Les fouilles « archélogico-financières » réalisées à la Maire de la Commune II du district de Bamako est sans appel : surfacturations à la pelle, vols et détournements de fonds. Auxquels s’ajoutent des dépenses injustifiées et le changement des règles de la comptabilisation, d’une année à l’autre. Autant de pratiques du maire Cheick Abba Niaré, de son adjoint Fodjié Traoré et du chef de l’urbanisme de la Mairie, Backi Traoré, qui selon les enquêteurs ont précipité la Mairie de la commune II dans l’abîme. Avec à la clé,  plus de 153 millions (153 644 462F) de francs CFA qui ont pris une destination, jusque-là, encore inconnue. D’où le lieu pour le Pôle économique et Financier de mettre ces trois individus sous mandat de dépôt.

Décidemment, le maire de la Commune II M. Cheick Abba Niarré et ses complices sont mal barrés. Le gouffre financier creusé au niveau de cette mairie dépasse l’entendement. D’où la paralysie de la municipalité à tous les niveaux. Ou presque.

En clair, la Mairie de la Commune II dans son histoire n’a jamais connu une telle hémorragie financière. Pire, elle n’a jamais été confiée à une personnalité, aussi controversée que le Maire Cheick Abba Niaré et son équipe: pendant des lustres, les caisses de la municipalité ont coulé. Comme le fleuve Niger dans son lit. Et les détournements ont été comptabilisés en centaines de millions de nos francs.

Le paiement des charges de la Commune II, entre guillemets

La Mairie de la Commune II du District de Bamako n’a pas seulement perdu de sa superbe. Elle a été vidée de son âme, vendue au diable. Et jusqu’aujourd’hui, le jeune Maire M. Cheick Abba Niaré et son équipe, n’affichent qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, les gaffes au sein de ce service n’ont atteint un tel degré.

Jugée, pourtant, stratégique dans la politique de développement communautaire, la Mairie de la Commune II n’a pas échappé à l’appétit vorace du Maire et de ces complices. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigés le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès des populations de la commune II, a viré au cauchemar. Un flop magistral.

La gestion financière de la Mairie de la commune II du district de Bamako pendant l’exercice 2017 et le 1er semestre de 2018 présentes des irrégularités financières de 153,64 millions FCFA. D’où une dénonciation de faits au niveau du Pôle économique et financier.

Du coup, le maire Cheick Abba Niaré et ses complices ont plusieurs fois été auditionnés par le procureur chargé du Pôle économique et financier pour justifier les irrégularités financières relevées dans les opérations de recettes, de dépenses, et d’attribution des parcelles de terrain et de recrutements d’agents sur la période de l’ exercice 2017 et le 1er semestre de l’année 2018.

En effet, l’audit des comptes de la Mairie de la Commune II a permis de déceler une utilisation non justifiée par le Maire Cheick Abba Niaré du don de l’Ambassade de Chine d’un montant de 28 898 500FCFA dans l’exécution du projet de valorisation des ordures ménagères et gestion des déchets solides dont l’objectif visait à améliorer le cadre de vie de la population de la Commune II. Pour l’acquisition de 4 000 poubelles, le Maire Cheick Abba Niaré n’a pas pu fournir le PV de réception et la facture d’achat. En outre, la Mairie n’a pas fourni aux auditeurs les documents de mouvement et la preuve de l’existence physique des poubelles achetées à 23 600 000 FCFA.

S’agissant du matériel informatique, les caractéristiques des matériels présentés aux enquêteurs ne sont pas conformes aux indications mentionnées sur le bon de commande. À titre illustratif à la place d’une imprimante HP, une imprimante canon a été fournie.

Concernant la réparation de la pelle chargeuse, la facture et l’attestation de service fait n’ont pas été fournies.  Par conséquent, le montant du don de 28 898 500 de FCFA n’a pas été justifié.

Sur les 44 attributaires de parcelles en 2017, huit (8) se sont acquittés des frais d’édilité pour 11 parcelles de terrain pour lesquelles un montant correspondant à 10% en sus des frais d’édilités n’a pas été payé pour une valeur de 216 150 FCFA. Il en est de même pour les cinq (5) parcelles attribuées en 2018 pour lesquelles un montant de 98 250 FCFA n’a pas été payé au titre des 10% à percevoir sur les frais d’édilité d’une valeur de 982 500 FCFA soit un montant cumulé de 314 400 FCFA dû à l’État non perçu.

