La Banque Malienne de Solidarité (BMS.SA) est dans la tourmente. Elle est hantée par ce qui est sur le point de devenir l’affaire du siècle : il s’agit en clair de manipulations et de duplication des comptes des gros clients dont les plus emblématiques sont Simpara Saran Traoré et sa société Simpara Transit. Son PDG Babaly Ba, inculpé de faux et usage de faux, fait feu de tout bois pour échapper des griffes des magistrats incorruptibles et de la prison. Lisez plutôt pour comprendre comment le Madoff malien manipule les comptes des gros clients de sa banque pour les ruiner.

Depuis quelques années, la Banque Malienne de Solidarité (BMS-Sa) fait face à une affaire qui hante l’esprit de ses dirigeants. Il s’agit de l’affaire dite Madame Simpara Saran Traoré, transitaire de son état et cliente de ladite banque. Le Directeur Général Babaly Ba est au cœur de ce scandale grotesque. Mme Simpara, très connue dans le milieu des affaires maliens, a constaté des anomalies et des prélèvements injustifiés de montants faramineux sur son compte personnel et sur celui de son entreprise Simpara Transit-Sarl. Elle a tenté de comprendre ce qui se tramait. Quelle ne fut sa surprise de découvrir que, non seulement son compte est cloné mais aussi, plus de 4 milliards de Francs CFA y manquaient. Interpellés sur ces mouvements suspects, les responsables de la BMS-Sa ont été incapables de lui fournir des explications convaincantes.
Loin d’être la naïve que les banquiers pensaient qu’elle était, Saran Traoré n’a eu d’autre choix que de saisir la justice pour rentrer dans ses droits. C’est le début d’un interminable feuilleton juridique et judiciaire qui dure depuis plus de neuf ans déjà.
Comment en est-on arrivé là ?
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au mois de septembre 2007 où, un agent de la BMS-Sa, parvint à convaincre Saran Traoré d’ouvrir un compte à la BMS-Sa. Ne se doutant de rien, Madame Simpara n’a rien vu venir. Elle a non seulement accepté l’offre, mais surtout, elle va ouvrir deux comptes dans les livres de la BMS-Sa sous les N°04066010139-45 au nom de Saran Traoré et N°015380020124-38 au nom de Simpara Transit SARL, le 11 septembre 2007 avec un dépôt initial de 100.000.000 FCFA sur le premier compte.
Alors, les responsables de la banque pensant que l’opératrice économique était une profane, sinon, une « analphabète » voire qu’elle serait assez riche pour remarquer les manipulations qu’ils se sont permis de faire sur ses comptes : prélèvements énormes et surfacturations qui ne disent pas leurs noms.
Après les contestations de la cliente, un cabinet d’audit MAECO-Sarl de renommée internationale a été constitué pour vérifier les comptes. C’est ainsi que le pot aux roses fut découvert.
Les travaux du cabinet, qui ont consisté à faire le pointage des comptes dans les livres de la BMS-Sa, ont révélé l’existence d’autres comptes créés par la banque à l’insu de dame Simpara et de son entreprise. Le pointage a démontré l’existence de bordereaux portant des numéros de comptes différents avec comme numéro de compte le 01538002001-88. Egalement, les opérations bancaires au débit et au crédit sont mentionnées sur ce compte dont ni Saran Traoré ni Simpara Transit-Sarl ne sont signataires.
Dans la correspondance N/Réf 3675 PDG/DE/SRC/2014du PDG en date du 17 juin 2014, adressée au Juge d’Instruction du 6ème Cabinet du Tribunal de Première Instance de la commune III du District de Bamako, le PDG de la BMS-Sa Babaly reconnaît cet état de fait. Il estime que les faux comptes cités ci-dessus sont les comptes réels de Saran Traoré et de Simpara Transit. Or, les comptes ouverts sous la signature de dame Saran Traoré sont tout autres.
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La banque, en guise d’arguments à l’incohérence sur les différents comptes, estime que cela est dû à un changement de logiciel.
Malgré les années de contentieux, c’est en novembre 2017, par l’entremise d’un journaliste, que la banque a accepté de mettre à la disposition de Dame Simpara le relevé réel de la société Simpara Transit-Sarl avec le N°015380020124-38. Toute chose qui relève d’un flou artistique et d’une faute lourde en procédure bancaire. Aussi, l’utilisation de deux numéros de comptes pour une même société à l’insu du propriétaire par une banque est une pratique incompréhensible.
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Cette pratique interdite est non conforme à la réglementation bancaire et constituerait une faute de gestion irrégulière de la part de la BMS-Sa.
Babaly Ba ou le Bernard Madoff malien !
