Soldat humanitaire, médiateur, homme politique… ATT fut et reste un homme d’Etat modèle. Aussi, Amadou Toumani Touré a toujours prouvé à l’opinion publique son amour pour le Mali. Aujourd’hui comme hier, il reste disponible pour sa nation. Une disponibilité qu’il a réaffirmée lors de l’inauguration, le vendredi 14 février dernier, de deux unités de soins intensifs à l’hôpital Mère-Enfant le Luxembourg. ATT répondait à une sollicitation de l’artiste-griot Bassékou Kouyaté qui a lancé un véritable cri du cœur à l’adresse des dirigeants maliens (anciens et actuels) pour qu’ils se donnent la main afin de sauver la nation en péril.
« Je suis un soldat. Et le soldat que je suis restera toujours au service du pays. C’est le métier des armes que j’ai choisi. Mais, le hasard de la vie a fait croiser le pouvoir mon chemin… », a lancé ATT au début de son intervention.

Avant de poursuivre : « Je donne ici l’assurance de ma disponibilité à œuvrer à la recherche de solution à tous les problèmes du Mali. Tous, on doit travailler à cela… ».
L’ancien chef de l’Etat, lors de la cérémonie de l’inauguration des nouvelles unités de soins de l’hôpital Mère-Enfant le Luxembourg, répondait ainsi à l’artiste de renommée internationale, Bassékou Kouyaté, guitariste et griot malien.
Auparavant, dans une brève intervention, le Djeli (griot) Bassékou, conformément à une tradition malienne s’était adressé à ATT en ces termes : « Amadou, ici et maintenant je vous exhorte à vous impliquer pour trouver une solution à la crise que connait notre pays. Au-delà de vous, j’invite tous les dirigeants de ce pays, ceux qui étaient avec les présidents Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha O Konaré, Dioncounda et ceux qui sont aujourd’hui avec IBK à se donner la main pour sauver le pays… ». Sous un tonnerre d’applaudissement, l’artiste venait de transmettre un message de haute portée pour le Mali et les Maliens.
La réponse d’ATT n’a point surpris l’assistance. Connu pour son attachement à la paix et son engagement constant à servir le pays, l’enfant de Mopti n’a point surpris l’assistance en renouvelant sa disponibilité pour le Mali. ATT a toujours incarné cet homme de paix aux yeux de l’opinion nationale.

Et depuis son retour définitif à Bamako, au terme d’un long séjour à Dakar, suite aux évènements de mars 2012, il s’est immédiatement mis à l’écoute de différentes parties et/ou communautés des régions du Centre. Aussi, il a reçu les associations Peulh (Tapital Pulaku) et Dogon (Djina Dogon). En retour, il s’est rendu aux sièges de ces deux associations, où il a eu des échanges fructueux.
Aujourd’hui comme hier, Amadou Toumani Touré reste fidèle à ses convictions sur des questions majeures dont le dialogue et la résolution pacifique des conflits. Aussi, l’histoire lui a donné raison.

Crise du nord : le dialogue d’abord !
Rappel historique : Quand le 23 mai 2006, des éléments incontrôlés ont attaqué la garnison de Kidal, réveillant le conflit du Nord-Mali, beaucoup de Maliens s’attendaient à ce que le président de la République lance aux trousses des bandits armés et des populations touarègues les forces armées maliennes. Mais ils ont vite été désorientés par l’appel du chef de l’Etat depuis Diéma (localité située dans la région de Kayes) où il était en visite. Un appel à la mesure et au discernement.
« C’est ici, à Diéma, dans le Kaarta, dans le Mali profond, que j’ai une pensée particulièrement douloureuse pour les évènements que notre pays a connus malheureusement ce matin. Cela fait mal ! Certes, mais nous devons, une fois encore, face à des épreuves, nous unir, renforcer notre solidarité, œuvrer pour l’unité et la cohésion nationales… Je demande, à chaque Malienne, chaque Malien, d’abord de garder le calme. Je voudrais convier toutes les Maliennes et tous les Maliens à savoir faire la part des choses. Ceux qui ont attaqué des postes militaires à Kidal ne doivent pas être confondus avec nos autres compatriotes Tamasheq et proches qui vivent avec nous, nos difficultés, qui ont choisi le Mali, qui ont choisi la loyauté et qui ont les mêmes droits que nous. Ne les confondez pas avec ceux qui ont tiré à Kidal (…) Il faut les aider, les assister, les encourager.

Que personne ne fasse cette confusion dans les camps militaires, dans les camps de la Garde nationale, dans les services de la douane et tous les autres services de l’Etat, administration publique comme privée. Ne faites pas un amalgame entre celui qui a tiré là-bas, sur un poste militaire, et l’autre Malien qui, ici, travaille et s’occupe de sa famille… Où que je me trouve en République du Mali, je suivrai la situation avec responsabilité, mais aussi avec mesure…
Au Mali, on n’a plus besoin de prendre des armes pour se faire entendre. La décentralisation est un statut particulier par lequel vos élus peuvent, par différentes voies, administratives et politiques, transmettre vos doléances, vos suggestions et critiques aux autorités… Ce n’est pas une tragédie… C’est une situation que nous allons gérer en toute responsabilité », avait laissé entendre ATT aussitôt après les événements de Kidal et Ménaka.
Éviter d’entraîner le Mali dans un engrenage ; tel fut, de bout en bout, le souci de Amadou Toumani Touré, un général d’armée, rompu au métier de la guerre, donc qui connaît plus que quiconque les conséquences (sociales, militaires, économiques…) de la gestion d’un conflit déjà enclenché.

Dans cette crise, ATT gérait en fait non seulement le Nord du pays (théâtre des opérations), mais aussi le Sud. Dans ce dernier cas, face à une pression sans cesse croissante, il lui fallait canaliser les ardeurs des va-t-en guerre, qui se trouvaient dans toutes les sphères, y compris dans son entourage et dans l’armée. Mais le chef de l’Eta a privilégié le dialogue, tout en continuant à sensibiliser ses concitoyens…

La méthode ATT (sociale et diplomatique) a été renforcée, tout au long du processus, par les initiatives traditionnelles entreprises par les notabilités locales, les chefs de fractions et de tribus et les associations de chez nous, et la Ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara. Objectif commun : donner la chance à la paix, par le dialogue, la médiation. Ces efforts du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré se sont avérés payant avec le temps. Car, à l’intérieur, il a su éviter un embrasement de la situation ; et, à l’extérieur, Bahanga, l’instigateur principal de la crise a été isolé. Comme quoi, l’histoire a donné raison à ATT qui a éteint le feu. Sans faire la guerre, véritablement.
Mohamad Sylla

Source: Journal L’aube-Mali