendue depuis le 8 décembre 2016, le Capitaine, bombardé général a bénéficié d’une liberté provisoire à moins d’une semaine de la date du procès. On se souvient que le 9 janvier 2020, le parquet général près la Cour d’appel de Bamako a renvoyé le procès.

Le report a été motivé selon la Cour par les « contraintes majeures liées à la préservation de l’ordre public et de la cohésion au sein des Forces armées mobilisées pour la défense de la patrie ». L’ex-chef de la junte militaire qui a renversé le président ATT et ses co-prévenus sont accusés dans une affaire de disparition de 21 militaires, tous des bérets rouges.

Le report s’expliquait par le fait que le général Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens combattants d’alors, jouissait d’une notoriété au sein de l’Armée ; notamment parmi les hommes de rang présents sur le front. Sur le front, plusieurs militaires auraient mis en garde la hiérarchie militaire de la comparution de Dahirou au procès du 13 janvier 2020.

Puisqu’il était difficile que le procès se tienne sans la comparution de l’ancien chef d’état- major des armées au moment des faits, le report du procès devenait du coup un impératif. Conséquence : Les avocats d’Amadou Haya Sanogo et co-accusés ont demandé la liberté provisoire de leurs clients, ce après 7 ans de détention. Chose qui fut faite.

Une année après, les données ont bien changés. Les réalités ne sont plus les mêmes. IBK n’est plus au pouvoir et l’ancien ministre de la Défense, Dahirou Dembélé semble avoir perdu son influence d’il y a une année. Il semble être lâché par ces mêmes hommes de rang, qui ont rallié les putschistes du 18 août 2020.  Qu’est ce qui peut bien empêcher les autorités d’organiser une Cour d’assises, même spécialement dédiée à l’affaire Sanogo et co-accusés ? Ou alors le mobile avancé en janvier 2020 reste-t-il toujours d’actualité ?

Pour l’heure, les familles des victimes, les organisations de défense des droits de l’Homme s’impatientent que la vérité soit dite.

Plusieurs parents de victimes que nous avons approchés ne comprennent pas le mutisme des autorités. La libération d’Amadou Sanogo et autres avait suscité la réaction de l’Association malienne des droits de l’Homme. Pour l’AMDH, l’annonce du report, puis celle de la libération provisoire d’Amadou Haya Sanogo et de ses co-accusés, sont « intervenus quelques mois après qu’ait été promulguée la loi d’Entente nationale, le 2 août 2019 ».

L’AMDH avait « craint que cette loi ne consacre une impunité généralisée pour les crimes commis depuis 2012 dans le pays ». Dans les faits, l’organisation de défense des droits de l’Homme estime que « cette loi d’Entente nationale risque par ailleurs d’empêcher que des procès prévus de longue date se tiennent ou se déroulent».

Le 30 avril 2012 se déroulait une « tentative de contre-coup d’Etat », menée par  des éléments bérets rouge. Elle est mise en échec et violemment réprimée par les putschistes, qui capturaient plusieurs dizaines de bérets rouges.

Dans la nuit du 2 mai 2012, 21 militaires bérets rouges sont sortis de leurs cellules à Kati et transportés dans des camions militaires vers Diago, une localité proche de Kati, quartier général de la junte militaire, situé à une quinzaine de kilomètres de Bamako. Ils y sont exécutés et enterrés dans «  une fosse commune », affirme l’AMDH.

Le 22 décembre 2015, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako met en accusation Amadou Haya Sanogo et 17 co-accusés et décide de les renvoyer devant une Cour d’assises pour y être jugés des crimes « d’enlèvement et d’assassinat, ou de complicité de ces dits crimes ».

Le 8 décembre 2016, après plusieurs jours de procès, la Cour décide le renvoi de l’affaire à la première session de la Cour d’assises de 2017, afin de permettre la conduite d’une nouvelle expertise médicale dans un délai de 45 jours. La première n’ayant pas été conduite conformément aux procédures prévues par le droit malien. Depuis cette date, les victimes ne font qu’attendre.

Amadou Sidibé

Source : Arc en Ciel