L’ex-directeur général de la Société “Les Assurances Lafia-sa”, Ousmane Bocoum, et quatre autres personnes, à savoir le directeur commercial, Issa Coulibaly ; le caissier M. Diarra et deux agents coursiers se sont présentés,  vendredi dernier, devant le Procureur du tribunal de la Commune III, chargé du Pôle économique et financier.  Il s’agissait de répondre de griefs contenus dans deux plaintes déposées pour “malversations financières” portant sur un montant de 3 824 804 114 Fcfa, suite à un rapport d’un Expert de la Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique sur la situation financière de la Société “Assurances Lafia”.  Mardi dernier, l’Ex-directeur général, Ousmane Bocoum, a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du 8ème Cabinet, Abdoulaye I. Maïga.

L’Ex-directeur général de la Société “Les Assurances-Lafia-sa”, Ousmane Bocoum, a été placé, mardi dernier, sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du 8ème Cabinet du Pôle économique et financier, Abdoulaye I. Maïga. Depuis, l’ex-patron de la Lafia-sa dort à la Maison centrale d’arrêt de Bamako-Coura. Plusieurs agents de la Société “Assurances-Lafia-sa” ne cessent de faire des va-et-vient devant le Pôle économique et financier pour les besoins des enquêtes. Il s’agit de tous les agents impliqués dans les aspects financiers au sein de la société. Selon nos sources, il est fort probable que d’autres agents suivent Ousmane Bocoum à la prison.

L’arrestation de l’ex-directeur général des Assurances Lafia-sa fait suite à deux plaintes déposées contre sa gestion pour “malversations financières”  portant sur un montant de 3 824 804 114 Fcfa.  Ces poursuites judiciaires, précise notre source, ont été engagées par l’opérateur économique Amadou Djigué (il fut le président du Conseil d’administration) et par le patron de la Société Atlas Investissement, Fousseyni Djigué (Administrateur des Assurances Lafia), qui serait l’un des fils d’Amadou Djigué.

Suite à ces plaintes, l’ex-directeur général, Ousmane Bocoum, avait été interpellé, le vendredi 4 septembre dernier, avec d’autres personnes. D’abord par le Service de la Brigade d’investigations judiciaires du Camp 1 de la Gendarmerie pour les besoins des enquêtes où ils ont passé tout le week-end.

En fait, précise notre source, les plaintes avaient été déposées au niveau du Tribunal de la Commune 5 qui s’est déclaré “incompétent” pour juger cette affaire. Voilà pourquoi le dossier a été finalement transmis au Procureur du Tribunal de la Commune III, chargé du Pôle économique et financier.

C’est ainsi que l’ex-directeur général, Ousmane Bocoum, et quatre autres personnes, se sont présentés devant le Procureur de la Commune III avant d’être libérés. Il s’agit du directeur commercial, Issa Coulibaly, du Caissier, M. Diarra et deux agents coursiers, à savoir Soumaïla Guindo et un certain Cissouma. Et Ils ont été tous présentés, vendredi dernier, devant le Procureur Kassogué, qui risque de les placer sous mandat de dépôt.

Là, le dossier a été confié à un juge d’instruction. Il s’agit du magistrat Abdoulaye I. Maïga du 8ème Cabinet. Il a pris le dossier en mains. Et aujourd’hui, une première tête est tombée : celle de l’ex-directeur général, Ousmane Bocoum. En attendant, les autres sont sur le qui-vive.

Notons que cette procédure judiciaire fait suite à un rapport de contrôle d’un expert de la Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique (Dntcp) qui a décelé des malversations financières à hauteur de 3 824 804 114 Fcfa pesant sur la gestion de l’ex-directeur général, Ousmane Bocoum.

Il est donc accusé, par ce rapport, d’escroquerie, d’abus de confiance, d’abus de biens sociaux, de fraudes comptables (comptabilité fictive), soustraction frauduleuse à l’encontre de la Société.

Au titre des commissions et sinistres, le rapport constate des anomalies consistant en “l’existence de plusieurs chèques libellés au nom de deux bénéficiaires différents” pour un montant de 162 295 182 Fcfa.

