Plus de six mois après sa mise en liberté provisoire, le général Amadou Haya Sanogo se fait très discret. Une stratégie sciemment voulue par l’ex-chef de la junte militaire, mis en cause dans l’affaire dite de l’assassinat de 21 bérets rouges en 2012. Très effacé depuis sa sortie d’incarcération, Amadou Haya Sanogo mène désormais une vie en apparence des plus simples.
 Un but sur penalty inscrit par l’ex-militaire pour donner la victoire à l’équipe des anciens internationaux maliens de 1994, opposée le samedi 8 août 2020 à une équipe de Ségou, lors d’un match de gala dans la cité des Balanzans. 
Non, l’ancien chef de la junte militaire ne s’est pas reconverti en footballeur, mais ce sport, qu’il affectionne, est l’un de ses passe-temps favoris depuis le 28 janvier dernier et sa remise en liberté provisoire. Alors qu’il avait prévu de fêter la Tabaski en grande famille à Ségou, il décidera finalement de la célébrer dans son foyer à Bamako.
Ses amis de la capitale et de Ségou le convainquent alors de participer une semaine après à ce match de football. « Il ne faut pas que cela ait une quelconque connotation politique », a formellement conditionné le général Sanogo. Car si l’ancien homme fort de Kati est longtemps resté discret, c’est aussi et surtout parce qu’il ne s’estime pas totalement libre et s’interdit toute démarche qui irait à l’encontre de ses conditions de libération. « Pour lui, l’urgence, c’est un Mali stable et paisible. Il n’envisage pas de carrière politique et il n’en parle même pas. Il dit que dans son agenda actuel il n’y a pas de place pour cela dans l’immédiat », glisse Cheick Oumar Keita, Président des Clubs Haya Sanogo, très proche de ce dernier. 
Un quotidien « simple » La majeure partie de son temps, le Général Sanogo la passe à la Base militaire de Bamako. Quand il se lève, il est très souvent entouré de ses vieux amis, avec lesquels il discute autour du thé durant de longues heures, avant de consacrer un bon moment, le soir, à jouer au football. « Quand il n’est pas à Bamako, le général Sanogo se rend à Kati, où il a un champ, et s’adonne à des travaux champêtres. Hormis cela, il n’a pratiquement plus d’autres activités », confie M. Keita. Avant de reprendre le cours normal de sa vie, l’ex-militaire a passé plus de deux mois à la maison, « un temps au cours duquel il ne recevait presqu’aucune visite, si ce n’est sa famille ». « Sa première œuvre a été la restauration de sa maison, à laquelle il a essayé de redonner une image présentable.
Depuis plus de six ans, elle était laissée à elle-même. Il n’y avait que sa femme et les enfants à l’intérieur, en plus des gendarmes qui y séjournaient », lâche Cheik Oumar Keita. État d’esprit calme Amadou Haya Sanogo sait que l’affaire dite des 21 bérets rouges assassinés en 2012, dans laquelle il est inculpé, n’est pas classée. C’est pourquoi il se dit toujours à la disposition de la justice et se plie à la non autorisation de certaines sorties. Toutefois, cela n’entame pas sa santé psychologique, encore moins physique.
À en croire Cheick Oumar Keita, l’ancien Président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) se porte très bien et est très serein. « En causant avec lui, c’est plutôt lui qui vous remonte le moral. Il croit en un meilleur avenir et est convaincu que tout ce qui se passe dans la vie d’un homme est prescrit par l’Être suprême ». Observateur lointain de la crise sociopolitique que traverse le Mali depuis le 5 juin, Amadou Haya Sanogo laisse entendre à ses proches qu’il n’est ni avec l’oppositon ni avec le pouvoir en place et que chaque camp devrait faire des concessions pour sortir le pays de l’impasse. 
Germain KenouviJournal du Mali