A la veille de l’ouverture de la 6è Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique, le chef du service politique et chef de la coopération économique de la représentation diplomatique nippone a accepté d’aborder la coopération entre le Mali et le Japon dans cette interview.

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L’Essor : Dans quel but le Japon  organise la TICAD ?

Yosuke Shimono : TICAD est l’acronyme de «Tokyo international conference on african development» (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique). Cette rencontre a été initiée en 1993 par le Japon afin de promouvoir un dialogue de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement au sujet des problèmes rencontrés par l’Afrique, tels que le développement économique, la pauvreté ou les conflits. La TICAD a été créée par le Japon après la fin de la guerre froide afin d’oeuvrer au développement de l’Afrique.

Depuis sa création, la TICAD a évolué pour devenir un cadre international majeur facilitant la mise en oeuvre de mesures promouvant le développement africain à travers un double principe d’«appropriation» africaine et de «partenariat» international. La TICAD est organisée conjointement par le gouvernement japonais, la Banque mondiale (BM), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Organisation des Nations unies (ONU) et la Commission de l’Union africaine (UA). Elle compte parmi ses acteurs l’ensemble des pays africains et des partenaires au développement, parmi lesquels des organisations internationales et régionales, des pays donateurs, des pays asiatiques, le secteur privé et la société civile.

La sixième conférence (TICAD VI), prévue au Kenya les 27 et 28 août 2016, revêt une signification historique particulière du fait qu’elle sera la première TICAD à se tenir en Afrique. En termes de chiffres, l’engagement du Japon en Afrique, s’élève à 32 milliards de dollars pour un dispositif de soutien incluant des actions à la fois pour les secteurs public et privé. Dans le cadre de l’aide au développement, Tokyo met 14 milliards de dollars sur la table. Pour ce qui concerne spécifiquement la région du Sahel, le Japon engage 1 milliard de dollars dans le cadre d’une aide pour stabiliser et assurer le développement du Mali et de l’ensemble du Sahel. Sans compter une assistance pour le développement des capacités en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme.

L’Essor : Quel est l’intérêt de ce sommet pour le Mali ?

Yosuke Shimono : La coopération japonaise au Mali se porte bien. En effet, de 2013 à nos jours, le Japon a investi plus de 64 millions de dollars soit 32 milliards de Fcfa dans différents domaines tels que l’eau, la sécurité alimentaire, l’urgence humanitaire, la santé, le genre, la protection civile, etc.

Pour ce sommet, trois axes prioritaires ont été définis avec un intérêt particulier porté aux évolutions positives et aux défis apparus après la TICAD V de 2013. Ces axes sont : promouvoir une transformation économique structurelle par la diversification économique et l’industrialisation ; promouvoir un système de santé résilient pour une meilleure qualité de vie ; promouvoir la stabilité sociale pour une prospérité partagée.

Parmi, ces trois axes, celui qui porte sur la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée, sera certainement au centre de l’intérêt du Mali au cours de ce sommet parce que cette thématique couvre les manières de promouvoir la stabilité sociale et aborde l’expansion de l’extrémisme violent ainsi que les risques croissants de catastrophes naturelles dues aux changements climatiques. Les participants pourront notamment évoquer les façons de renforcer le secteur de la sécurité, de promouvoir la création d’emplois par des formations professionnelles pour les femmes et les jeunes, de développer les méthodes de réduction des risques et d’améliorer la sécurité alimentaire.

L’Essor : Quels sont les domaines d’investissement du Japon au Mali ?

Yosuke Shimono : L’investissement est un sujet important pour le processus de la TICAD. Parmi les trois axes du sommet de Nairobi, la promotion d’une transformation économique structurelle par la diversification économique et l’industrialisation, correspondra au thème des investissements. Mais pour le moment, il y a peu d’investissements du Japon au Mali à cause du problème sécuritaire.

Néanmoins, le Japon investit dans le secteur des ressources humaines. Par exemple, dans le domaine de l’éducation, cette année quatre Maliens ont obtenu le diplôme du Master grâce à des bourses du Japon. Aussi, le programme de stage dans le cadre de l’initiative africaine de l’enseignement professionnel en faveur des jeunes africains « ABE INITIATIVE » est un investissement pour la formation des ressources humaines de qualité.

Propos recueillis par

A. DIARRA

Source : L’Essor