Aoua KEITA naquît en 1912 à Bamako (alors Soudan français, actuel Mali), fille de Mariam COULIBALY et Karamoko KEITA originaire de Kouroussa (en Guinée Conakry).En 1923, son père l’inscrit à l’Ecole des filles de Bamako. Après ses études primaires à l’Ecole des filles, elle fréquenta le foyer des métisses de Bamako, puis poursuivit ses études à l’Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar, de 1928 à 1931 où elle obtint un diplôme de sage-femme.

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Aoua Keïta a été une militante politique, combattante pour l’indépendance du Soudan français. Dès 1946, elle rejoint l’Union-soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA). En 1950, elle est mutée à Gao. Elle renonce l’année suivante à la nationalité française et se trouve toujours à Gao lors des élections de 1951, alors que tous les autres fonctionnaires militants de l’US-RDA ont été mutés à l’approche des élections, par l’administration coloniale qui soutient le camp adverse. Aoua Keïta joue alors un rôle important dans la victoire du parti à ces élections et la transparence du vote, n’hésitant pas à s’opposer publiquement aux officiers français qui tentaient d’en entraver le bon déroulement. A la suite des élections, elle est donc mutée à son tour pour « raison disciplinaire ». Elle est envoyée à Bignona (Casamance) au Sénégal, puis à Nara et enfin à la maternité de Kati.

Elle y fonde le Mouvement intersyndical féminin, qu’elle représente en 1957 au Congrès constitutif de l’Union générale des travailleurs de l’Afrique noire. Militante syndicale, elle est élue au bureau des Syndicats des travailleurs du Soudan pendant la même année. Son militantisme aura comme conséquences ses multiples mutations pour raison disciplinaire. En 1958, elle entre au bureau politique de l’US-RDA, c’est alors la seule femme, et est nommée membre du Comité constitutionnel de la République soudanaise. Elle est élue en 1959 députée de la Fédération du Mali, à Sikasso.

C’est alors la première femme malienne à être élue à ce poste. A ce titre, elle participe à l’élaboration de la constitution de la fédération. Elle jouera un rôle politique de premier plan, au côté de feu président Modibo Keïta. Elle a notamment été également la seule femme à prendre part, en 1962, à l’élaboration du Code malien du mariage et de la tutelle qui fut une grande avancée pour les droits de la femme au Mali.

Grande démocrate, panafricaniste convaincue, Aoua KEITA, cette femme au destin exceptionnel est une bâtisseuse, un leader, une faiseuse de paix. Durant sa riche carrière, Elle a représenté le Mali en juillet 1959 à la rencontre constitutive de l’Union des femmes de l’Afrique de l’Ouest, à Bamako. Elle est à l’origine de la Journée internationale de la femme africaine (JIFA), promulguée par l’ONU et L’OUA le 31 juillet 1962.

Au cours de la même année, elle participe à la conférence des femmes de Dar es Salam qui donna naissance à l’Organisation panafricaine des femmes. Au titre des distinctions, reconnaissances internationales, régionales et nationales  elle a reçu:

  • 1976 Grand prix littéraire d’Afrique noire pour son autobiographie.
  • Médaille d’or de l’indépendance du Mali.
  • Ordre de la perfection de la RAU.
  • Mérite de la Croix-Rouge de l’Empire de l’Ethiopie.
  • Grand Officier de l’ordre national du Sénégal.
  • Grand Commandeur de l’ordre de l’Etoile d’Afrique du Liberia.
  • Officier de l’ordre national du Dahomey.
  • En 1999 est créé le centre de formation professionnelle Aoua-Keïta situé à Dravela-Bolibana.
  • Une salle de conférence a été baptisée ‘’salle Aoua Keïta’’ au sein de l’Assemblée nationale malienne.

Le 30 mai 2011, une rue d’Anger (en France) est baptisée ‘’rue Aoua Keïta’’.