« Le retour de ces biens culturels ouvre une nouvelle page des relations entre les deux pays dans le cadre de la coopération culturelle. Cette démarche volontariste du Gouvernement américain mérite d’être saluée à sa juste valeur ». Tels sont des propos tenus par Dr.Choguel Kokalla MAIGA, Premier ministre, lors de la réception d’objets culturels maliens remis par Son Excellence Dennis HANKINS, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des États-Unis d’Amérique au Mali.   

 

C’était le mardi 7 décembre 2021, au Musée national à Bamako. Il s’agit du retour de plus de 900 objets archéologiques et ethnographiques, dans le cadre de l’exécution de l’accord existant entre les États-Unis et le Mali, et ce, conformément à la Convention de 1970, interdisant l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels. La cérémonie officielle de réception de ces objets culturels, issus du pillage et du trafic illicite, en provenance des États-Unis d’Amérique, a enregistré la présence de plusieurs membres du Gouvernement dont le ministre en charge de la Culture, Andogoly GUINDO, mais aussi de celle du Chef du Bureau de l’UNESCO au Mali, Edmond MOUKALA. Au nom de Son Excellence Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef de l’État et à son nom  propre, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAIGA, a salué l’engagement du Gouvernement des États-Unis et de son peuple pour ce geste qui s’accompagne également de la prise en charge intégrale du transport des objets de New-York à Bamako, dans le cadre du Projet «Sensibilisation, éducation à la lutte contre le trafic illicite et l’exposition des biens culturels.»Pour le Premier ministre, le retour de ces biens culturels « ouvre une nouvelle page des relations entre les deux pays dans le cadre de la coopération culturelle. »Dr MAIGA espère aussi que le geste du Gouvernement des États-Unis fera des émules dans les rangs des pays occidentaux et inspirera dans la dynamique de restitution des milliers d’objets culturels maliens disséminés à travers le monde, dans des collections publiques et privées, dans un souci de « rééquilibrage de la géographie culturelle mondiale et de logique juridique .»Il a martelé que « Le patrimoine culturel ne doit en aucun cas être prisonnier des musées occidentaux.»Il a rappelé que le Gouvernement de la République du Mali s’est engagé à faire « du retour de ses biens culturels une priorité et de la lutte le pillage et le trafic illicite des biens culturels, une préoccupation majeure. » Le pays a adopté des textes législatifs et règlementaires portant protection et promotion de son patrimoine culturel national, ratifié des Conventions internationales et conclu des Accords, dans le but de restreindre l’importation de matériels archéologiques et ethnographiques. Pour Son Excellence Dennis HANKINS, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des États-Unis d’Amérique au Mali, la cérémonie de réception des biens culturels venus de son pays constitue un enjeu de célébration de l’histoire du Mali. Un pays dont l’histoire même est un mélange de plusieurs cultures. Le Mali, a souligné le diplomate, est le seul pays de l’Afrique au sud du Sahara qui figure parmi les 23 pays ayant signé avec son pays un accord bilatéral en matière de lutte contre le trafic illicite de biens culturels et le pillage. Il faut noter que ce sont plus de 900 objets archéologiques et ethnographiques qui ont été retournés au Mali. Parmi ceux-ci, figurent six (06) grandes jarres funéraires (datant de l’an 900 à 1700 après Jésus Christ), un (01) récipient à double coupe en engobe rouge imprimé (datant de l’an 800 à 1500 avant Jésus Christ), 913 pierres de lin et têtes de haches (datant de la période néolithique), des poteries dont un (01) un pot polychrome à haut col (daté entre 1100 et 1400 avant Jésus Christ), des bracelets.  Interceptées au port de Houston (USA) en 2009, ces œuvres d’art ont été pillées pendant la période des grands empires du Ghana, du Mali et du Songhoï. Soulignons qu’afin de sensibiliser le public à la menace que représente le trafic illicite pour le patrimoine culturel du Mali, les États-Unis ont également fourni des fonds aux autorités maliennes pour organiser une exposition au Musée national du Mali des objets retournés après que des spécialistes aient eu le temps de les étudier correctement. La coopération en matière de protection du patrimoine culturel entre les deux pays est considérée comme un modèle à suivre pour les autres pays.  Depuis 1993, les États-Unis restreignent l’importation d’objets archéologiques et ethnologiques provenant de l’escarpement de Bandiagara et de la vallée du fleuve Niger. Les autorités maliennes ont identifié ces objets comme étant particulièrement vulnérables au trafic illicite. Depuis près de 30 ans, les États-Unis travaillent avec les Maliens pour sauvegarder ce patrimoine. En 2017, le Mali et les États-Unis ont ajouté à l’accord la protection des manuscrits du 12e au 20e siècle.

Source : LE COMBAT