Le Centre International de Conférence de Bamako (CICB) a abrité, le vendredi 25 septembre 2020, la cérémonie d’investiture du président Bah N’DAW et du vice-président de la transition, colonel Assimi GOÏTA. Après avoir été renvoyé dans l’exercice de ses fonctions par le président de la Cour suprême du Mali, Wafi OUGADEYE, le président de la transition, Bah N’DAW, a prononcé un discours dans lequel il indique que le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. «Si je dois donner ma vie pour que la transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves et de nos potentialités…Je combattrai sans concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale. Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge », a déclaré le président de la transition au Mali, Bah N’Daw fraichement investi dans ses fonctions.

Cette cérémonie d’investiture a rassemblé plusieurs personnalités dont l’ancien président du Mali, Dioncounda Traoré, le Président de la République de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, l’ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, la Ministre ghanéenne des Affaires Étrangères, Présidente du Conseil des Ministres de la CEDEAO, Shirley Ayorkor Botchway, les diplomates accrédités au Mali, les responsables politiques, les responsables des organisations de la société civile, les responsables des mouvements armés et bien d’autres. Après l’installation des membres de la Cour suprême du Mali et la lecture du procès verbal de désignation du président et du vice-président de la transition par la greffière en chef, le procureur général de la Cour Suprême, Boya Dembélé a, dans son réquisitoire, félicité Bah N’Daw et Colonel Assimi Goïta pour le choix porté sur leur personne pour diriger la transition au Mali. Il a parcouru la carrière professionnelle du président et du vice-président. Ainsi, dans son réquisitoire, il ressort que le président de la Transition au Mali, Bah N’Daw est né le 23 août 1950 à San (Ségou). Bah N’Daw a fait une brillante carrière au sein de l’armée de l’air, avant de faire valoir ses droits à la retraite. Quant au colonel Assimi Goïta, il est âgé de 37 ans. Colonel Goïta a été engagé à plusieurs reprises en opération au nord, au centre du Mali et en opération extérieure au Darfour. Selon le procureur général, leur choix a fait la quasi unanimité au sein de la population malienne. A ses dires, la transition ne doit pas s’éterniser. Il a précisé que les autorités de transition, une fois installées, doivent se mettre à la tâche. « Le spectre de la prise de pouvoir autrement que par les urnes doit être circonscrit à jamais pour que le Mali connaisse véritablement une stabilité pérenne. Nous devons saisir cette transition pour nous ressaisir, créer les conditions qui permettraient au pays de ne plus sombrer. Il faudra véritablement une refondation de l’Etat », a-t-il dit. A l’en croire, le président et le vice-président de la transition doivent relever des défis : veiller à la bonne gestion des ressources publiques, améliorer le panier de la ménagère, relire la loi électorale, satisfaire les revendications syndicales, créer un organe unique de gestion des élections, organiser les élections etc. Pour Boya Dembélé, ils sauront mener la transition à bon port.

La libération des personnalités civiles et militaires recommandée

Il a exhorté le président et le vice-président à faire libérer toutes les personnalités civiles et militaires détenues depuis le 18 août 2020. Après avoir fait ses observations, le Ministère Public a demandé au président de la Cour suprême de renvoyer Bah N’Daw et colonel Assimi Goïta dans l’exercice de leurs fonctions. Le moment tant attendu de la cérémonie fut la prestation de serment du président Bah N’Daw et du vice-président, colonel Assimi Goïta. Conformément à l’article 9 de la charte de la transition, ils ont lu le serment suivant : «Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution, la charte de la transition et la Loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine ». Le président de la Cour Suprême a donné acte au président et au vice-président de la transition du serment prêté et les a installés dans l’exercice de leurs fonctions. Le président de la Cour Suprême a félicité Bah N’Daw et le colonel Assimi Goïta. Avant d’ajouter que le peuple a soif de paix et de justice. A partir d’aujourd’hui, dit-il, c’est un nouveau Mali qui commence. Après cette cérémonie solennelle de prestation de serment, le grand chancelier des ordres nationaux, le général Amadou Sagafourou Guèye, a procédé à la décoration de Bah N’Daw, président de la transition, chef de l’Etat, désormais Grand maître des ordres nationaux du Mali. Puis s’en est suivi de l’exécution de l’hymne national du Mali. Dans son discours, le président de la transition, Bah N’Daw, a salué le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) pour son esprit patriotique, copier coller sur bamada . NET son sens du discernement et sa capacité d’écoute. Avant d’ajouter que l’action du CNSP du 18 août 2020 est la conséquence de la très grave crise sociopolitique qui a paralysé la vie de la Nation des mois durant. «Au collège qui a porté son choix sur ma modeste personne pour présider cette transition, j’exprime toute ma gratitude. Je suis honoré par son geste et je voudrais lui dire ici que je me battrai de toutes mes forces pour mériter sa confiance », a-t-il dit. Il a exprimé sa détermination à conduire une transition stable, apaisée et réussie dans les conditions et les délais convenus (18 mois). Il a indiqué qu’il sera toujours disponible pour servir le Mali. « Il s’agit pour moi et il doit s’agir pour chacune et chacun, d’apporter sa petite contribution, sa petite pierre à la consolidation de l’édifice national. Car la maison commune est ébranlée, affaiblie, humiliée. Elle tremble dans ses fondements depuis au moins une décennie. Oui, il ne faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. Ebranlé, Affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes… Si je dois donner ma vie pour que la transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves et de nos potentialités. Ma plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République élu, élu proprement et élu indiscutablement », a-t-il dit. Pour cela, il dira qu’il faut mener une réflexion profonde sur les tares des processus électoraux au Mali afin de doter le pays de bons textes, gage de toute démocratie. «Je combattrai sans concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat de voix, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la perversion des résultats pour les Cours d’arbitrage. Une telle mission se mènera sur le socle de la guerre sans merci qu’il faudra continuer à livrer aux forces terroristes et au crime organisé. Ces fléaux accablent certaines parties du pays depuis plus d’une décennie. Leur sanctuaire s’élargit au détriment de la sécurité nationale. Les demi-victoires ne suffisent plus pour les vaincre. Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête. L’armée ne devra combattre que l’ennemi. Elle ne saurait être coupable d’exactions contre les populations civiles. Cela ne peut pas être accepté et ne sera pas accepté », a souligné Bah N’Daw. Il a fait savoir que les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et seulement à l’armée. « Chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays surveillé et évalué, tant que je présiderai aux destinées de la Transition. J’en prends ici le serment. Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques. Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement. Le Dialogue National Inclusif a balisé la voie. Dans les semaines à venir, je ferai tout pour que soit mis en place le Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes recommandations », a indiqué Bah N’Daw. A l’en croire, la transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. L’Accord pour la Paix et la Réconciliation, dit-il, sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie. Enfin, le président de la transition, Bah N’Daw, a précisé que le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de la lutte contre la pandémie de la covid-19 une de ses plus grandes priorités.

Aguibou Sogodogo

Source: Journal le Républicain-Mali