Si Salif Traoré n’a rien fait après l’exclusion des 22 jeunes recrues de la protection civile, l’Union Européenne (UE) n’a pas oublié ses engagements en venant au secours du Mali. L’UE n’entend pas être comptable d’une mascarade sécuritaire avec les scandales récents, mais surtout l’hécatombe au centre du pays alors que des sommes faramineuses sont allouées à l’armée malienne.

Au moment où le pays s’écroule, l’armée et ses responsables trouvent le moyen de fâcher tout le monde, y compris l’Union Européenne. Si l’on tient compte des menaces voilées que l’UE adresse aux autorités maliennes en affirmant qu’elle envisage de prendre des mesures de rétorsion contre le pays à cause de l’absence de traçabilité au sein de l’armée.

Ces puissants partenaires du Mali ont décidé de ne plus poursuivre leur soutien à la grande muette malienne pour cause d’absence de traçabilité : recrutements douteux, clientélisme, clanisme, népotisme, fuite de responsabilité. Plus de 2000 milliards sont investis pour rehausser le niveau de l’armée malienne, mais le résultat est catastrophique et la corruption règne partout.

Au lieu de recruter les jeunes des terroirs pour qu’ils contribuent à la protection du pays au sein d’une armée professionnelle, nos responsables ont préféré mettre les fils des patrons sur les listes de recrutement. L’une des preuves est l’exclusion de 22 jeunes de la formation de la protection civile, des jeunes maliens remplacés alors qu’ils avaient déjà commencé leur formation militaire sur le terrain.

Autre preuve de la corruption au sein de la défense nationale, la sortie des représentants de Gao pour dénoncer la semaine dernière le manque de transparence dans les recrutements. Sur une vingtaine de recrue du quota de la région, seuls 6 sont originaires de Gao, le reste étant des proches des chefs militaires et politiques vivant à Bamako ou dans d’autres zones du pays loin de la région de Gao.

Et toutes ces révélations sont faites sans aucune sanction, sans la moindre mesure des hautes autorités du pays pour punir les coupables. C’est ce silence des autorités maliennes qui est en partie à la base de la menace de l’UE. Il faut rappeler que le Mali a accepté que l’UE prenne des mesures dures contre le pays si la population dénonce des cas de corruption ou de détournement de l’aide au développement au nord du pays.

D’ailleurs, un numéro vert avait été mis en ligne pour permettre à la population de dénoncer les cas de corruption. Mais depuis plus de cinq ans, on ne sait pas si cette mesure a permis de dénoncer des cas de corruption. En tout cas, la position de l’UE semble avoir un lien avec l’absence de réaction des plus hautes autorités maliennes face aux récents cas de corruption dans le recrutement des hommes et des femmes censés défendre le Mali.

En clair, les Européens ont choisi de ne pas être comptables de la faillite probable du pays due à la corruption au sein de l’armée et des forces de sécurités. Comment comprendre que l’armée malienne et les forces de sécurité soient incapable de sauver les populations du centre du pays du « naufrage» sécuritaire alors que des sommes colossales sont englouties pour mieux réussir leur mission?

En ce qui concerne l’UE, ce partenaire veut prévenir l’échec de son accompagnement militaire et économique au Mali qui risque d’être privé de l’important soutien financier des Occidentaux. Au regard de tous les morts que l’on enregistre à longueur de journée à travers le territoire malien, les efforts déployés par les missions de formation et d’entrainement de l’UE ont été un échec patent dont les preuves sont étalées de jour en jour à la face du monde.

Si le Mali a choisi de fermer les yeux sur les magouilles au sein de la défense nationale, les Occidentaux ne sont pas dans la même logique. L’impunité érigée en mode de gouvernance par le pouvoir malien est en train de  se retourner contre le pays qui sombre déjà dans le chaos sécuritaire.

Avec tout ce qui se passe au Mali, ce n’est plus qu’une question de temps pour que l’opinion publique de l’UE demande des comptes à ses dirigeants sur leur responsabilité dans le chaos malien

Source: La Sirène