Je commence par m’incliner devant la mémoire des victimes maliennes et étrangères de la violence dans mon pays, le Mali.

 

J’ai une pensée pieuse pour les victimes de la barbarie dans le cercle de Bankass et pour leurs familles.

Je souhaite prompt rétablissement aux blessés.

Notre pays amorce une démarche qui laisse espérer la résorption prochaine du volet politique et du volet diplomatique de la crise.

Il nous suffit de persévérer dans cette voie pour réaliser des avancées notables, à condition bien sûr que la ruse fasse place à l’intelligence humaine et à la créativité du Malien.

De quoi je parle?

Je ne parle pas de la loi électorale dont la concrétisation aura été d’une grande prouesse.

Malgré ses imperfections, cette loi mérite d’être promulguée.

Elle constitue le premier acte d’une série d’autres actes importants à poser dans l’urgence afin de retrouver le chemin de la normalisation.

On en est encore loin, mais comme le dirait l’autre, le plus long voyage commence par le premier pas.

Mais, en fait la loi électorale n’est pas réellement mon propos aujourd’hui.

Des voix plus expertes en ont largement débattu. J’ai très peu de choses à ajouter après l’analyse approfondie dans les grands dossiers d’hier.

Mon propos d’aujourd’hui concerne ce petit extrait des décisions du Conseil des Ministres d’hier 22 juin 2022.

Il se lit comme suit:

« Le Conseil des Ministres a pris note des axes et de la méthodologie d’élaboration du chronogramme des réformes politiques et institutionnelles ainsi que de celui des élections.

Cette méthodologie, basée sur la recherche de l’inclusivité et du consensus, est conforme à la vision de Son Excellence le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef de l’Etat.

A cet effet, le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en collaboration avec le Ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions et le Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et institutionnelles, rencontrera les partis politiques et les organisations de la société civile pour échanger sur le chronogramme des réformes politiques et institutionnelles ainsi celui des élections.»

Je le comprends ainsi qu’il suit:

1- Les axes et la méthodologie d’élaboration du chronogramme des réformes politiques et institutionnelles ainsi que celui des élections sont donc définis et disponibles;

2- Le colonel Président de la transition promeut l’inclusivité et le consensus;

3- Le Ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation rencontrera les partis politiques et les organisations de la société civile pour échanger sur le chronogramme des réformes politiques et institutionnelles et celui des élections. Il le fera en collaboration avec deux autres de ses collègues.

J’ai personnellement reçu cette déclaration comme une délivrance.

Cela fait des mois que je prêche pour cette approche.

L’une de mes dernières tribunes intitulée «Il nous reste la solution endogène» promeut cette démarche.

Elle est, à mon avis, la plus viable d’entre toutes les démarches envisagées.

D’abord, elle met les enfants de la nation autour de la même table. Un adage de chez moi dit que l’on ne peut pas raser le crâne du bébé en l’absence du bébé!

Ensuite elle est un moyen d’affirmer que nous sommes maîtres de notre destin;

Une telle démarche impose le respect parce que personne de dehors ne pourra nous imposer autre chose que ce qui est le fruit du consensus national. La CEDEAO elle même ne pourra pas demander plus.

Le médiateur qui est attendu aujourd’hui dans notre beau pays en sera séduit!

Enfin elle nous ramène dans le concert des Nations dont nous nous sommes éloignés comme un bateau ivre à la dérive.

Nous nous ressaisissons un peu tardivement après avoir subi les affres de violentes sanctions de la CEDEAO depuis plus de quatre mois.

Mais comme le dirait l’autre, mieux vaut tard que jamais. Pourvu que cela dure!

Cheick Sidi Diarra

Source : Info-Matin