Bamako prétend qu’aucun accord n’a été signé avec Copenhague. Le chef de la diplomatie danoise a rappelé l’« invitation claire » faite par le régime malien en 2019.

 

La junte au pouvoir au Mali a réitéré « avec insistance », dans la nuit du mercredi au jeudi 27 janvier, son exigence de départ immédiat d’une centaine de soldats danois, déployés dans le pays sahélien dans le cadre du groupement européen de forces spéciales « Takuba », initié par la France.

Bamako avait déjà demandé lundi au Danemark de rappeler « immédiatement » son contingent, récemment arrivé au Mali pour participer à « Takuba », − une force destinée à accompagner les soldats maliens au combat face aux djihadistes − au motif que ce déploiement était « intervenu sans son consentement ».

Le gouvernement malien − dominé par les militaires arrivés au pouvoir lors d’un putsch en août 2020 − a enfoncé le clou mercredi soir dans un communiqué : « aucun accord » n’autorisant le déploiement, il « invite, avec insistance, la partie danoise à retirer immédiatement ses forces spéciales du territoire malien ».

« Message non approprié »

Selon la junte, Copenhague avait saisi Bamako le 29 juin 2021 « d’un projet de texte en vue de convenir du statut des forces spéciales danoises devant intervenir au sein de la force Takuba” ». Cette requête est « sous examen », a répondu le gouvernement malien en novembre, selon le communiqué, et le Danemark reste donc en « attente de la validation de l’accord ».

Le ministre danois des affaires étrangères, Jeppe Kofod, avait à l’inverse fait valoir mardi que son pays avait envoyé des forces spéciales au Mali à la suite d’une « invitation claire » du régime malien et essaie de « clarifier » pourquoi il a subitement demandé leur départ.

La junte malienne affirme dans son dernier communiqué avoir lu avec « surprise et consternation » un « message non approprié », lundi, sur les réseaux sociaux, de M. Kofod qui estime « infondée la conclusion d’un accord » entre les deux pays avant le déploiement des forces danoises.

Après des restrictions posées dans l’espace aérien malien et la remise en cause des accords de défense liant Bamako à Paris, cette demande de retrait du contingent danois constitue une nouvelle entrave à l’action militaire française et européenne au Mali.

Les relations avec la France en particulier, engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013, se sont sévèrement détériorées.

Les pays européens engagés au Mali au sein du groupement de forces spéciales « Takuba » avaient demandé mercredi à la junte malienne, avant le communiqué de celle-ci, de « respecter les bases solides de la coopération diplomatique et opérationnelle ».

« Invitation claire »

« Nous, partenaires internationaux engagés en soutien du Mali et de son peuple dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables et dans la lutte contre le terrorisme, regrettons profondément la déclaration des autorités maliennes de transition (…) alléguant que le déploiement du contingent danois dans la task force Takuba est intervenu sans base légale et sans le consentement du gouvernement malien », souligne le communiqué conjoint, en appelant les autorités maliennes à « remédier rapidement à cette situation ».

« Nous rappelons que tous les partenaires de la task force Takuba conduisent leur action conformément au cadre juridique solide qui a été agréé avec le gouvernement souverain du Mali, comprenant notamment une invitation formelle adressée par les autorités maliennes aux partenaires internationaux », affirme-t-il encore.

« La junte multiplie les provocations », s’était indignée mardi la ministre française des armées, Florence Parly, disant sa « solidarité avec nos partenaires danois, dont le déploiement se fait sur une base juridique légale, contrairement à ce qu’affirme aujourd’hui la junte malienne ».

Composé de forces spéciales françaises et européennes, le nouveau groupement « Takuba », initié par la France et aujourd’hui fort de près de 900 militaires, doit aider les forces maliennes à gagner en autonomie.

Outre la France, qui pilote la force, les Pays-Bas, l’Estonie, la Suède, la Belgique, la République tchèque, la Norvège, le Portugal, l’Italie et la Hongrie y participent.

Source : Le Monde avec AFP