La Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali (COCEM) a rendu public, le vendredi 30 novembre 2018, son communiqué sur l’observation des concertations régionales sur la réorganisation du territoire. À travers ce communiqué, elle déplore la non-tenue de ces concertations dans la région de Gao et la non-participation des femmes et des jeunes aux activités. Elle formule alors des recommandations aux autorités maliennes.

« L’étendue de certaines régions, la non-effectivité de la création et de l’organisation des services publics suivant les trois niveaux de déconcentration, l’impossibilité pour les représentants de l’État d’assurer leur mission de contrôle sur des vastes ressorts territoriaux, l’augmentation et la complexification des questions politiques, économiques et sociales, les difficultés de concevoir des schémas d’aménagement du territoire opérationnels, le sentiment de certains citoyens d’être laissés à eux-mêmes, les menaces sur la cohésion nationale et la paix. ». Telles sont les raisons qui expliquent, selon la COCEM, l’urgence de cette réorganisation territoriale initiée selon la loi n°2012-017 de mars 2012.

À en croire à la Coalition pour l’Observation Citoyenne des Élections au Mali, c’est à travers la crise de 2012 que les autorités se sont rendu compte de l’urgence d’agir afin de non seulement rapprocher l’administration des populations, de permettre une participation élargie des populations aux prises de décisions concernant des affaires touchant l’État, de mieux encadrer les collectivités territoriales, mais aussi de tenir compte des réalités socio-culturelles et économiques de chaque région.

C’est dans ce souci, écrit la COCEM, qu’un avant-projet de texte a été introduit par le gouvernement et qui devra être débattu lors des concertations régionales. Quant à la participation à ces concertations, la COCEM félicite toutes les autorités pour la forte mobilisation, non seulement des autorités, mais aussi de la population.

À ses dires, à part les représentants des partis politiques de l’opposition, tous les autres étaient représentés. L’absence de l’opposition, explique-t-elle, reste liée à la volonté de boycott de ces concertations. Tout le monde s’est mobilisé à hauteur de souhait, même les médias privés et publics.

Quant à la sécurité, elle a été assurée par la police, la Gendarmerie et la Garde Nationale ainsi que la CMA pour le cas de Kidal. Sur le plan organisationnel, la COCEM se dit heureuse de constater la disponibilité des propositions de découpage et des termes de références dans les différentes régions.

De l’organisation à la qualité des débats qui étaient tous à la hauteur, la COCEM n’a pas manqué de faire des constats. Ceux-ci portent essentiellement sur la tenue des concertations à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Kidal et dans le district de Bamako. La COCEM déplore à ce titre la non-tenue des concertations à GAO où une composante de la société civile et des groupes armés s’y sont opposés. Outre cela, la faible participation des jeunes et des femmes a largement attiré l’attention des observateurs de la COCEM. La mise à la disposition tardive des documents de base aux participants devant leur permettre de mieux préparer leurs travaux est également déplorée par les observateurs. Enfin, ils évoquent la non-participation des partis d’opposition aux activités.

Partant de ces quelques constats, la COCEM n’a pas manqué de formuler des recommandations qui sont au nombre de sept (7). Les observateurs de la COCEM recommandent au Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation ainsi qu’au gouvernement du Mali de publier, dans un bref délai, tous les rapports des concertations ayant pu avoir lieu, de procéder à l’organisation des concertations à Gao en s’assurant de mettre à la disposition des participants les documents de base, de favoriser une participation effective des femmes et des jeunes, de mettre en œuvre en toute impartialité et en toute transparence les propositions issues des concertations, de publier un chronogramme pour le déroulement du reste des travaux et enfin la publication de tous les documents, ainsi que de toute la documentation relative aux assises des concertations nationales.

Rappelons que la COCEM est une plateforme d’organisations nationales et de la société civile qui a en vue la promotion de la démocratie malienne afin de contribuer à la fortification de l’état de droit. La COCEM s’engage, à ce titre, dans l’observation indépendante parce que citoyenne des élections au Mali. Elle a vu le jour à la veille de la présidentielle du 29 juillet 2018.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays