Sur Espace TV, notre président IBK a effectué une sortie hasardeuse, contre la démocratie guinéenne en se prononçant sur la révision constitutionnelle initiée par le président sortant Alpha Condé pour se maintenir. C’est en ces termes qu’il s’est exprimé : « le Président a le droit d’avoir l’avis du peuple guinéen sur une question de cette envergure. » Cette sortie n’a pas plu aux démocrates de la Guinée notamment l’écrivain Thiérno Monenembo qui voit dans cet avis un soutien de taille au 3ème mandat d’Alpha Condé.

C’est pourquoi il a fait une sortie hasardeuse contre IBK. Pour quel intérêt le Président IBK a-t-il à se mêler de ce problème entre hommes politiques de la Guinée ? Nous citons trois raisons fondamentales. La 1re raison c’est parce qu’ils sont tous les deux de l’ethnie malinké qui est répartie entre le nord de la Guinée et le sud- ouest du Mali.
La deuxième raison est qu’ils sont des étudiants de carrière qui ont poursuivi les études en France” “. Ils se sont retrouvés au sein l’international socialiste lorsqu’ils ont embrassé la politique en tant que chef de Parti politique. Ils sont restés dans cette organisation jusqu’à devenir Président dans leurs pays respectifs. Ses liens tissés depuis une vingtaine d’années ont amené IBK à intervenir dans le débat guinéen sur la révision de la constitution, sachant bien que la politique est ethnicisée en Guinée.

Deux grandes ethnies à savoir les malinkés et les peuls s’affrontent depuis l’indépendance de la guinée en 1958 jusqu’à nos jours. Rares sont les Maliens qui savent que la mère du Président Alpha Condé de la Guinée est originaire de Bancoumana, arrondissement de Siby, cercle de Kati. En effet, elle est de la même famille que le général Yamoussa Camara, du footballeur franco-malien Zoumana Camara de l’équipe du Paris Saint-Germain. Son grand-père maternel a quitté Bancoumana, vers 1886 pour s’installer à Kouroussa, c’était au début de la pénétration française. Sa première fille a donné naissance à Saran Camara la mère du Président Alpha Condé en 1920. C’est à ce titre qu’Alpha Condé a beaucoup fréquenté ses oncles de Bancoumana et il était aussi très fréquent à Bamako.
Avant, et même pendant qu’il est président de la République de Guinée, ses émissaires sont maintes fois venus à Bancoumana, dans le but de chercher les bénédictions de ses oncles lors des différentes élections auxquelles il a participé. L’élection d’octobre 2015 n’a pas fait exception à la règle, selon certains ressortissants de Bancoumana.

Comme si cela ne suffisait pas, plus d’un millier de ses parents ont été recensés par le Consulat de la Guinée à Bamako en vue de l’élection présidentielle. Ceux-ci confirment même que deux bureaux de vote ont été installés à Bancoumana et à Kangaba pour permettre à ces populations de voter pour leur beau-fils de président. Ces mêmes sources révèlent également que des milliers de maliens riverains de la frontière guinéenne ont été enrôlés avec des cartes consulaires Guinéennes pour voter Alpha Condé. Il s’agit des cercles de Kangaba et de Kati.
Les mêmes sources précisent que plusieurs villages frontaliers de la Guinée ont voté avec des cartes consulaires guinéennes.
Donc, nous ne sommes pas surpris de constater qu’il il y a des individus qui s’adonnent à la confection de fausses cartes consulaires à Bamako pour les besoins de la cause.
Chose surprenante dans cette affaire lorsque le Journal CARREFOUR a eu l’information sur le vote des populations maliennes frontalières de la Guinée, et qu’il a entrepris des démarches auprès de l’ambassade de la Guinée au Mali pour en savoir plus, il a été froidement reçu par l’Ambassadeur en personne. Et immédiatement, il a dépêché des missions à Bancoumana et Kangaba, pour mettre en garde les populations contre toute diffusion d’informations relatives au vote des Maliens. Malgré cela les populations et les organisateurs du vote ont continué à parler.

IBK était-il au courant du vote des Maliens résidant à la frontière Guinéenne ? Alpha Condé a tort de réviser la constitution à quelques mois de son départ de la présidence. Il aurait en toute logique préparé son successeur dans son camp pour les besoins de la cause. Nous concluons qu’il a raté sa sortie. La majorité des Guinéens ne se laissera pas faire même au prix d’une insurrection meurtrière. En ce moment, il aura entrainé par sa témérité le pays dans une guerre fratricide.
IBK devrait convaincre son frère de sortir par la grande porte de la démocratie, plutôt que de s’accrocher au pouvoir. La leçon que nous retenons de cette affaire politique est qu’il faut savoir quitter la table des convives politiques à temps. Cela vaut mieux que d’attendre que la table se renverse .

 

Siramakan Keita

Le Carréfour