La très dévouée ministre de l’Equipement et du désenclavement a sous les bras un volumineux et brulant dossier. Celui des fonds destinés à la construction de la route Macina- Diafarabé. Le pactole a, de toute évidence été passé à la « casserole » alors que le projet est visiblement « enterré »

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Longue de 95 km, cette route qui constitue un maillon important du trafic entre les localités de Macina (région de Ségou) et de Ténenkou (région de Mopti) devrait être à nos jours, opérationnelle si les prédateurs ne s’en étaient pas accaparé. Pour  un coût total de réalisation  estimé à plus de 14 milliards de F CFA, les travaux avaient été lancés à grand renfort de publicité par l’ancien ministre Mamadou Hachimi Koumaré le 04 juin 2016.

A l’époque, il avait été annoncé que le financement du lot 1 du tronçon Macina-Diafarabé, long de 43,7 km, sera assuré à hauteur 100 % par le budget national et devrait être  exécuté par l’entreprise chinoise CGGC, sélectionnée à la suite d’un appel d’offres ouvert. Le délai d’exécution des travaux est de 18 mois. Le groupement de bureaux GIC-Mali/Setade a été retenu à la suite d’une consultation restreinte pour le contrôle des travaux. Le coût actualisé de ses prestations étant de 484 080 500 F CFA TTC.

Le directeur national des routes avait rappelé à l’occasion du lancement que les travaux, démarrés en fin 2011 sur financement du budget national grâce à une partie des 51 % des ressources issues de la vente de la Sotelma avaient été suspendus à la suite de la crise politico-sécuritaire survenue dans notre pays en 2012 avant de souligner l’effort des autorités « qui ont accepté de mettre en place les fonds nécessaires à la reprise des travaux, les ressources Sotelma étant déjà épuisées ».

Il avait fait part de l’engagement du ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim Koumaré, à faire en sorte qu’il n’y ait pas de blocage dans le démarrage effectif des travaux de construction de cette route vitale pour le désenclavement de ces localités inondées six à huit mois sur douze.

Seulement voilà, depuis le tintamarre médiatique qui a accompagné le lancement des travaux, la société chinoise et ses partenaires sont plutôt passés au festin. En passant à la pelle et aux râteaux les ressources mobilisées par l’Etat, ils ont définitivement anéanti les espoirs des populations. Les travaux sont arrêté et les protagonistes se crêpent le chignon.

En effet, le fr-re du ministre Ly Taher Dravé, un certain Boubacar Baladji Dravé, responsable de la société SETICE-SARL en sous-traitance sur le marché avait signé un contrat de partenariat avec un certain Mama Kanyentao Pdg de la la HARI-SARL pour une assistance technique dans le cadre de la réalisation de la route en piste de 46 km.

Depuis le démarrage des travaux, un climat de défiance s’est vite installé entre les deux partenaires.

Dravé estime le Pdg de HARI procédait à des déblocages de fonds àn son insu au nom dudit projet pour ensuite les utiliser à des fins personnelles. Pire dit il, M ? Kanyentao ne payait plus les frais de location des engins des fournisseurs. Plus grave, selon lui, ce dernier utiliserait des fausses factures pour retirer de l’argent à la BIM SA en utilisant les comptes bancaires des sociétés qui n’intervenaient même pas sur le terrain.

C’est sur la base de ces incriminations que M. Dravé a finalement trimballé son partenaire devant la gendarmerie.

Mais comment donc, malgré que leurs agissements soient préjudiciables à ce projet vital pour le Mali, que les pouvoirs publics soient restés indifférents ? Pourtant, les travaux sont arrêtés et personne n’en parle ou presque.

Pourtant, ce projet de désenclavement dont le but était de rapprocher les zones de productions des zones de consommation visait à faciliter et à fluidifier le trafic sur l’ensemble du territoire. Le cercle est constitué de 6 arrondissements, 10 communes, 225 villages, 13 fractions nomades.

Est il besoin de rappeler que le bitumage de la route Macina-Diafarabé allait sans doute donner un coup de fouet à l’activité économique dans le cercle de Ténenkou qui est une zone de production de riz et de poisson par excellence ; les ports de pêche de Ténenkou, Diondiori, Diafarabé étant considérés parmi les meilleurs du pays.

Aujourd’hui, Ténenkou souffre d’énormes problèmes d’enclavement. Ce qui rend difficile l’écoulement des produits pendant une bonne partie de l’année. Le seul moyen de transport viable est la voie fluviale qui n’est praticable que pendant trois mois dans l’année. La  route qui devrait être bitumée se situe dans une zone fortement inondable, très difficile d’accès en saison des pluies.

Le prétexte de l’insécurité doit il occulté la magouille qui a englouti ce gros projet ?

En tout cas les plus hautes autorités sont interpellées

Harouna Niang

La Dépêche