Et les vérifications font ressortir des chèques libellés engagés par le directeur général d’un montant de 37 494 841 Fcfa.

Au titre des émissions des primes et paiements des commissions, de graves fraudes apparaissent dont 1 244 328 959 Fcfa de commissions qui ont été frauduleusement payées à divers courtiers, sans aucun justificatif.

Sur les dossiers de sinistres des exercices 2018 au 31 mars 2020, le rapport a décelé des paiements en doute, frauduleusement répétés sans que la Direction générale puisse fournir la moindre pièce justificative.

En toute violation de l’article 733 du Code Cima et de l’Arrêté du ministre des Finances N°0741/MF-SG du 26 avril 1999 fixant le taux des commissions, la Direction générale a frauduleusement payé 256 889 122 Fcfa de commissions en dépassement du taux réglementaire.

Dans une correspondance en date du 26 août 2020 adressée au directeur national du Trésor et de la Comptabilité publique, Ousmane Bocoum dit avoir apporté des éléments de réponses justifiant le montant décelé dans le rapport de contrôle. Il s’agit des grands livres recettes et dépenses des exercices 2018, 2019 et 2020 et des caisses de rangements métalliques contenant les justificatifs des dépenses de 2018, 2019 et 1er janvier 2020 au 10 mai 2020.

“Nous vous précisions qu’aucun écart de solde ne ressort de nos travaux de rapprochement et restons à votre disposition pour toute information complémentaire”, souligne Ousmane Bocoum.

Dans une correspondance en date du 27 août 2020 et signée par Modibo Maïga, secrétaire général par intérim du ministère de l’Economie et des Finances, il a été décidé de la suspension de tous les organes dirigeants de la Société “Assurances Lafia”, notamment le Conseil d’administration et la Direction générale.

Du coup, la Société a été mise sous administration provisoire, conformément aux dispositions des articles 312 et 321 du Code des Assurances.

L’ancienne ministre de l’Elevage et de la Pêche sous IBK, Mme Ly Taher Dravé, a été donc nommée Administratrice provisoire pour gérer les affaires courantes pour un mandat de 2 mois, renouvelable. Sa mission essentielle est de corriger les insuffisances sur l’opération d’augmentation du capital social ainsi que les autres anomalies signalées dans le rapport de contrôle de la Direction nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique.

Autres grandes missions, c’est de permettre à Ousmane Bocoum de justifier le montant de 3 824 804 114 Fcfa, arrêté à la clôture des travaux de la mission de la Dntcp et de recouvrer les créances dues par Amadou Djigué en sa qualité de Président du Conseil d’administration, arrêtées à 123 831 719 Fcfa à la clôture des travaux de la mission de contrôle.

Sur ce cas, l’opérateur économique Amadou Djigué a apporté des éléments d’éclaircissement concernant les 123 831 719 Fcfa comme créances. Dans une correspondance en date du 3 septembre 2020, Amadou Djigué précise : “Suite à ma demande adressée à la Dntcp, une mission de contrôle a été dépêchée aux Assurances Lafia-sa qui, dans son rapport en date du 12 août 2020, a fait ressortir à la page 18 que je suis redevable d’un montant de 123 831 719 Fcfa qui serait consécutif à mes frais d’évacuation sanitaire et de soins médicaux, ce qui n’est pas vrai et je n’ai jamais demandé de prêt à cet effet.

Ce sont les administrateurs, en accord avec la Direction, qui ont pris cette décision en mon absence et, à mon retour, je n’ai jamais été informé par qui que ce soit qu’il s’agissait d’un prêt. Quant aux impayés des assurances automobiles, établies à l’endroit des sociétés Kadiel-Petrolium ou Sodipa, je ne suis ni de près ni de loin associé ou gérant d’aucune de ces sociétés. Tout cet acharnement à mon égard relève du fait que j’ai demandé, après des soupçons de mauvaise gestion au sein des Assurances Lafia-sa par ceux qui en ont la charge, un contrôle approfondi”.

                 El Hadj A.B. HAIDARA

 

Source: Aujourd’hui-Mali