Selon des informations concordantes, l’ancien Président de la République Alpha Oumar Konaré, AOK, serait à la base de la décrispation de la délétère  situation politique au Mali. Comme une sorte de repentance, M. Konaré, après plus de dix ans de silence assourdissant, a fini par se résoudre à descendre sur l’arène politique pour apporter sa contribution à la résolution de la crise multidimensionnelle que connait le Mali depuis plus de sept ans. Réussira-t-il à réconcilier les Maliens avec eux-mêmes ? Acceptera-t-il enfin de jouer un rôle majeur sur la scène politique malienne ?

Ils sont nombreux, les maliens qui disent ne pas comprendre le silence de celui qui fut le premier Président de la République, après l’avènement de la démocratie multipartiste. Alpha Oumar Konaré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a géré le Mali  pendant dix ans, non sans peine, mais avec doigté et intelligence. Passant le témoin au Général à la retraite Amadou Toumani Touré dit ATT, AOK avait fait le choix de ne pas se mêler de la gestion du pays pendant plus de dix ans. Cette attitude a été diversement interprétée par ses concitoyens. Si certains l’approuvent, d’autres la condamnent, parlant même d’ingratitude vis-à-vis du peuple malien qui lui a donné sa renommée et son aura. Les correspondances, à lui adressées par certains cadres et militants de son parti, l’ADEMA,  pour qu’il intervienne dans les différentes crises, n’ont  fait fléchir AOK pour qu’il descende sur le terrain politique. De même, les articles, souvent virulents, de certains journaux condamnant son silence assourdissant, encore moins les différentes tentatives de ses successeurs ATT et IBK,  sollicitant  son expertise et son expérience, ne lui ont pas fait bouger d’un iota.

Aujourd’hui, c’est chose faite. Il semble même déterminer à ne plus se taire et à apporter sa petite pierre à la construction de l’édifice commun qui est fissuré par des dissensions politiciennes. L’ironie de l’histoire, AOK est le mentor des principaux acteurs  politiques qui s’opposent, à savoir IBK et SoumailaCissé. Le premier fut  son Premier ministre pendant plus de six ans et le second son ministre des Finances pour la même durée. Bien qu’il se soit séparé d’eux de la plus mauvaise des manières, AOK reste leur mentor, et en  fin stratège politique doublé d’une intelligence, la réconciliation de ces deux protagonistes ne serait nullement pas de la mer à boire pour lui. C’est pourquoi, il s’est fortement impliqué pour rapprocher les deux hommes. Selon nos sources, tout est parti de la rencontre, hors caméra, entre AOK et IBK en marge du 32ième Sommet de l’Union Africaine dans la capitale éthiopienne. Après avoir aplani leurs divergences, les deux hommes auraient  décidé de se donner la main pour sortir le Mali de la crise multidimensionnelle. La suite est connue. IBK à son retour d’Addis-Abeba a entamé des démarches d’apaisement,  en appelant son cadet et principal opposant SoumailaCissé, avant de le rencontrer à deux reprises pour parler du Mali et ses difficultés. SoumailaCissé, à son tour, a rencontré les anciens chefs d’Etat ; de Moussa Traoré à Alpha Oumar Konaré en passant par Dioncounda Traoré. C’est au téléphone qu’il a échangé avec ATT.

Le train de la réconciliation et de la décrispation a décollé de la gare de Kayes. Il est en marche, direction Bamako, avec à son bord les premiers occupants que sont les deux grands leaders politiques, IBK et SoumailaCissé, avec comme pilote Alpha Oumar Konaré.  Tous les acteurs politiques semblent être dans des bonnes dispositions à l’emprunter, chacun, selon  sa gare de préférence.

En définitive, l’apaisement du  climat politique est à mettre à l’actif d’Alpha Oumar Konaré. A la question de savoir s’il réussira  à réconcilier les Maliens avec eux-mêmes, la réponse est oui ; pourvu qu’il ne se retire  de la scène politique sous aucun  prétexte.

Youssouf Sissoko

Source: Infosept