En véritable dribleur, le PDG Babaly Bah s’est rendu coupable de plusieurs délits qui risquent de l’envoyer derrière les barreaux et pour très longtemps.
En effet, dans l’affaire qui l’oppose à Dame Simpara, au-delà des manipulations faites sur les comptes de cette dernière devant les juges, le Bernard Madoff malien dont la spécialité serait de manipuler les comptes des gros clients et les dépouiller, est passé aux aveux. Ainsi, dans le procès-verbal d’interrogatoire N°22/2014/RP et N°06/2014/RI en date du 30 avril 2014 dont nous avons eu copie, le juge d’instruction du 6ème cabinet du Tribunal de Grande Instance de la Commune III, Mamadou Kassogué a rappelé à l’auditionné Babaly Ba, assisté de 6 de ses conseils, qu’il est entendu parce qu’il est inculpé de faux en écriture, d’usage de faux au préjudice de Dame Saran Traoré. En effet, cette inculpation de Babaly Ba, comme le rapporte le procès-verbal de l’audition, remonte au 17 avril 2014.
Babaly pourrait-il éviter la prison ?
Acculé dans ses derniers retranchements, Babaly Baa initié précipitamment une lettre de mise à disposition de lignes de crédits au profit de dame Saran Traoré Simpara. Seulement, sous la pression et la peur de la geôle, le banquier a oublié d’antidater la lettre.
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Comment une banque peut-elle accorder un prêt à quelqu’un qui n’est pas son client ? Mieux, le numéro de compte et les autres références sur la lettre n’existaient point à cette date. Dans le cas présent, Babaly Ba « accorde » un crédit à Saran le 24 janvier 2007 alors que l’ouverture des comptes de Saran à la BMS-Sa date de 11 septembre 2007. L’incohérence est palpable.
À plus de 25 ans de bancarisation dont 10 ans à la Banque Of Africa,http://bamada.net Saran Traoré n’avait jamais eu à réclamer quoi que ce soit. Il a fallu qu’elle vienne à la BMS-Sa pour que ses malheurs commencent.
A son arrivée à la BMS-Sa, le capital de la société était de 2 milliards FCFA mais, en deux ans, Saran Traoré a fait plus des mouvements sur ses comptes dont la valeur égale 11 milliards F CFA.
Aussi, le Mozart de l’arnaque qu’est Babaly Ba a tenté de faire passer tous les ordres de virements et d’achats d’équipements que Saran a effectués comme des prêts. Or, le compte de la dame était assez solvable pour supporter ces différentes opérations.
Sentant le vent de la prison proche, Babaly envoie un ballon d’oxygène (argent) à tout le monde avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Des magistrats aux notaires en passant par la presse.
C’est ainsi, que le notaire Mamadou Kanda Keïta a été confondu par le même juge Kassogué. Selon le procès-verbal de son audition, le juge lui a rappelé avant de commencer qu’il est entendu pour avoir établi, dans l’exercice de sa fonction de notaire, deux fausses conventions au préjudice de dame Saran Traoré.
Le préjudice causé à Saran Simpara s’élève à plus de 4 milliards de nos francs.
Comme, si cela ne suffisait pas, le Bernard Madoff malien parvient à corrompre certains confères (journalistes) qui ont accepté de jouer son jeu. C’est ainsi que les noms de certains d’entre eux figurant sur la liste des créanciers de la banque qui ont obtenu des prêts sans garantie se sont retrouvée sur la place publique. Nous vous proposerons l’intégralité de cette liste dans nos prochaines parutions.
Rappelons que Saran Traoré n’est pas la seule victime de Babaly Ba et de sa banque. D’autres clients dont nous tairons volontairement les noms sont aussi dans la même situation. Ils ont tous été victimes de l’existence de comptes reflets à la BMS. Et certains ont tout perdu.Parmi eux, certains ont même perdu la tête.
Contrairement à ce qui se raconte, le lynchage médiatique aux allures d’une diffamation et d’affirmation gratuite, l’affaire est loin de connaitre son épilogue ; l’affaire vidée devant la Cour Suprême n’est qu’une parmi tant d’autre.
Au-delà de Saran Traoré, l’entreprise Simpara Transit-Sarl entre dans la danse avec une citation de Babaly Ba et de la BMS-Sa devant le Tribunal de la Commune IV pour plusieurs motifs.
Il nous revient que Babaly Bah ne dormirait plus et qu’il serait hanté par les fantômes de ses victimes qui attendent toujours que justice soit faite. Par cette affaire, il a réédité les exploits du Ponzi et a presque dépassé l’escroc hors paire de Bernard Madoff, cet homme d’affaires de 70 ans, condamné à une peine de 150 ans de prison aux USA pour une escroquerie massive à l’encontre de multiples investisseurs.
Nous y reviendrons.
A.B.D

 

source : L’Enquêteur