Le Premier ministre séjourne en France où il est arrivé lundi dans le cadre d’une visite de travail qu’il veut comme une marque de confiance vis-à-vis des efforts du Mali, depuis 2013, mais aussi comme le signe d’une volonté d’aller au-delà des actions urgentes et immédiates pour établir des partenariats durables sur des questions de fond

Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga séjourne à Paris, depuis lundi dernier, pour une visite de travail. Il a eu un tête-à-tête avec son homologue français, Edouard Philippe, hier à l’hôtel de Matignon. Les deux chefs de gouvernement ont évoqué les préoccupations de brulante actualité, notamment les préparatifs de l’élection présidentielle que notre pays s’apprête à organiser le 29 juillet prochain et les questions de sécurité. Ils ont aussi discuté de l’avenir de nos relations communes.

Sur le processus électoral, le Premier ministre a expliqué avoir donné toutes les informations nécessaires et utiles et qu’il n’y a pas, normalement, de point de discorde possible dans les préparatifs. «Toute éventualité ou nécessité d’amélioration peut se faire dans le cadre du dialogue normal que nous entretenons. De ce point de vue, tout le monde est confiant par rapport à ce qui a été fait et apprécie la démarche inclusive qui a été mise en place en sorte d’assurer les uns et les autres sur le déroulement du processus électoral», souligne le Premier ministre.

«Tout le monde a apprécié la nature des efforts accomplis par notre pays pour prendre en main son destin mais surtout sa volonté de s’inscrire dans une dynamique de progrès continu. Nous avons clairement indiqué notre volonté de travailler pour consolider les résultats acquis et d’ouvrir de nouveaux chantiers pour éviter que de nouvelles fragilités ne se créent et viennent travestir le travail que nous sommes en train de faire et les résultats que nous avons obtenus ensemble», indique-t-il.

Pour Soumeylou Boubèye Maïga, ceci est clairement un encouragement à persévérer, préserver et poursuivre les efforts. Il a aussi rappelé à la partie française la volonté du président de la République de travailler sur la base du plus grand rassemblement de l’ensemble des forces sociales et politiques significatives du pays pour relever les défis.

AVANCÉES SUR LE CHEMIN DE LA PAIX – Sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, il y a eu des avancées réelles sur lesquelles est largement revenu le Premier minitre.
Il a indiqué avoir fait le point des progrès significatifs qui doivent être consolidés et la volonté d’amener les différents acteurs impliqués à s’inscrire dans une dynamique positive, pour «notamment éviter les retards et reculs». «Tout le monde reconnaît que, de plus en plus, les parties maliennes parlent d’une même voix et que nous devons avancer pour mettre, progressivement, en place toute l’architecture institutionnelle prévue, notamment les autorités intérimaires et autres», explique le chef du gouvernement malien.

Evoquant la question sécuritaire avec son homologue français, M. Maiga a sollicité un accroissement de la coopération entre nos deux pays et nos différentes armées dans les opérations coordonnées ou conjointes menées dans le cadre de la sécurisation. Il s’agit, selon lui, de voir comment faire en sorte qu’on puisse bénéficier de l’expertise de la France pour un cadre de formation, d’aguerrissement des cadres des unités spéciales que «nous allons mettre en place sur la base de l’accord».

Le G5 Sahel aussi a été au cœur des échanges entre les deux Premiers ministres. Le G5 Sahel, une force conjointe, a connu une montée en puissance et s’est inscrit «de manière durable dans notre paysage régional mais aussi dans notre approche de la sécurité collective», relève le Premier ministre. Il y a aussi une convergence d’analyse et de position de nos deux pays sur le renforcement des moyens de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA), à l’approche du renouvellement du mandat de cette mission onusienne.

Selon le Premier ministre Maiga, les autorités maliennes travaillent, en partenariat avec leurs homologues françaises à obtenir un renforcement des moyens de cette mission afin qu’elle cesse d’être confinée dans la posture actuelle.

RENCONTRES DIVERSES ET FRUCTUEUSES – Le Premier ministre, qui a été l’hôte à déjeuner d’Edouard Philippe, a aussi assisté à la signature d’un protocole d’accord entre Thomson (une entreprise française) et la Société malienne de transmission et de diffusion (SMTD).

A Paris, le chef du gouvernement, qui a pris ses quartiers à l’hôtel Plaza Athenée, a accordé des audiences au ministre français des Armées, Mme Florence Parly, et au secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Batiste Lemoyne. Les entretiens avec ces deux personnalités ont porté sur des dossiers sensibles.

Avec le ministre français des Armées, le chef de l’exécutif malien a abordé aussi l’article 210 du nouveau Code électoral, relatif au cas de force majeure dans le cadre des opérations de vote. Il a aussi évoqué avec son interlocuteur la question de la sécurité dans le centre du pays.

Avec le directeur général de l’Agence française pour le développement (AFD), Remy Rioux, il a été question des efforts d’accompagnement de notre pays par l’AFD, notamment du volume de coopération qui atteint maintenant les 100 millions d’euros, soit environ un peu plus de 65,5 milliards de Fcfa. Ce montant historique, selon le directeur de l’AFD avait atteint l’année dernière 130 millions d’euros, soit un peu plus de 85,1 milliards de Fcfa. Il a annoncé que la France va porter une attention particulière à la coopération avec certains pays, notamment le Mali. Dans le domaine de l’éducation, qui est une priorité du président Emmanuel Macron, la France va apporter, dans les années à venir, un appui à notre pays. Le patron de l’AFD a aussi rappelé la création de l’Alliance Sahel (une coordination de bailleurs de fonds qui va accorder plus d’attention aux pays de la zone, notamment le Mali. Le Premier ministre a aussi reçu la directrice générale du trésor de France, Mme Odile Renaud.

Soumeylou Boubèye Maïga est accompagné par les ministres de l’Economie numérique et de la Communication, Arouna Modibo Touré, des Transports et du Désenclavement, Moulaye Ahmed Boubacar, de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé, des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tieman Hubert Coulibaly, et de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhousseini. Le chef d’Etat major général des Armées, le général M’bemba Mousssa Keita, est aussi de la délégation.

Envoyé spécial
Bréhima DOUMBIA

L’Essor