La démocratie a des règles c’est ce qui fait son charme. Mais dans une démocratie, si les autorités sapent les règles, elle laisse place à l’anarchie car les populations elles-mêmes seront leurs remparts et se dresseront contre l’état central.


Cette théorie sur la gouvernance illustre parfaitement ce qui se passe aujourd’hui 2 janvier 2020 à Diago, localité du cercle de Kati située à 20 Km de la capitale.bamada.net/hadi-niangadou-de-la-delinquance-fonciere-a-la-perversite-politique
Ce matin vers 8h, 7 pick-up et 2 camions remplis d’éléments de la garde nationale lourdement armés, d’autres avec de gaz lacrymogènes demarquent dans le village de Diago avec un huissier, à leur tête un chef de mission. Ils se dirigent vers le cimetière de la ville et veulent commencer des travaux de bornage de là où reposent les morts. Quel sacrilège !

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Face à cette situation contre nature, le Maire de la Commune de Diago Kassim Cly vient s’enquérir de la situation. Il est sèchement répondu par le lieutenant de la garde nationale qui l’informe qu’ils sont en mission nationale et de se référer à ses supérieurs hiérarchiques. Le Ministère de la Sécurité et de la protection civile a donc donné mission aux forces de défense et de sécurité à s’attaquer aux populations innocentes pour leur spolier de leurs terres ancestrales.

Le maire apprend par l’huissier de justice sur place qu’il dispose d’une décision de démolition-expulsion sur une superficie de 1.200 hectares au bénéfice de Binta Semega, qui dit détenir des titres fonciers issus par convoitise sur l’ensemble de la zone. Les 1200 hectares que réclame Binta Semega couvre tout le village de Tana, la moitié du village de Diago y compris le cimetière, le Cscom, les familles ancestrales depuis des siècles, les lieux sacrées et les lieux de cultes. Les populations avec à leur tête le chef de village est étonnée de comment et sur quelle base la nommée Binta Semega a pu faire des titres fonciers sur tout le village alors que personne ne lui a vendu ou offert 1 seul centimètre à Diago. La réaction des populations ne s’est pas faite attendre. Ils ont coupé la route.

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Aussitôt, le Maire se rend chez le sous-préfet de Kati et l’informe de la situation.
Après quelques échanges de coups de fil entre le préfet et le ministre de la sécurité et de la protection civile, la mission est suspendue.
Mais entre-temps, les populations se sont regroupées et ont décidé de couper la route nationale RN26 qui mène à Kita ne veulent plus rien entendre. Ils veulent l’annulation des titres fonciers sortis de nul part par Binta Semega sur leur village. A défaut, ils gardent le blocus sur la route nationale jusqu’à leur morts ou la satisfaction de leur doléances, nous signale un conseiller du chef de village.

Cet accaparement de Binta Semega, rappelle celle faite en 2008 par Hady Niangadou sur le village de Gouana derrière Kabala dans le cercle de Kati toujours . On se souvient qu’à cette époque, le richissime immobilier avait fait des TF sur plus de 1000 hectares sans l’accord des populations. Le dossier avait engagé l’état jusqu’au conseil des ministres et suite aux soulèvements, l’état fut contraint de demander à Hady Niangadou de renoncer à la zone. Plusieurs tentatives de recasement des TF de Hady avaient été tenté notamment sur le site de l’IER de Sotuba ou sur l’actuel site des logements sociaux de N’Tabacoro sans succès. Par la suite Djo Walaki condamnera l’état au tribunal à lui verser 10 milliards de francs FCFA. L’état paye encore petit à petit cette dette à l’homme d’affaires devenus député puis chef de parti politique au gré du temps.

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Binta Semega qui est aussi au coeur de plusieurs scandales fonciers dans le cercle de Kati est sur cette voie dans beaucoup de localités environnantes de Bamako.
En 2018, elle avait fait déguerpir des populations de N’Gabacoro Droit et Moribabougou où elle réclamait pour elle seule plus 500 hectares de titres fonciers. Depuis 2017, elle est aussi opposée à la population de Diago pour des TF qu’elle réclame sur tout le village entier. Ces choses dépassent vraiment l’entendement dans un état responsable, juste et légaliste.

Il appartient au chef de l’état Ibrahim Boubacar Keita, de prendre ses responsabilités en mettant fin à ce désordre croissant qui n’arrange guerre son régime déjà pris en mal par plusieurs scandales.

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Des faits graves de mécontentement s’enchaînent. La bombe sociale est dangereuse surtout quand elle émane de personnes abandonnées, maltraités et piétinées par l’état, ses protégés et les nantis. Notre peuple est beaucoup résigné mais pas lâche.

En attendant, une réaction des plus hautes autorités, face à cette injustice digne d’un film hollywoodien, la tension est très vives à Diago.

A suivre.

Source: Seydou Oumar Traoré, journaliste