Elu président de la Cour constitutionnelle du Mali, Amadou Ousmane Touré a rendez-vous avec l’histoire. Tout comme les autres membres de l’institution.

 

Né le 27 février 1957 dans la cité des Askia, le nouveau Président de la Cour constitutionnelle est un magistrat de carrière. Titulaire d’une Maîtrise en droit privé de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Bamako, d’un Diplôme du Centre national de formation des magistrats, Amadou Ousmane Touré est auditeur de justice en janvier 1981.

Il effectue, en janvier 1983, ses premiers pas professionnels dans la Cité des rails en qualité de substitut du Procureur de la République près le Tribunal de 1ère instance de Kayes. En février 1986, il est nommé président du Tribunal de Ténenkou. De février 1991 à mai 1994, le natif de Gao séjourne dans la capitale de l’or blanc comme président du tribunal. Il quitte Koutiala en juin 1994 pour devenir chef de cabinet du ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

D’octobre 1997 à septembre 2004, Amadou Ousmane Touré porte la robe de Procureur de la République près le Tribunal de 1ère instance de la commune III du district de Bamako en charge du Pôle économique et financier. Cette période coïncide avec le déclenchement de la lutte contre la corruption et la délinquance financière par le président de la République de l’époque, Alpha Oumar Konaré. De nombreux hauts fonctionnaires sont arrêtés puis emprisonnés avec un bilan mitigé.

Le 14 septembre 2004, il monte en grade et devient Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako. Amadou Ousmane Touré quitte le parquet général pour devenir le 21 février 2007, conseiller technique au Secrétariat général de la présidence. Par la suite, il est nommé le 5 mars 2008, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Mali auprès de la République de Côte d’Ivoire.

L’ancien juge anti-corruption retourne au bercail pour succéder à Sidi Sosso Diarra en 2011 à la tête du Bureau du Vérificateur général. De 2011 à 2018, le Vérificateur général qu’il était a secoué le cocotier en enquêtant sur plusieurs dossiers de corruption comme l’acquisition du Boeing présidentiel et l’achat d’équipements et matériels militaires.

A la fin de son mandat au Bureau du Vérificateur général, il pose ses valises à la Cour Suprême comme conseiller. Pas pour longtemps. Car, il est appelé à la Primature par Dr Boubou Cissé au poste de directeur de cabinet du Premier ministre avec rang de ministre. Et cela jusqu’à sa nomination en qualité de membre de la Cour constitutionnelle. Amadou Ousmane Touré a été élu à l’unanimité par ses collègues président de la Cour constitutionnelle en remplacement de Mme Manassa Danioko.

Selon Bréhima Mamadou Koné, chercheur à l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique, cité par Jeune Afrique, Amadou Ousmane Touré est « un homme de dossiers ». « Le Magistrat Amadou Ousmane Touré, ancien Vérificateur Général du Mali et Procureur émérite, figure parmi les nouveaux membres de la Cour Constitutionnelle. Il fut mon patron au Bureau du Vérificateur Général de 2013 à 2016. Rigueur, professionnalisme et patriotisme sont les principales qualités qu’il m’a inculquées. Un véritable SAGE. Sa présence au sein de la Cour Constitutionnelle me suffit pour croire que cette Institution ne tombera dans aucun travers», a souligné Cheick Oumar Diallo, présidente des Jeunes de l’ADP-Maliba sur sa page facebook.

Sa proximité avec Boubou Cissé est-elle un obstacle ? La nouvelle Cour aura-t-elle d’autres missions que celles assignées par les textes de la République ? Va-t-elle revenir sur l’arrêt définitif portant proclamation des résultats de l’élection des députés à l’Assemblée nationale comme il se murmure ?

Amadou Ousmane Touré a rendez-vous avec l’histoire. Tout comme les autres membres de l’institution. Le successeur de Mme Manassa Danioko doit avoir comme boussole ces propos de l’Ivoirien Pr. Francis Vodié lors de son investiture en qualité du Président du Conseil constitutionnel ivoirien. « Monsieur le Président Ouattara, je vous remercie de m’avoir nommé Président du Conseil Constitutionnel! Cependant, je voudrais vous dire qu’en me nommant Président du Conseil Constitutionnel, vous m’appelez à un devoir d’ingratitude envers votre personne. Car mon rôle, c’est de dire le droit. Et le jour où, je ne serais plus capable de dire le droit, je démissionnerai».

B; Siby

Source : Le Challenger