Aussi, il y a des irrégularités financières relatives à la mauvaise utilisation de la subvention de l’ANICT à d’autres fins dont le montant s’élève à 16 820 948 FCFA. En Effet, le maire Cheick Abba Niaré a accordé, en violation de la loi, des indemnités au personnel en détachement à la Mairie ; un appui aux animateurs de clubs d’enfants en Commune II ; des indemnités pour le personnel lors de la 3ème session ordinaire de 2017 ; une prime pour la commission de reclassement des agents et des paiements des salaires du mois de mars des agents non titulaires de la commune. Plus grave, le maire Cheick Aba Niaré a procédé, en violation des textes, aux recrutements de 5 agents en l’absence de la délibération du Conseil communal au compte de la Mairie. Le montant des salaires payés aux agents recrutés s’élève à 7 021 180 FCFA.

Bien plus, il y a des recettes non versées à l’État. En effet, la Mairie n’a pas versé les recettes de location de magasins d’un montant de 10 359 050 FCFA. Également, des recettes de 35 704 000 FCFA issues de la délivrance d’actes d’état civil, lors des mariages, perçues par les Régisseurs des Centres secondaires de la Mairie de la CII.

En outre, le maire a procédé à des dépenses de fractionnement pour un montant de 54 526 384 FCFA. Ce montant cumulé est relatif aux dépenses de curage des caniveaux des différents quartiers de la Commune réalisé en 2017 dont la somme investie dépasse le seuil de passation des marchés publics. Le Représentant du Bureau Spécialisé des Domaines de la mairie n’a pu recouvrer des droits dus à l’État dans l’attribution des 44 parcelles de terrains à usage d’habitation en 2017 et cinq parcelles en 2018. Le montant cumulé dû à l’État et non perçu s’élève à 314 400 FCFA.

Même le détournement des fonds issus de la délivrance des actes de mariage par la Mairie n’est pas de nature à tempérer les curiosités.  Ainsi, pour s’assurer que les montants issus de la délivrance des actes de mariages célébrés dans les Centres secondaires d’État civil ont été effectivement recouvrés et reversés à la Perception, les auditeurs ont  procédé à l’analyse des registres de mariage, des quittances, du compte administratif, des bordereaux de versement à la Perception pour chaque exercice. Ils ont également recalculé le montant des actes de mariages établis par les régisseurs des Centres secondaires d’état civil. Du coup, il apparaît que les mariages inscrits dans les registres des Centres secondaires d’État civil n’ont pas intégralement fait l’objet de perception de recettes sur quittances. Ces recettes n’ont ni été enregistrées encore moins versées à la Perception. Le montant total perçu mais non reversé s’élève à 35 704 000 FCFA soit 23 311 000 FCFA en 2017 et 12 393 000 FCFA en 2018.

En bloc, les montants cumulés de toutes ces irrégularités financières susmentionnées s’élèvent à 153 644 462 FCFA. Et elles avaient fait déjà l’objet d’une dénonciation de faits par le vérificateur général au président de la section des comptes et au Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako, chargé du Pôle économique et financier.

Après des mois d’auditions et de justifications, l’étau de la Brigade d’investigation s’est resserré sur le jeune Maire de la Commune II du district de Bamako, M. Cheick Abba Niaré et son premier adjoint, Fodjié Traoré et le Chef de l’urbanisme de la Mairie, Backi Traoré. Ils ont été placés sous mandat de dépôt par le Procureur à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA) de Bamako.

Bref, la Mairie de la Commune II a été sacrifiée sur l’autel d’intérêts égoïstes. Autrement dit, la caisse de la municipalité a subi une saignée financière de plusieurs dizaines de millions de francs CFA.

En réalité, cette mauvaise gestion est le fruit d’un système bien huilé, mis en place par les « princes » de la Mairie de la Commune II.

Selon ce système, les responsables de la municipalité veillent aux « bons soins » de leurs potes et de leur propre personne: enveloppes de fin du mois, marché de gré à gré, bon de carburant à gogo, voyages à l’étranger et autres cadeaux en nature. Du moins, s’ils veulent éviter les « ennuis ».

Face à de telles pratiques qui ont occasionné un trou de153 millions de francs CFA dans les caisses de la municipalité, les enquêteurs, à l’unanimité, exigent à ce que le Maire de la Commune II, M. Cheick Abba Niaré et ses complices rendent à César ce qui n’est pas à eux. D’où leur incarcération à la prison centrale de Bamako –Coura.

Jean Pierre James

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