La publication par le Vérificateur Général d’un mémorandum sur le fait que le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, n’a pas correctement réalisé les transferts monétaires d’urgence à l’endroit des ménages, les plus pauvres et vulnérables du Mali pour répondre aux effets de la COVID-19 durant l’année 2020, continue d’alimenter les conversations et de susciter des interrogations au niveau de bon nombre de gens. Dans ce contexte, beaucoup se demandent les raisons pour lesquelles le ministre Alousséni Sanou de l’Économie et des Finances, tarde-t-il à relever, le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, M. Mahmoud Ali Sako, après les révélations dudit mémorandum.

 

Lors du dernier Conseil des ministres, la ministre avait décidé de mettre fin, provisoirement, aux fonctions du Coordinateur du Projet Jigisemejiri. Principal motif, permettre la manifestation de la vérité dans la gestion des ressources de l’État utilisées dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19 par le Projet Jigisemejiri dans laquelle le Coordinateur Mahmoud Ali Sako est désigné par le rapport d’enquête du Bureau du Vérificateur Général (BVG) comme étant le principal responsable de sa gestion solitaire et opaque. Composé de plusieurs pages, le rapport d’enquête du BVG sur le projet Jigisemejiri, depuis sa publication, continue d’alimenter la polémique. Et pour cause, il faut le rappeler, la richesse de son contenu ou du moins, les nombreuses révélations qui s’y trouvent concernant la gestion scabreuse du Projet Jigisemejiri.

Depuis l’annonce de l’ouverture d’une information judicaire sur les rapports de vérification, le Coordinateur de Jigisemejiri rejette, en bloc, toutes les accusations portées contre lui par le rapport du Vérificateur dans la gestion des fonds Covid-19.  À l’inverse, le rapport d’enquête du Végal affirment que le dossier du Projet Jigisemejiri, avec à sa tête, M. Mahmoud Ali Sako, doit être transmis à la justice et que le Coordinateur du projet  ne saurait être seul, le comptable des faits à lui reprochés dans ledit rapport d’enquête.

Même si le rapport d’enquête du Vérificateur ne culpabilise pas de manière directe, le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, il est à noter qu’il a eu à reprocher beaucoup de choses dans la gestion du fonds Covid par ce dernier. En conséquence, le ministre de l’Économie et des Finances,  adepte de la bonne gouvernance ne saurait incriminer seulement les petits poissons. Il devrait en effet reprocher ou sanctionner les responsables du Projet Jigisemejiri pour n’avoir pas suivi les règles de l’orthodoxie financière.

La preuve des épreuves

À en croire le rapport d’enquête du Bureau du Vérificateur Général, les indemnités de transport des responsables du Projet Jigisemejiri ; les diverses activités et les frais consentis dans les recensements pour l’actualisation de la base ont coûté, sur le Fonds COVID-19 remis par l’État malien, un montant de plus de 858 millions de nos francs (858 375 875 FCFA) qui n’est pas correctement justifié.

Ledit rapport d’enquête révèle qu’il n’existe aucune information sur les partenaires chargés de la collecte et de l’enregistrement des données. Les chèques pour ces activités sont établis au nom des agents du projet depuis Bamako.

Pourtant, le Projet a utilisé une base de données des bénéficiaires antérieurement répertoriés par Jigisemejiri, des indigents bénéficiaires du Régime d’Assistance Médicale (RAMED) de l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM), des bénéficiaires de certaines ONG internationales notamment ceux du Cadre Commun et du Programme KEY de l’Union Européenne des populations déplacées. La non justification de ce fonds, selon le Bureau du Vérificateur, met en doute l’efficacité du Projet pour la mission qui lui a été confiée.

Et le rapport du vérificateur de préciser : « le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, n’a pas transféré un montant de 30 097 471 525 FCFA ». Avant d’ajouter : « le Coordinateur du Projet Jigisemejiri a effectué des dépenses indues d’un montant de 25 200 000 FCFA ».

En refusant de sanctionner le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, le ministre Sanou fait selon beaucoup d’observateurs, la politique de deux poids, deux mesures.

Auparavant, des directeurs ont été débarqués étant donné qu’en tant que premiers responsables de leurs services, ils ne sauraient décevoir le ministre dans la conduite des affaires ou missions à eux confiées ou à leurs services respectifs. Si donc des directeurs indésirables ont été limogés, nombreux sont les maliens qui se demandent pourquoi le ministre Alousséni Sanou, tarde-t-il à en faire de même pour le Coordinateur du Projet Jigisemejiri, Mahmoud Ali Sako. Est-ce pour des raisons personnelles, politiques ou autres ?

Dans tous les cas, mutatis mutandis, dit la sagesse. Le ministre de l’Économie et des Finances doit se décider au risque d’énerver davantage ses compatriotes qui ont déjà compris que le ‘’Malikura’’ promis par la transition est une affaire d’amis spécialisés dans la malbouffe, la mal gouvernance, le pilotage à vue, les dérives et autres frasques anti-démocratiques.

Affaire à suivre !

Youssouf Traoré

SourceLe Nouveau Réveil